Grands dossiers – Radié de la liste de l’ONU des firmes «fiables», Waymark est accusé d’avoir favorisé la fraude électorale en Afrique

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Telles sont les révélations de l’enquête approfondie que Guinéenews© a menée concernant cette société – sud africaine créée en 2003 dans le cadre du «Black Empowerment». Ce programme post “apartheid” qui a pour objectif de créer une classe entrepreneuriale noire en Afrique du Sud. Cette enquête a révélé que presque partout où Waymark a offert son «expertise», de sérieuses allégations de fraudes électorales, doublures, fictifs et chaos post électoral s’en sont suivis. Waymark Infotech est la société que la firme guinéenne Sabari Technologie a contractée par la direction de la CENI  pour les législatives a sous contracté pour la révision du fichier électoral guinéen. L’Opposition veut qu’un autre opérateur soit choisi par appel d’offre ouvert.

En 2005, c’est en Tanzanie que Waymark  a été sélectionné pour mettre en place un Fichier Electoral Permanent des Votants pour le scrutin de l’île de Zanzibar. Suites aux violences entre pouvoir et opposition, en 2000 la Zanzibar Eclectoral Commission (ZEC) – la CENI tanzanienne – avait été chargée de « mettre à jour » le fichier électoral permanent de la Tanzanie et de Zanzibar. Mais la CENI locale s’en alla signer un contrat en catimini – selon plusieurs sources – avec Waymark pour favoriser selon les critiques une fraude à grande échelle. Après plusieurs accusations et contre accusations de fraudes et de violences électorales, le ministre gouverneur de l’île, Ali Juma Shamuhuna annula tout simplement le processus de « révision » du fichier entrepris par Waymark – similaire à celui qui est prévu en Guineé présentement. La raison étant selon le gouvernement de Zanzibar, que Waymark Infotech aurait obtenu illégallement le contrat avec la CENI locale.

Au Bénin en avril 2008, Waymark sera retenu pour l’enregistrement de 4 millions de Béninois devant élire 1.435 conseillers communaux et municipaux, ainsi que des conseillers de village et de quartier dans les 77 communes du Bénin. Le résultat fut marré de contestations violentes et de fraudes sur la liste électorale avec des critiques sévères sur la fiabilité du système Waymark et son acquisition par la CENI béninoise.

Plus récemment au Cameroun, Waymark soumissionera en 2012 mais a été immédiatement dénoncé par certains camerounais comme étant un écran d’un certain Georges Sao Tetsop qui serait le directeur général de l’entreprise qui a informatisé le précédent fichier électoral camerounais. Fichier qui fut marré par des allégations, d’incompétences et des problèmes techniques graves : doublons, production des listes à temps etc. « Il ne peut s’agir que d’un trucage orchestré par le personnel technique d’ELECAM (la CENI camerounaise) avec la bénédiction du DG ELECAM pour reconduire l’ancienne société WEC qui appartient à des copains », accusaient des citoyens parlant de Waymark dans les sites Internet camerounais. C’est finalement, une firme allemande qui s’adjugera du contrat dans lequel, il y avait des soumissionnaires canadiens, francais, camerounais et Waymark.

En Afrique du Sud même, Waymark Infotech a été accusé d’avoir manqué à l’éthique et soupconné de corruption en se faisant tout récemment octroyer un contrat de services informatiques du Bureau d’Enregistrement des Sociétés et de la Propriété Intellectuelle d’Afrique du Sud. Ceci après avoir fait l’évaluation du service fourni par la compagnie précédente ValorIT et écrit les termes du nouvel appel d’offres. Un apparent conflit d’intérêt, accusent les organisations de la société civile sud africaine. Waymark a aussi été cité dans des affaires de collusions commerciales dans les appels d’offres des services de police avec les compagnies sud africaines Bula, CEOS, Inkanyiso tout récemment en mai 2012.

