Le Ramadan est l’un des mois les plus sacrés du calendrier musulman. Mais force est de constater que les consommateurs ressentent les effets de la spéculation sur les prix des denrées alimentaires. La flambée des prix, observée à chaque mois de ramadan, plonge le consommateur dans un climat d’inquiétude, voire de difficultés. Après une relative période de stabilité, les prix des produits de première nécessité connaissent une augmentation pendant cette période de ramadan devenu le mois de la vie chère. En effet, les commerçants voient, en ce mois, le moment opportun de faire le maximum de gains.
Des commerçants, en toute franchise, ont soutenu que ce mois a été l’occasion d’une réussite pour eux. Certains d’entre eux disent qu’ils travaillent mieux et plus, car, durant ce mois, les consommateurs paient tout. Selon notre enquête, des commerçants détaillants sont pris d’assaut par des citoyens qui, littéralement, vident leurs poches, chaque jour, avant la rupture du jeûne. Malheureusement, on constate des prix exorbitants en ce mois béni.
Au marché de Kalabancoro Hèrèmakono, avant le mois de ramadan, le riz était vendu à 350 Fcfa par kg mais aujourd’hui il est à 375 Fcfa par kg. Auparavant le maïs, le mil et le petit mil étaient à 225 Fcfa mais ils sont à 250 Fcfa par Kg. Le haricot est à 350 Fcfa or il ne coûtait que 325 Fcfa par kg. Même constat pour la boîte de sardine. La pomme de terre est obtenue à 600 Fcfa, or elle ne coûtait que 400 Fcfa, il y a moins de trois semaines.
L’oignon est à 600 Fcfa. La tomate qui, avant le ramadan, coûtait 100 Fcfa a doublé de prix cette semaine, montant à 200 Fcfa. Le kg de viande est passé de 1600 Fcfa à 1700 Fcfa. Le litre d’huile est passé de 900Fcfa à 1000 Fcfa, tandis que le poulet qui se fait rare avec l’hivernage a vu son prix passer de 2000 Fcfa à 2500 Fcfa. Selon le boutiquier Oumar Coulibaly : « Cette flambée des prix est due aux commerçants grossistes qui partent à l’extérieur du pays pour nous ravitailler, s’ils augmentent les prix, nous sommes obligés de faire autant pour avoir gain de cause. De surcroît ils ont une stratégie à savoir stocker ces produits de première nécessité, en attendant le mois fatidique afin d’augmenter les prix parce qu’ils savent que les gens seront obligés de payer ».
Il a souhaité la réduction des prix en ce mois sacré de ramadan pour augmenter la clientèle. Par contre, au marché ‘’ Dibida’’, les commerçants grossistes n’abondent pas dans le même sens que les détaillants. Pour le grossiste Hama Ali Maïga, le sac de sucre coûte 25 000 Fcfa et le sac de lait en poudre est à 60 000 Fcfa, le bidon de 20 litres d’huile est à 17 500 Fcfa. Pour lui, ces prix sont abordables pour les détaillants. Ali Maïga a aussi signalé l’éloignement de certains quartiers du lieu d’approvisionnement des détaillants, ce qui crée un rabattement sur les prix. Excepté le prix de kilogramme de sucre, qui a connu une légère baisse de 50 Fcfa, parce qu’il était vendu à 650 Fcfa. Il faut signaler aussi les disparités entre les prix de ces produits dans les différents marchés de Bamako.
On a l’impression que chacun fixe le prix selon son tempérament. Les consommateurs, de leur côté, doivent s’organiser pour faire valoir leurs droits et contribuer à faire respecter les lois. « Je suis là depuis le petit matin pour faire mon panier, mais je n’arrive pas à me procurer les ingrédients nécessaires avec la même somme que j’avais l’habitude d’amener au marché.
Les produits sont intouchables. Mais nous sommes obligés de faire avec. Certes, nous savons que l’Etat et les opérateurs économiques se sont entendus pour faire baisser les prix des produits de première nécessité, mais dans le marché, nous ne le sentons pas vraiment », a indiqué Mme Coulibaly.
Moussa Samba Diallo / Aguibou Sogodogo