Frappe contre AQMI au Nord-ouest du Mali : Mystère sur les bavures de l’armée mauritanienne

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L’offensive conjointe menée par les deux armées mauritanienne et malienne contre une base d’AQMI dans la forêt de Ouagadou, n’a pas encore révélé tous ses secrets. Il ya bel et bien eu des bavures dont personne ne veut parler. Des populations civiles ont été purement et simplement écrabouillées lors des combats. C’est peut-être ce qui explique le silence de l’Etat major malien. Il reste magistralement muet sur les bavures commises par le camp mauritanien dont les chefs militaires se précipitent sous les projecteurs des médias après chaque journée de combat. Ridicule diversion qui cache mal la réalité et qui compromet l’avenir d’une coopération pourtant indispensable dans la lutte contre AQMI.

Au Ministère des Forces Armées et des Anciens Combattants, le silence est total et glacial. A la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée, le premier responsable est injoignable pour raison de santé. Pourtant, les informations les plus farfelues inondent les ondes de certaines radios d’audience mondiale. «L’armée mauritanienne donne l’assaut contre une base d’AQMI…» ; «L’armée malienne ne participe pas au combat…» ; «Il n’ya pas de bilan connu…». Dans toutes ces communications, aucune mention n’est faite sur le caractère conjoint de l’opération. Les populations maliennes, tourmentées par le tonnerre des armes lourdes, dans leur grande majorité pensent simplement qu’il s’agissait d’une intrusion militaire étrangère en territoire malien. Rien ne les convaincra du contraire désormais. Et pour cause.

Selon un témoignage d’un habitant de la zone de combats, des populations civiles ont été purement et simplement massacrées par des militaires qui s’exprimaient en langue arabe et maure. Notre source ignore le nombre de personnes tuées par les raids de l’armée mauritanienne.
Selon un élu local, certains bergers, à la quête de points d’eau pour leurs troupeaux, ont été surpris et pris entre les feux nourris des deux côtés. Plusieurs d’entre eux y ont laissé la vie.
De sources militaires, il y aurait même eu un sanglant accrochage entre militaires mauritaniens et maliens dont le bilan n’est pas encore connu.

Les dysfonctionnements dans les systèmes de communication de l’Etat-major conjoint menacent terriblement de compromettre l’efficacité d’une opération si précieuse, délicate et salutaire.
La précipitation avec laquelle, l’armée mauritanienne s’est glissée sous les projecteurs des medias, heurte remarquablement la susceptibilité de la partie malienne qui visiblement a une autre approche en communication de défense. «Nous ne voulons pas communiquer sur une opération en cours. Il faut attendre la fin des opérations pour faire un bilan global et informer la presse sur les objectifs, le mécanisme, le bilan. Pour nous, il était trop tôt de communiquer alors qu’on n’avait pas encore fait de débriefing à notre commandement», nous explique un officier malien sur le champ des opérations.
L’armée mauritanienne pratique le contraire et laisse volontairement planer des doutes sur la sincérité de sa coopération. Il y a donc un premier problème de coordination au niveau de la chaîne de commandement qui, à coup sûr, fragilisera le moral des hommes engagés sur le terrain. Il faudra que les deux parties se remettent à table, discutent mieux entre elles pour trouver les approches appropriées à une telle mission. Si l’on perd de vue la volatilité des éléments d’AQMI, on perdra sans aucun doute le sens du discernement entre population civile et combattants d’AQMI. Les combattants d’AQMI, n’ont pas d’accoutrement particulier et parle presque tous arabe ou maure. Elles n’ont aucune information sur la nature de l’opération ainsi déclenchée. Elle ne connaît pas non plus l’attitude à adopter face à la situation dans laquelle elle est plongée.

Que faut-il faire ? Là est tout le problème. Pour des raisons stratégiques, l’armée malienne évite d’ébruiter son mécanisme opérationnel. En conséquence, la rumeur et la délation continueront à pourrir l’atmosphère dans cette zone où les populations ne savent plus à quel saint se vouer. «Nous envisageons d’attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur le carnage dont nos parents ont été victime dans cette opération. Nous demandons l’ouverture d’une enquête et le dédommagement des populations victimes. Des familles dans cette localité ont perdu presque tout et principalement du bétail. C’est inadmissible !», nous confie un ressortissant de Nara. L’amertume est donc à son comble chez les ressortissants de cette localité pour une opération dont on ignore la durée.
Abdoulaye NIANGALY
 

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