Au Congo (Kinshassa), la réaction des politiciens de l’opposition a été plus sévère. Selon Benjamin Stanis Kalombo & Didier Nkingu de l’Association pour la Promotion de la Démocratie et du Développement de la République Démocratique du Congo (l’APRODEC asbl) qui est une association congolaise de droit belge qui a pour but principal de « défendre les intérêts et les droits de la République Démocratique du Congo, des citoyens et des personnes d’origine congolaise », la CENI congolaise fut contrainte à se justifier sur les raisons qui ont poussé le président de la CENI congolaise et son vice-président à conclure en octobre 2011  – soit quelques semaines avant les élections prévues le 28 novembre 2011 – un contrat de fourniture avec Waymark Infotech pour la livraison de deux serveurs centraux, 2.000 nouveaux kits biométriques d’enrôlement des électeurs pour un montant de 15 millions de dollars USD. Alors que la CENI congolaise disposait déjà de 18.250 kits biométriques fournis par la société francaise ZETES s.a. d’une valeur de 82.4 millions de dollars USD. D’ailleurs, au Congo, faisaient remarquer les opposants à la solution Waymark – comme en Guinée – le PNUD avait annoncé sa désapprobation par rapport de l’achat « inutile et onéreux » de ce matériel qui – selon les opposants – ont produit la « massive fraude électorale » qui a réélu Kabila fils.

La direction de la CENI congolaise n’a pu donner aucune explication convaincante. Waymark a donc été accusé de coopter la volonté de la CENI congolaise de « ne pas prendre en compte le nombre de vrais doublons ainsi que le nombre de doublons binaires – soit un total de 2.080.667 – résultants de l’opération de nettoyage du fichier électoral». Les élections au Congo n’ont pas été reconnues par les puissances occidentales à ce jour et même la Francophonie est sous pression à boycotter le prochain sommet qui devrait se tenir à Kinshassa pour protester contre la fraude électorale.

Malgré nos multiples efforts, la compagnie n’a repondu ni à nos appels, ni à nos emails demandant leur version des faits concernant le fameux contrat qui le lie avec Sabari Technologie pour la mise en place d’un fichier électoral fiable pour les élections législatives guinéennes. La seule certitude est qu’il existe beaucoup de zones d’ombre à propos de Waymark : La grande majorite des compagnies sud africaines possèdent un site web. Mais Waymark qui travaille dans le domaine IT a une page pas très fonctionnelle et parfois difficilement accessible.

Guinéenews a appelé le ministère du Commerce et de l’industrie d’Afrique du Sud en se faisant passer pour un client qui veut avoir des renseignements à propos de la compagnie Waymark Infotech. La femme au bout du fil nous a mis en attente environ 10 minutes avant de repondre : ” Sorry  I didn’t see anything about Waymark ! ” (Désolé, mais nous n’avons rien sur Waymark). Mais une personne contactée nous a affirmés que la compagnie a des bureau’un certain Indy, dirigeant de la compagnie se trouve présentement à Conakry.

Finalement votre quotidien Guinéenews© a découvert, que la firme Waymark Infotech a été exclue de la liste des Nations Unies de « fournisseurs fiables » au dessus de tout soupcons de corruption. En effet, les Nations Unies ont mis sur place un processus appelé Pacte Mondial qui est le cadre institutionnel mis en place par les Nations Unies en association avec le secteur privé. L’outil principal du Global Compact, la politique de divulgation et de la transparence. Les sociétés sont tenues de faire rapport sur 10 critères, y compris leur situation financière. En un mot le Global Compact encourage la bonne gouvernance en forcant les entreprises à respecter les principes universellement acceptés tels que les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption.

Après avoir été inscrit et pris l’engagement de respecter les principe de bon citoyen corporatif – notamment à ne jamais s’engager dans la corruption – Waymark Infotech a été radié de la liste du «Pacte Mondial» des Nations Unies en septembre 2008 pour avoir manqué de transparence dans la communication de ses activités à l’organe des Nations Unies.

Pour faire des affaires avec l’ONU, les entreprises doivent respecter les 10 points de Global compacts. Si une entreprise souscrit à la compacte et ne se respecte pas sur les critères, elle pourrait être exclue. Une information confirmée par le NBI, le répondant local des Nations Unies.

Les Nations Unies ont dépensé des millions de dollars pour la transition en Guinée qui devrait culminer par des élections législatives transparentes. Selon Africa Confidentiel, ce serait Mohamed Condé, le fils du président Alpha Condé qui a introduit la société Waymark en Guinée.

Enquête réalisée par Boubacar Caba Bah avec une contribution sur le terrain de Mohamed Diallo, correspondant en Afrique du Sud pour Guinéenews©. 

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