«Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer.» (Mamadou Konaté).
Depuis maintenant quelques années, la question du retrait des troupes étrangères du Mali se pose avec acuité. Aujourd’hui, le monde entier se rend compte que la présence de l’armée française au Mali n’avait pas et ne peut avoir pour bien fondé la nécessité de défendre la cause de la paix, encore moins l’intégrité du territoire national du Mali.
Bien d’analystes avaient dit et redit que le gage de la France coloniale était de faire de Tessalit sa forteresse militaire pour faire des pays du Sahel, des pays à sa dévotion. Ce projet affairiste et colonialiste de la France ne date pas de 2013. La délimitation des frontières de l’Azawad n’est pas étrangère à ce macabre projet de balkaniser à nouveau le territoire national du Mali. Mais pour quelles fins ? Nul doute que la France veut exploiter les richesses des régions du Sahel, notamment le sous-sol.
En trois (03) ans d’occupation de la région de Kidal, les Maliens ne savent pas ce que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et son parrain français y font. La seule certitude à ce jour, c’est que l’Etat malien ne sait rien de ce qui se passe là-bas à Kidal dans cette portion de notre territoire, s’il ne le cache pas à notre peuple travailleur !
Pendant que les soldats de l’armée française peuvent aller là où ils veulent dans la région de Kidal, l’armée malienne n’a pas le droit de franchir ce que les Français ont établi comme ligne rouge entre Kidal et le reste du Mali. Il n’y a aucune loi du droit international qui autorise la France à tracer une ligne rouge dans notre pays. La cause est donc entendue : le retour de la France sur notre sol a été préparé de longue date avec les Maliens sans scrupules, prêts à vendre notre territoire au diable.
L’on rappelle que lorsque notre armée a voulu récupérer au port de Conakry les armes que le Mali a payées, la France a dû opposer une fin de non recevoir. Nos soldats envoyés par le commandement militaire sont revenus bredouilles à Bamako. L’argument justifiant le refus de remettre nos armes à nos soldats, c’était qu’elles tomberont dans les mains des putschistes contre la souveraineté de notre pays. Chaque jour que Dieu fait, les Maliens se rendent à l’évidence que la présence française sur notre sol ne peut être justifiée par la nécessité de venir à notre secours et pour causes:
– D’abord, la rébellion au Mali a été forgée de toutes pièces par le soutien à peine voilé de la France à ses amis du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) (la CMA aujourd’hui). Aucune déclaration des autorités françaises depuis la chute de Moussa Traoré au sujet de la rébellion touareg n’est anodine.
– Le non respect du désarment et de la démobilisation des combattants touaregs sur les sites indiqués est une preuve parlante de la complicité de la France dans cette affaire.
– Le centre de gravité des attaques contre nos forces de défense et de sécurité s’est déplacé du Nord au Centre de notre pays. Certainement pour que la France et ses protégés de la CMA opèrent à l’abri des regards et des indiscrets !
– Les manœuvres politiciennes voulant faire croire à l’opinion nationale et internationale que les Peuls et les Dogons se mènent la guerre, sont aujourd’hui démasquées. Elles visaient à faire croire au conflit ethnique entre des communautés qui vivaient en parfaite symbiose des siècles durant. L’objectif de ces manœuvres était et reste de pousser les regards à se tourner vers le centre de notre pays pour que s’organisent paisiblement les forces occultes dans le no man’s land malien.
– Aussi, pour que les armes françaises larguées en 2011 dans le désert libyen ne soient pas retournées contre la France coloniale. En tout cas, les attaques contre Charlie Hebdo ont constitué une chaude alerte à l’adresse des autorités françaises. Après avoir détruit la Libye, il fallait que la France crée et maintienne les fronts de guerres loin de ses frontières nationales.
– Le cri du président français pour que les autres pays d’Europe de l’Ouest s’impliquent fortement est révélateur des dessous de la guerre en Libye et contre le peuple travailleur du Mali.
