Fin de la transition : “Un Conseil Républicain” comme solution pour la stabilité du pays

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Selon le calendrier convenu avec nos partenaires, la “Transition militaire” doit prendre fin en février 2022 avec l’organisation des élections générales : présidentielle et législatives. Sauf qu’il apparait, de plus en plus, peu probables, voire incertaine que ces scrutins aient lieu aux dates prévues.  Quelle autre alternative pourrait-on imaginer ?

Un “Conseil Républicain” incluant toutes les Régions, toutes les ethnies, dirigé par un “Homme de consensus” permettrait de mettre notre pays sur les rails. Des pays sont passés par cette voie pour retrouver la stabilité dont notre référence, la France et d’autres le sont encore. Les “suffrages universels directs” ne sont pas les seuls moyens de désignation des dirigeants d’un pays.  

 I – OBSTACLES DIFFICILES A SURMONTER AVANT FEVRIER 2022.

Des élections nationales, présidentielles et législatives exigent des conditions que nous essayons de passer en revue.

  1. L’identification des électeurs : le fichier électoral. Les dernières élections nationales ont eu lieu en 2018. La mise à jour du fichier électoral est plus qu’une nécessité. En effet, de leurs dates à nos jours :
  • combien de jeunes de moins de 18 ans, à l’époque ont atteint l’âge de voter et qui doivent figurer sur les listes électorales ?
  • combien de personnes décédées doivent-elles être rayées des listes électorales ?
  1. Le découpage administratif et les circonscriptions électorales. Les élections législatives nécessitent des régions administratives et des circonscriptions électorales clairement identifiées. La loi sur le nouveau découpage territorial est-elle totalement mise en œuvre ?
  2. La présence de l’Etat sur la totalité du territoire national du fait que les symboles de l’Etat étaient la cible première de l’insécurité, de nombreux Préfets, Sous-préfets, Maires et élus locaux ont quitté, rendant ainsi totalement absent l’Etat dans de nombreuses localités des localités encerclées comme Farabougou, Dinangourou, se compteraient par dizaines. Des centaines d’écoles sont fermées et les classes, lieux des bureaux de vote, sont inaccessibles.
  3. Qui va organiser les élections ? Dans les législations anciennes, nos élections étaient organisées par trois structures : le ministère, la Délégation Générale aux Elections (DGE) et la Commission Electorale Nationale Indépendante (Céni) avaient en charge l’organisation des élections Un Organe Unique serait en cours d’être mis en place.
  4. Les parrainages des candidats à la présidentielle, chaque Candidat devrait être parrainé par, soit dix (10) Députés, soit cinq (5) élus municipaux par région, soit 50 parrains pour 10 régions anciennement. Si les membres du CNT ont le titre légal de député, tant mieux, sinon, il faudrait se contenter des élus locaux. Mais comment les atteindre ? Il est vrai que beaucoup d’entre eux sont à Bamako ou dans des capitales régionales.
  5. Le vote dans la quiétude, la sécurité des personnes et des biens doit être assuré les jours de votes

Voilà des conditions minimales exigées par les lois pour réussir des élections crédibles acceptées par tous. Elles doivent être satisfaites avant fin décembre 2021 ou au plus tard avant fin janvier 2022.

Si elles sont satisfaites avant fin décembre 2021 ou au plus tard janvier 2022, nous pourrions organiser nos élections.

  • Si elles ne sont pas remplies, vouloir organiser les élections coute-que-coute, risque d’aggraver l’instabilité du pays et prolonger d’office la tutelle du pays. En effet, le risque de combattre un candidat élu en lequel les Maliens ne se reconnaissent pas est élevé. Comme on le dit, « cela ne ferait qu’ajouter du chao au chao ».

Alors, c’est aux Dirigeants actuels et la Classe politique d’avoir plus de vision et d’amour pour le pays afin d’éviter de nous enfoncer encore un plus. Si nos dirigeants passés n’avaient pas mis le pays au-dessus de leurs propres personnes, nous ne serions pas là pour prétendre le diriger.

II – PROPOSITION DE SOLUTIONS: “UN CONSEIL REPUBLICAIN”.

Nous proposons un « Conseil Républicain » dont l’architecture pourrait être la suivante :

A la base, dans chaque Région (les 10 anciennes) se trouvent un « Conseil Républicain Régional » de trente membres. Ils seront choisis parmi les personnes civiles (du public et du privé), militaires, de personnes âgées et de jeunes.

Ils pourraient être choisis par la voie nominative, compte tenu de l’absence de l’Etat sur tout le territoire. Des critères clairs doivent être élaborés. Chaque région choisirait 12 membres pour la représenter au niveau national.

Au niveau national, les 12 membres de chaque région, soit 120 personnes forment le Conseil Républicain. Ils choisiront un Président du Conseil. Les autres formeront l’Organe législatif et le Gouvernement.

Mandat : un mandat général d’administration et de gestion du pays assorti des mandats spécifiques sur les aspects particuliers leur seront donnés pour un délai bien précis.

Avant le scrutin universel direct, qu’est-ce qu’on faisait avant ce « modèle » de désignation des dirigeants ? Le scrutin universel direct a été instauré en France avec la Constitution de 1958.

De nombreux pays qui sont de nos jours des exemples de démocratie sont passés par cette phase et d’autres le vivent encore.

 III – LE PROBLEME : LA PEUR DE L’AUTRE

C’est un secret de polichinelle, le grand amour, la fraternité sont de plus en plus absents dans les familles.

