Goulou Moussa Traoré président de l’Union Malienne Raoul Follereau à propos du site de Kalabambougou : “Tous les documents officiels attestent que le titre nous appartient”

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“Les acquis de l’Union Malienne Raoul Follereau”, “le problème de la démolition des 309 maisons à Kalabambougou”, tels sont entre autres les sujets abordés par le président de l’Union Malienne Raoul Follereau (Umrf), M. Goulou Moussa Traoré, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé.

 

IBK-Goulou
Goulou Moussa Traoré (premier plan) avec IBK, président de la République

Nouvel Horizon : Pouvez-vous vous présentez au lectorat de Nouvel Horizon ?

            Goulou Moussa Traoré : Je suis Goulou Moussa Traoré, président de l’Union Malienne Raoul Follereau depuis 2000. Je suis né à Koronokoto dans le cercle de Kita en 1948.

 

Nouvel Horizon : En tant que président de l’Union Malienne Raoul Follereau quels sont les grands acquis de cette association?

            Goulou Moussa Traoré : Au plan médical, je crois que le Mali est l’un des pays qui a atteint le seuil d’élimination de la lèpre, selon les critères de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cet acquis est dû grace à l’effort conjugué de la Fondation Raoul Follereau, le gouvernement du Mali et surtout à l’efficacité des agents socio-sanitaires sur le terrain pour faire le dépistage. Il ya vingt ans, il y’avait plus de cinq mille malades. Mais aujourd’hui, je ne vais pas me hasarder sur les chiffres parce que je ne suis pas médecin, mais on a moins de cinq cent malades.

 

Selon nos informations, la zone de résistance est un peu due également à la raréfaction des financements. Donc aujourd’hui, la lèpre a beaucoup régressé. Mais malheureusement comme au début il n’y avait pas de médicaments très efficaces, les premières victimes de la lèpre ont gardé des séquelles. Donc aujourd’hui, il ya beaucoup de gens qui présentent des séquelles. Notre première mission a été de chercher à insérer ces grands invalides dans le circuit de production, en leur procurant des projets.

 

On a commencé par des projets individuels pour aller vers les projets collectifs. Ces projets collectifs ont un peu montré leur limite. C’est la raison pour laquelle ont fait maintenant des projets individuels. C’est ainsi qu’on a eu des projets à Bougouni, des projets à Sikasso, Ségou, Koulikoro et cinq projets à Bamako ici. Les régions de Kayes, Mopti, Gao, Tombouctou ont bénéficié d’un appui mais pas des projets proprement dits, mais un appui financier pour permettre de soulager un peu les populations. On a eu à faire aussi des distributions de céréales en faveur des malades.

 

Chaque année, comme vous savez, nous organisons la journée mondiale des lépreux, au cours de laquelle le président de l’Union Malienne Raoul Follereau en France se déplace et la cérémonie est présidée par le Chef de l’Etat lui-même. Et ça c’est un honneur pour nous, parce que nous sommes le seul pays au monde où le Président de la République préside personnellement la célébration de la journée mondiale des lépreux. De Modibo Kéita, notre père, à Moussa Traoré en passant par Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré. Et cette année Ibrahim Boubaacr Kéita a présidé les cérémonies et a remis 3 millions aux malades et aux agents de santé. Egalement nous avons pu avoir des parcelles à usage d’habitation dans le jardin potager et à peu près une centaine de parcelles pour nos malades.

Et présentement, comme vous le savez, il ya un grand bruit autour de kalabambougou, vous savez qu’on nous a donné 54 hectares sur un titre foncier. Nous avons morcelé et attribué ces parcelles à des gens. Les maires ont signé ce que nous appelons communément le permis, qu’on appelle aussi construction urbaine à usage d’habitation, mais malheureusement on n’a pas pu s’installer parce que les gens sans papiers, sans foi, ni loi se sont installés sur le site. Ils ne sont pas malades, ils n’ont aucun titre. Nous sommes dans cette situation.

