En visite dans notre pays depuis une semaine, le directeur du programme international de Water Aid M. Girish Menon, entre deux réunions, nous a accordé une interview pour faire le bilan de son séjour malien. Dans cet entretien, il parle de l’eau et de l’assainissement au Mali, des interventions de son organisation, les défis du secteur, les perspectives, mais aussi de certains engagements individuels qui changent des vies. Suivez le regard de M. Girish qui suit l’évolution du secteur eau et assainissement au Mali depuis des années. C’est donc un œil étranger connaisseur qui commente la situation du secteur. Lisez !
LE ZENITH : Quel bilan faites-vous de cette visite au Mali ?
GIRISH MENON : Merci de me donner l’opportunité de faire le bilan de mon séjour au Mali dans votre journal. Il faut dire que j’étais au Mali il ya de cela 7 ans. Je dois vous dire que je suis heureux de retrouver le Mali après cette crise que le pays a connue. J’ai été heureux de constater qu’il ya des évolutions positives mais aussi des défis de taille. Mais pour ce qui concerne l’équipe de Water Aid Mali, nous nous attelons aux différents défis en travaillant en étroite collaboration avec le gouvernement à travers les municipalités au niveau local.
LE ZENITH : Vous avez été sur le terrain, quelles sont les difficultés et les avancées que vous avez notées ?
GIRISH MENON : Effectivement nous avons fait des visites de terrain. Une étape de ces visites de terrain nous a conduits a Kati dans un groupe scolaire où nous avons vraiment été impressionnés par le comportement des élèves dans le cadre de leur organisation en club d’hygiène. Nous avons été impressionnés par le fait que dans ces clubs, ce sont les enfants qui sont à la tête de cette initiative, en s’organisant pour sensibiliser leurs parents et les autres camarades. Nous avons aussi été impressionnés par le fait que dans ce groupe scolaire, les municipalités travaillent la main dans la main avec les enseignants et les parents d’élèves. En tout cas, ce changement de comportement que nous avons noté auprès de tous ces acteurs de l’école nous réconforte. Nous sommes aussi allés à Tioribougou dans un village de la localité de Kolokani. Là nous avons été impressionnés par le leadership d’une dame du nom de Halima. En fait, elle est à la base de l’initiative de l’introduction du programme d’assainissement, d’accès à l’eau potable et de construction des latrines dans son village, suite à une sollicitation insistante de la collectivité. Nous avons aussi noté dans ce village d’importants changements de comportements. Grace au courage de cette femme, les 360 habitants de ce village ont accès aux services essentiels de base à savoir l’eau potable, l’assainissement et des latrines.
Pour ce qui est des défis, nous avons compris à la suite de cette visite qu’il ya un problème de couverture. Ainsi des discussions nous retenons que seulement 64% des populations au niveau national ont accès à l’eau potable contre seulement 22% pour l’assainissement toujours au niveau national. Vous comprenez que ces taux sont très faibles et méritent d’être améliorés. L’autre problème majeur qui est aussi ressorti à la suite de la discussion est la question du financement qui doit être revu à la hausse par l’ensemble des acteurs pour améliorer les prestations. Le manque de capacité est aussi un problème important que nous avons aussi remarqué, il est important d’améliorer les capacités techniques à travers les infrastructures mais aussi les capacités humaines, c’est-à-dire les compétences qui sont aussi importantes. Après cela, il y a la coordination qu’il faut améliorer aussi bien au niveau national, local et régional. Il est donc nécessaire de coordonner toutes les actions pour que les différentes parties prenantes puissent travailler la main dans la main pour l’atteinte des objectifs.
LE ZENITH BALE : Dans votre réponse précédente vous l’avez un peu abordé, l’eau est en nette avance sur l’assainissement, est-ce que dans les jours à venir on peut s’attendre à une prise en charge plus conséquente de l’assainissement ?
M GIRISH MENON : Vous avez vraiment raison de dire que l’accès en eau potable est en avance net sur l’assainissement, c’est pourquoi nous envisageons de mettre d’avantage de moyens dans l’assainissement dans nos prochaines actions à travers le renforcement des capacités et l’octroi de ressources plus importantes pour le secteur de l’assainissement. Cette nouvelle dynamique va se faire avec l’ensemble de nos partenaires : le gouvernement, les communautés, les municipalités et tous les autres acteurs…
Toujours par rapport à l’eau potable, vous êtes certainement au courant du problème du stress hydrique qui pose des difficultés dans certaines régions du Mali. Nous allons aussi travailler avec nos partenaires pour renforcer la durabilité des projets existants tout en agissant plus fortement que d’habitude sur le composant assainissement.
Entretien réalisé par Youba KONATE