Dans les villages et au sein des communautés, le manque d’entente et de cohésion est perceptible.

Entre des corps de métiers et dans les professions, dans l’administration, ce sont des dénigrements, des calomnies, les membres s’entredéchirent.

Entre Hommes politiques, c’est le déchirement. Le seul mot, dans leurs bouches, semble être : « moi ou le chao ». On a recours à la Communauté internationale (qui se frotte les mains en rigolant) pour asphyxier les populations si cela pourrait permettre d’accéder au pouvoir.

Comment les filles et les fils d’un pays qui ne s’entendent pas, peuvent-ils construire quelque chose de potable, n’ayant pas le même idéal et les ennemis des uns étant des amis des autres ?

Au lieu de voir l’autre en ennemi, on devrait s’entendre puisque le pays a connu toute sorte de dirigeants. Ne nous trompons pas de problèmes. En 60 ans d’indépendance, notre pays a été dirigé par des civils, des militaires, des jeunes et des vieux. Tenez, avec un ami, nous avons fait les décomptes.

 

  1. Modibo Kéita, né en 1915, président en 1960, soit 45 ans, civil enseignant du fondamental, 8 ans de pouvoir.
  2. Moussa Traoré, né en 1936, président en 1968, soit 32 ans, militaire, 23 ans.
  3. Alpha Oumar Konaré, né en 1946, président en 1992, soit 46 ans, civil enseignant universitaire. 10 ans de pouvoir
  4. Amadou Toumani Touré, né en 1948, président en 2002, soit 54 ans, militaire, 9 ans et 9 mois de pouvoir
  5. Amadou Aya Sanogo, né en 1972, président en 2012, soit 40 ans, militaire, 1 an de pouvoir,
  6. Dioncounda Traoré né en 1942, président en 2012, soit 70 ans, 1 an de pouvoir
  7. Ibrahim Boubacar Kéita, né en 1945, président en 2013, soit 68 ans.

En 60 ans d’indépendance, le Mali a été dirigé par, plus les jeunes que par les vieux, plus par les militaires que les civils. Ils ont tous leur bilan.

Le Président Modibo Kéita n’a pas fait que du bien, même si, dans l’opinion collective, beaucoup pensent qu’il a été le meilleur jusqu’à maintenant.

Le Général Moussa Traoré n’a pas fait que du mal, même si dans l’opinion collective on lui impute à tort ou à raison, beaucoup de choses.

La démocratie, à côté des résultats indéniables en matière d’écoles, de libertés, etc., a en quelque sorte un bilan « sali par la corruption ».

Peu de nos dirigeants ont démontré des preuves d’Hommes propres dans « la bonne gestion des finances publiques ». Les listes de « fonctionnaires milliardaires » civils et militaires, circulent sans qu’aucune « protestation ou plainte ne soit enregistrée devant les tribunaux pour diffamation ». Alors pourquoi avoir peur les uns des autres ?

Je ne suis pas en train de dire qu’il faut « passer tout cela » en « perte et profit ». Non, au contraire j’ai proposé la « justice transactionnelle » pour recouvrer les deniers publics mal utilisés.

Je suis en train de dire, que nous n’avons pas le droit de nous en entredéchirer au profit de l’ennemi, étant donné que nous avons tous quelque chose à reprocher. « Le linge sale se lave en famille » dit une sagesse Malienne.

Les élections au « suffrage universel direct » ne sont pas une « fin en soi ». Elles ne sont pas le « seul mode » de désignation des dirigeants d’un pays. On peut nous imposer la « loi du plus fort », mais nous comprenons ce qui se dessine.

Aucune Malienne, aucun Malien ne doit se laisser manipuler pour assouvir des objectifs d’autres personnes, d’autres pays. Nous avons le devoir de nous ressaisir et d’accepter une solution de compromission.

La voie du développement n’est pas rectiligne, elle est parsemée d’obstacles. Tous les pays ont eu des moments difficiles, très difficiles dans leur existence. Ils ont eu du ressort pour les surmonter.

Notre pays en traverse maintenant. Nous devrions déployer toute notre génie créateur pour arriver à bout de ces moments difficiles.

En conclusion, nous avons trop de contradictions qui ne nous servent pas du tout. Nous avons le devoir de nous ressaisir. Nous avons l’obligation de se faire confiance et d’accorder mutuellement du crédit les uns aux autres.

Les critiques stériles sans propositions concrètes comme les jugements excessifs, n’ont pas de place. On a beau être compétent, il y a plus compétent. On a beau être moins corrompu et relativement propre, il y a plus propre. On a beau aimé ce pays, d’autres aussi l’aiment autant, sinon plus. Et personne seule ne peut le faire.

Seule l’union sacrée autour d’un « Homme de consensus » permettrait de sauver notre patrie, le Mali./

Siné DIARRA

Expert-Comptable

Enseignant de Comptabilité de finances et d’Audit

Tel : 66 89 69 69 / 76 89 69 69.

Site : www.finaudit.ml.

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Va commencer à mettre le pays en marche à la fin du stage du nouveau dir-chef de la transition…Encore une autre perte de temps de vis sans fin

    • Rien de tout ça ce saurait être de la légalité et ferait encore et encore le fruit à celui qui ne s’attendait jamais à être président encore moins à rêver d’en l’être. D’élégance on retombe dans la boucherie.

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