 

Donc le bilan est positif, parce que pour la journée mondiale des lépreux nous appuyons à peu près mille malades. Nous payons des tissus confectionnés à l’effigie de Raoul Follereau à la Comatex depuis bientôt une dizaine d’années. Et également avec la générosité d’Orange Mali qui nous offre dix bœufs, le chef de l’Etat nous donne cinq boeufs donc ça fait quinze boeufs, il ya Baïkoro Traoré qui nous donne du céréale. Donc c’est une solidarité de l’Etat, parce que le Ministère de la Santé contribue, le Ministère du Développement Social contribue, les partenaires particuliers contribuent. C’est une grande fête nationale chaque année qui est appréciée.

 

En un mot, nous pouvons dire que nous avons un bilan plus ou moins bon, parce que quand nous venions ici à la présidence de l’Umrf, c’était difficile entre nous-mêmes: les malades ne se parlaient pas. Notre première mission a été d’asseoir l’entente et la cohésion ce qui est aujourd’hui chose faite. Il y avait deux associations, on a actuellement quaorze associations. L’Union est représentée dans toutes les régions du Mali.

 

Nouvel Horizon : A Kalabambougou, un problème foncier oppose les malades de le lèpre, les agents de santé à d’autres personnes. Que disez-vous à ce sujet ?

            Goulou Moussa Traoré : On nous a mis devant une situation qui n’est pas du tout difficile à resoudre, parce que nous sommes dans un État de droit, et également le cheval de bataille serait la justice sociale et c’est ce que les autorités disent. On ne peut pas comprendre que certaines autorités facilitent, encouragent l’installation sur les sites d’autrui. Malgré tout, nous avons des grosses de justice. Il y a eu un premier jugement du Tribunal de la Commune IV qui a été confirmé à la Cour d’Appel et l’exécution pose problème.

 

 

Moi, en tant que profane de la justice, je ne comprends pas ça, parce que dans notre entendement c’est l’huissier de justice qui applique les décisions de justice. Pour le commun des mortels, un terre avec un titre on ne peut pas s’installer comme ça sur ce terrain. Ça c’est inadmissible, intolérable et surtout que l’État a encaissé des fonds de paisibles citoyens pendant plus de six ans. Les fonds sont répartis entre la mairie et le Trésor. Les gens qui ont ces papiers, qu’on appelle le permis, comment voulez-vous les priver de s’installer sur les terrains au profit des gens qui n’ont aucun papier ? Si c’est ça aussi la justice qu’on nous dise ça. Nous pensons que nous sommes dans notre droit et nos titres nous appartiennent.

 

Tous les documents officiels, du Président de la République, des Ministères, des directeurs, des maires attestent que le titre nous appartient. Cela n’est pas contestable, personne ne peut nier ça. Et en face, nous avons des gens sans papiers, sans titre, aucun papier officiel qu’ils ne peuvent montrer et personne n’est parmi eux qui est malade de la lèpre. Comment vous pouvez comprendre ça ? Ils font croire que ce sont eux les victimes. Ça dépasse l’entendement, nous nous pensons que notre droit est que la terre nous appartient et nous allons user de tous les droits pour avoir nos terres. Je dis aux gens d’être mobilisés, mais d’être patients. On ne résout jamais quelque chose dans la violence. Tout ce qui est la violence, moi je ne m’engage pas. Les détenteurs de papiers, de permis, de notification qu’ils se rassurent que la terre leur appartient. Nous sommes propriétaires de ces terrains, donc ça peut durer mais ils auront leurs terrains, qu’ils se patientent.

 

Nouvel Horizon : Votre conclusion.

Goulou Moussa Traoré : D’abord c’eest de vous remercier pour le déplacement. Egalement formuler des voeux pour le Mali pour l’entente et la paix au nord. Je demande également la clémence du bon dieu pour qu’il nous gratifie d’une bonne pluviométrie et surtout une pluie qui peut servir positivement et nous permettre d’avoir de bonnes récoltes, nsuite dire aux malades que nous avons un combat, c’est le combat de l’amélioration des conditions de vie des malades. Le combat pour nous aujourd’hui c’est l’acquisition de nos parcelles. Donc on ne peut pas faire de distraction inutile. Donc une fois encore merci à vous même parce que la presse joue un grand rôle dans ce pays qui est aujourd’hui difficile, mais que je pense que conjoncturelle. Donc je pense que le Mali est un pays où les grands sages sont passés, il ya encore des sages qui continuent à faire des bénédictions. Je pense que le bon dieu nous entendra pour que la paix, l’entente règnent.

Propos recueillis par Mamoutou DIALLO

 

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