Si ce n’était pas à cause de la crise sécuritaire qui affecte plusieurs parties du pays, le Mali allait vivre sa première véritable élection présidentielle, démocratique et multipartite. Mieux que le ‘’tous pour un’’ de sous ATT et le ‘’tous contre un’’ de l’ère Alpha, cette quête de 2ème mandat d’IBK s’annonce sous des auspices de véritable lutte politique. En illustrent les empoignades courtoises de cette précampagne entre les différents protagonistes pour Koulouba 2018. Même si, force est de reconnaître, le pire a été évité de justesse. Cela à travers la marche non autorisée, réprimée et reprogrammée par l’opposition. Qui devant le recul du Gouvernement a sauvegardé le caractère pacifique de ce mouvement. Et du coup, l’exécutif a tait l’argumentaire faisant foi d’une situation d’état d’urgence.
Cette précampagne se joue sur les ondes, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les salons feutrés. Les alliances se font et se défont à la vitesse de la lumière. En attendant le retour de bâton des sages de la Cour Constitutionnelle, des prétendants déambulent, se vendent et s’attaquent. On assiste à une véritable recomposition du paysage politique malien. Des chats et des souris qui s’allient, des profils divergents qui pactisent et des contraires qui marchent ensemble bras dessous, bras dessus.
Même dégradée, l’image du chef de l’Etat reste la seule qui attire les attentions. Elle fait mieux l’opinion (positive que négative) par rapport à celle de ses deux probables challengers. Lesquels, comme lui, jouent leur dernière carte politique. Ce qui donne déjà une première évidence : le prochain président du Mali ne sera pas jeune.
D’ailleurs le seul jeune qui avait plus d’attraits d’un présidentiable, Moussa Mara, a abandonné la course avant même le début de la compétition. Alors qu’il était le seul, parmi tous les protagonistes, qui disposait d’un programme bien réfléchi. S’y ajoute le fait qu’il était l’unique candidat qui avait investit le terrain, dans le pays comme à l’extérieur. Il vient par son alignement à la cause de Cheick Modibo Diarra, créer la première surprise de cette élection présidentielle.
Quelle mouche l’a donc piqué pour agir ainsi ?
S’interrogent de nombreux observateurs, sans trouver de réponses satisfaisantes de la part de l’intéressé lui, même. Qui a fait une série d’interventions sur les médias pour justifier son forfait par respect d’une recommandation du dernier congrès de son parti.
Mais ce qui reste plausible c’est le fait que le jeune Mara aurait été conseillé par un ancien président de la République de sacrifier sur l’autel de la parenté ses ambitions nobles. Si cela s’avérait, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il vient d’enterrer à jamais sa jeune carrière politique et son parti avec. Cette formation politique qui avait embrassé le changement au point d’en prendre comme sceau, ne mérite pas un tel sort. Celui de livrer son combat de cinq ans à un aventurier politique, récemment vomit par ses poulains de l’ex junte de Kati en plein jouissance de son plein pouvoir de Premier ministre de la transition.
Au-delà du cas de Mara, il y’a lieu de se réjouir de l’élan électoraliste que le processus a pris. Une précampagne civilisée, surchauffée sur les réseaux sociaux et déballée sur le terrain où chaque formation s’engage à mobiliser ses militants au retrait des cartes d’électeur.
L’autre aspect qui donne de l’éclairage à cette période de précampagne, c’est bien les interventions des protagonistes, qui ont laissé de coté les propos alarmistes, les attaques personnelles et les incitations à la haine pour se consacrer aux priorités.
Espérons que la même dynamique soit maintenue pour faire vivre à notre pays une véritable fièvre électorale, sans incident ni crise électorale.
Moustapha Diawara