Sous l’orage en1957, Les Dirigeants africains face à leurs peuples en 1965, Le Sang des masques en 1976, Noces sacrées en 1977, La Saison des pièges en 2007. Voilà des ouvrages que l’écrivain Seydou Badian Kouyaté laisse déjà au peuple malien et même du continent africain. Devons-nous parler de Seydou Badian Kouyaté, l’écrivain ?
Ce sont plusieurs générations de Maliens, voire d’Africains qui ont eu à se désaltérer, jusqu’à « rendre », à la source de vos nombreux ouvrages. Il écrit les paroles de l’hymne national du Mali, « A ton appel Mali ». En un mot, un baobab de l’histoire. N’est-il pas temps de porter un regard sur cet homme d’une célébrité remarquable ? Pourquoi le troisième âge chez nous est synonyme d’abandon total ? Le ridicule est que nous attendons allègrement le dernier jour de cet homme pour porter des éloges ou pour le décoré.
C’est ce que nous avons trouvé de mieux pour commencer cet hommage à Seydou Badian Kouyaté. Il est au bonheur de ses 83 bougies. Oui, nous savons compter jusqu’à 83. Sur les chemins de la vie, c’est par la borne repère portant ce chiffre que vous signalez votre entrée dans le cercle restreint des octogénaires d’ici et d’ailleurs. Nous savons compter au-delà de 83. Et vous, Seydou Badian Kouyaté, vous êtes et vous restez un intellectuel fondamental de belle lignée que rien n’a pu corrompre. Ni les honneurs, ni l’argent comme il est de coutume chez nous. La jeunesse doit savoir qu’après des études de médecine à l’université de Montpellier en France, il rentre au Mali. Proche du premier président Modibo Keïta, il est nommé ministre de la Coordination économique et financière et du Plan le 17 septembre 19621. Lors du coup d’État de Moussa Traoré en 1968, il est déporté à Kidal puis s’exile à Dakar au Sénégal. Militant de la première heure de l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain, il en avait été exclu en 1998 pour s’être opposé à une partie de la direction qui prônait la non-reconnaissance des institutions lors des élections contestées. Voilà l’image d’un homme qui à travers ses ouvrages à bon nombre de cadres du pays de se hisser au sommet. N’est-il pas temps d’ériger des édifices au nom d’un icône de l’histoire du Mali ? Ta référence te suit. La mort est inévitable. Même dans l’au-delà un jour, nous ne cesserons jamais de parler de toi à travers tes œuvres. Seydou Badian Kouyaté, restez cependant pour nous, le veilleur, le vigile à la proue du navire, cette lumière vive dans la nuit de nos doutes, cette couleur de vérité par-dessus la forêt des menteries ambiants, cette source intarissable de spiritualité, dans un monde qui se déglingue sous l’assaut des contre-valeurs. Vous avez planté partout des arbres de vie. Ils vous survivront. C’est ainsi notre journal a voulu rendre hommage à un homme qui s’est illustré pour son pays et son continent.
Destin GNIMADI