Après deux jours de mobilisation de la population de Lassa tout entière pour protester contre l’isolement des cas suspects d’Ebola dans les environs de leur quartier, le ministre de la Santé était obligé de revoir sa copie. Finalement, c’est le vendredi dernier aux environs de 21 heures que les malades encombrants, à bord de quatre ambulances ont quitté Lassa sous escorte de la population elle-même. Le convoi qui se déplaçait au pas de caméléon, car l’un des véhicules était complètement endommagé a été accompagné par les jeunes au GMS.
C’est un grand ouf de soulagement que les populations de Lassa ont poussé après avoir obtenu le départ de ce site d’isolement des cas suspects de l’épidémie du virus Ebola. En effet, le ministère de la Santé avait installé sur la colline à l’ouest de Lassa vers Kati, un site d’isolement des trois malades suspectés de contamination du virus d’Ebola. C’était le mardi 1er avril dernier. Ce qui a provoqué la colère de la population locale qui dès le jeudi avait manifesté pour exprimer son opposition à ce projet maladroit dans la mesure où il expose la vie des paisibles populations.
Les échauffourées avec la police avaient fait huit blessés, dont deux cas graves. Aujourd’hui, l’état de santé de ces personnes s’améliore. A la suite de cette tension, des concertations avaient été engagées entre les émissaires de la chefferie traditionnelle et les autorités du district qui avaient promis de faire déguerpir le site le plus rapidement possible. Curieusement, le vendredi après-midi, alors que les jeunes piaffaient d’impatience pour cette opération de déménagement, une ambulance avec à son bord deux nouveaux malades arriva. Ce qui mettra le feu aux poudres. Ce véhicule sera attaqué par des manifestants qui y voyaient un nouvel acte de provocation. La tension monta davantage, malgré l’arrivée sur place d’une brigade de la gendarmerie, qui contrairement à la police, n’est pas entrée en confrontation avec les protestataires.
Face à la détermination de la population, les services de la santé ont été contraints de faire partir les malades à bord de quatre ambulances qui ont été escortées de Lassa au GMS où jusqu’à hier encore, l’une des quatre ambulances, complètement endommagée était à la porte du groupement mobile de sécurité. Il faut ajouter que les manifestions ont dégénéré et certains n’ont pas hésité à saccager le domicile du maire Baba Coulibaly et incendier son véhicule. On lui reproche sa complicité dans cette affaire, car pour la population, lui-même médecin de son état, ne devait en aucune manière adhérer à ce projet suicidaire. On lui reproche aussi son mépris à l’égard de la population. Ce qui est regrettable à Lassa, un quartier qui fait partie des premiers de la capitale et où les populations ont toujours vécu en harmonie.
La colère de la population s’explique aussi par le fait que depuis l’implantation de ce site d’isolement, les mauvaises interprétations ont circulé à travers Bamako faisant croire que ces cas ont été détectés à Lassa, alors que les malades ont été acheminés sur place par le ministère de la Santé. Conséquence : les ressortissants de ce quartier étaient indexés et même craints à travers toute la ville. Certaines femmes issues de ce quartier qui vivaient de la vente des fruits et des légumes ont passé, des journées sans écouler le moindre produit qui était suspecté de transmettre le virus d’Eloba.
En tout cas, cette affaire prouve une fois de plus le manque de responsabilité des autorités maliennes qui contrairement à celles d’autres pays, n’ont pas eu le courage de fermer la frontière avec la Guinée. Pire, au lieu d’isoler les malades vers la frontière, le ministre de la Santé, Ousmane Koné prend le risque de les amener à Bamako. Certains n’ont pas hésité de voir en cette attitude une volonté de faire de cette maladie un fonds de commerce, comme c’est le cas, malheureusement, avec le sida. Ce qui n’est pas complètement faux lorsqu’on sait que les malades suspects ont été pris en charge avec l’appui de l’UNICEF. Pour le moment, les résultats des analyses des prélèvements sur ces malades se font désirer.
Youssouf CAMARA
Très louche que les résultats n’aient pas encore été transmis … Rétention de mauvaise nouvelle ???
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