Réputée à tort ou à raison comme le talon d’Achille de notre démocratie, notre justice est encore loin de combler toutes les attentes, malgré des actes louables posés ça et là ces dernières années. Elle a encore en son sein des brebis galeuses qui constituent l’une des principales gangrènes du système judiciaire.
rn
rnAvant sa nomination à la tête du département de la Justice, Me Fanta Sylla a l’habitude de décrire notre justice en ces termes : « la justice malienne est indépendante de tout, sauf de l’argent sale ». La célèbre expression avait fait d’elle une courageuse combattante de la corruption au Mali. Si à cause de cette dénonciation, certains avaient estimé que Me Sylla avait prêté le flanc à des professionnels du droit, d’autres pensent qu’elle est pour beaucoup dans sa nomination au département de la Justice.
Le justiciable lambda croyait en son temps que c’était donc la fin de la récréation pour ces nombreux magistrats corrompus. Mais très vite, il s’est rendu compte que ce n’était qu’un mirage. Et pour cause. En dépit des moyens colossaux déployés par l’Etat avec le concours des partenaires techniques et financiers, notre justice peine à redorer son blason : les procédures judiciaires jugées lentes ont continué de l’être ; les rapports de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) continuent d’être acerbes contre notre pays ; les maisons carcérales continuent d’être bondées. Ce n’est pas tout. Des personnes sont maintenues en détention préventive pendant que le délai légal du mandat de dépôt est expiré. Ce qui fait d’elles des personnes en « détention préventive illimitée » ou de « détention illégale et arbitraire ».
Avec peu de résultats à son actif, la célèbre avocate sera remplacée par Maharafa Traoré, réputé pour sa rigueur dans le travail. En dépit des nouvelles orientations qu’il a données à la justice malienne, il est encore loin de venir à bout de certaines pratiques qui n’honorent point notre démocratie et qui font malheureusement loi dans nombre de nos juridictions, surtout de l’intérieur : la corruption. Ce qui fait que pour paraphraser le président de la République, Amadou Toumani Touré, « la justice malienne reste au service des plus nantis et les pauvres continuent d’être les victimes du système », à l’occasion de la rentrée judiciaire de 2008.
Somme toute, même si le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Marafa Traoré peut se targuer d’avoir posé des actes louables, il reste entendu que des mauvaises pratiques dans la justice persistent de plus bel dans des juridictions du pays, surtout celles de l’intérieur où des juges de paix à compétence étendue règnent en « demi dieux » par abus de la méconnaissance des textes par les justiciables.
rnAbdoul Karim Maïga
rn
“