Humeur de Facoh : La longue route de Kidal

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Le Mali démocratique aura mis 11 ans (2012-2023) pour récupérer sa province perdue de Kidal lors de la chute d’ATT en 2012. On se souvient que dans un désarroi quasi-cornélien, le président de la Transition politique de cette  époque, Pr. Dioncounda Traoré, avait fait appel au président français socialiste d’alors François Hollande pour l’aider à se débarrasser des terroristes et des narcoterroristes qui avaient envahi son pays.

Celui-ci avait obtempéré et libéré en quelques jours les villes de Tombouctou et de Gao avec l’aide de l’armée malienne, mais quand celle-ci voulut foncer sur Kidal pour parachever l’œuvre de libération, Hollande la lui interdit pour une raison que jusqu’à ce jour le peuple malien ne comprit pas.

La ville de Kidal resta ainsi par la seule volonté de la France en dehors du contrôle de l’Etat malien et l’occasion faisant le larron, les chefs touaregs de la région en firent un haut lieu de trafic de drogue et d’armes attirant tous les criminels du monde. Le président IBK élu en 2013 sur la promesse de rapatrier au plus vite la cité interdite, se montra incapable de faire le moindre geste en faveur de la libération de ce territoire.

Pis, il se vit interdire son entrée ainsi qu’à ses fonctionnaires à condition de payer une somme effarante et de déterminer l’objet et la durée du séjour. Pendant ce temps, à la grande honte des Maliens, les cadres touaregs regroupés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) proclamèrent l’indépendance de l’Etat artificiel de l’Azawad avec des fonctionnaires émargeant au budget de l’Etat malien comme gouverneurs, ministres ou députés.

Cette situation de plus de guerre que de paix vexa au maximum le Premier ministre Moussa Mara qui décida en 2014 de foncer sur Kidal et de la reprendre par la force. Il faut dire que le Premier ministre emporté par ses visées politiques et aussi par la fougue juvénile, n’avait pas mesuré tous les dangers de son déplacement.

Sa folle équipée dans l’Adrar des Ifoghas ne fut qu’une partie de boucherie avec l’arrivée de l’aviation militaire française qui massacra les 3 quarts du contingent militaire malien. Un accord pour la paix et la réconciliation fut signé à Alger en 2015 avec les rebelles touaregs mais ceux-ci soutenus par la France ne firent aucun effort pour son application.

Le Dr. Boubou Cissé (quel docteur ?) nommé Premier ministre à la place de Moussa Mara, s’occupa plus de ses affaires personnelles que de la crise de Kidal. La chute d’IBK en août  2020, chassé du pouvoir par le CNSP, sembla ouvrir des horizons nouveaux mais le choix de Bah N’Daw comme président de la Transition et de Moctar Ouane comme Premier ministre, tous deux connus pour être des farouches partisans de la France, compliqua dangereusement la situation au point d’obliger Assimi Goïta, l’auteur du putsch contre IBK, d’intervenir militairement pour reprendre en main le contrôle du contexte.

Choguel Kokalla Maïga, alors président du M5-RFP, la coalition qui avait fait tomber IBK, fut alors choisi comme chef du gouvernement au grand déplaisir des formations politiques qui voyaient en lui un suppôt de l’UDPM, ce que lui-même ne cachait pas. De guéguerre en tiraillement, Choguel se maintint au pouvoir avec le soutien des colonels de la Transition.

Il eut le mérite de faire de la reconquête de Kidal l’objectif majeur de sa politique intérieure et travailla étroitement avec les Russes de la compagnie Wagner qu’il connaissait bien. Les aboiements des Occidentaux qui hurlaient sur le toit du monde qu’il recrutait des mercenaires russes pour décimer le peuple touareg ne firent sur lui aucun effet.

Et toute cette persévérance, cette préparation laborieuse alors que la CMA dansait et mangeait du méchoui à la santé d’un Azawad imaginaire aboutit à ce 14 novembre historique, jour non de la renaissance du Mali mais celui de sa seconde naissance.

Facoh Donki Diarra

Ecrivain

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