– Bien d’indiscrétions attestent que la France pourrait «se retirer» du Mali si l’Europe ne revoit pas sa copie dans cette affaire. Il y a plutôt là un mensonge grossier et une malhonnêteté car, c’est plutôt le peuple malien qui exige de plus en plus le départ des troupes françaises de notre territoire. Nul doute que l’impérialisme français est un tigre en papier et que lorsque notre peuple se met débout, l’armée française ne peut lui résister, encore moins ses suppôts maliens de plus en plus démasqués et en mal de crédibilité à l’intérieur de nos frontières.
Notre père Mamadou Konaté avait coutume de dire qu’aucune force militaire ne peut arrêter un peuple qui décide de s’assumer. Il disait à qui voulait l’entendre: «Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer.» La cause de notre peuple est juste et légitime. C’est pourquoi il exige le retrait de l’armée française de la terre de nos ancêtres, la terre libre du Mali.
Les politiciens sangsues de notre peuple doivent savoir qu’il n’y a pas de force supérieure à celle des peuples et qu’en toute chose il faut considérer la fin. Les mensonges politiques ont leurs limites objectives dans le temps et dans l’espace. Il y a encore au Mali, des femmes et des hommes qui continuent à solliciter la présence de l’armée française dans notre pays. Ils doivent faire une lecture intelligente et patriotique du cours des événements.
Aussi, faut-il qu’ils lisent bien dans le sentiment antifrançais qui se développe chez nous à la lumière du comportement de l’armée française peu honorable dans la guerre asymétrique qu’on nous impose chez nous. La France et ses valets maliens doivent à présent comprendre que le peuple malien ne cautionne nullement le néocolonialisme français au Mali.
Louis Auguste Martin disait: «Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude; c’est le plus souvent le couvre-feu d’une révolte à venir.»
Une fois encore, la France fait partie du problème malien. Elle ne peut aider à le résoudre. C’est là une vérité qui n’est pas celle que ses valets défendent ici au Mali dans la langue de Molière comme s’il y a en France une école de vérité. L’armée française doit évacuer le Mali ! Il n’y a que la seule solution viable pour notre peuple et ses fils engagés au front.
Les guerres du Viet Nam, de Dien Bien Phu, d’Algérie témoignent à suffisance que les peuples sont plus puissants que toutes les armées sionistes réunies. Fily Dabo Sissoko avait coutume de dire: «Aucun État, si puissant soit-il, n’a le droit d’en subjuguer un autre, quelles que soient ses intentions, il en résulte que tout peuple asservi à le devoir de secouer son joug.».
Le joug colonial français, cette sale aide française, notre peuple en est désormais conscient. Le langage ‘’diplomatiste’’ n’engage que ceux qui croient toujours en l’engagement de l’armée française aux côtés de notre armée nationale. Seuls les marchands d’illusions peuvent continuer à compter sur la bonne volonté de l’épervier de travailler pour la paix de la basse cour.
En tout point de vue (économique, politique et culturel), la France vit de ses anciennes colonies. Elle ne peut servir la cause de la paix dans notre pays. Elle doit évacuer notre territoire ! Cela est un impératif catégorique car elle ne peut nous aider à nous passer de l’aide dans cette affaire. Au contraire, l’aide française ensanglante notre territoire. Aucune déclaration des autorités françaises et de leurs représentants nationaux ne peut convaincre les Maliens sur les intentions françaises chez nous.
Notre peuple a déjà appris à comprendre la politique spoliatrice de la France. Lénine avait averti: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou de telles classes.»
Ceux qui, des Maliens choisissent l’aide française au Mali ont opté pour l’injustice aux dépens de notre peuple travailleur. La moindre enquête d’opinion le prouve à suffisance. Pour ainsi dire, il n’y a pas de faiseur de vérité au monde, encore moins d’école de vérité. La France doit évacuer le Mali. C’est en cela que réside la solution à l’imbroglio sécuritaire dans notre pays.
Fodé KEITA