Des fouilles systématiques à l’entrée de la salle, une présence policière renforcée, des passes d’armes virulentes entre le ministère public et les avocats de la défense. Telle était l’ambiance générale lors de la dernière journée de la deuxième session 2011 de la Cour d’assises de Bamako. Et pour cause, le procès du terroriste tunisien Béchir Simoun était à la l’affiche.
Béchir Simoun, c’est celui là même qui avait attaqué en janvier 2011 l’ambassade de France au Mali en jetant des grenades sur la représentation diplomatique. Il était poursuivi pour terrorisme et évasion. A l’issue du procès il a écopé de la peine capitale.
Pour rappel des faits, il faut signaler que le 5 janvier 2011, Béchir Simoun, un jeune tunisien ayant déjà effectué des entrainements avec la nébuleuse AQMI s’était rendu devant l’ambassade de France avec un pistolet automatique 7.62 mm et une bobonne de gaz.
Il avait alors fait exploser cette grenade et tirer des coups de feu sur le portail, le mur d’enceinte et les gardiens tout en tentant de faire exploser la bobonne. Bien que cette dernière tentative n’ait pas lieu, Béchir réussit à causer des dégâts matériels importants et à blesser Badra Kanté, courtier à l’ambassade.
Mis sous mandat de dépôt le 2 février à la base militaire, Béchir s’est évadé de sa prison dans la nuit du 27 ou 28 février 2011, avant d’être repris plus tard en partance pour Gao à bord d’un car de la compagnie SONEF.
L’audience a commencé par une requête des avocats de la défense. Ceux-ci ont demandé à ce que l’affaire soit renvoyée car n’ayant pu avoir accès au dossier. Le principe du contradictoire n’étant pas respectée, selon eux. Mais ils ont été déboutés de leur requête
Doté d’une intelligence extraordinaire et très calme à la barre, Béchir reviendra avec force détails sur les circonstances de son adhésion à AQMI et l’acte posé devant l’ambassade de France.
Etudiant en génie mécanique à l’institut supérieur de technologie en Tunisie, Béchir a tout plaqué pour partir en Mauritanie étudier le Coran.
Ce choix s’expliquant par le fait qu’en Tunisie, il se sentait en manque d’enseignement coranique. C’est là qu’il aurait rencontré un certain Ayou Atab qui lui aurait parlé d’une organisation qui se battrait pour la cause islamique et lui aurait remis un numéro de téléphone satellitaire. On lui aurait alors demandé de se rendre à Gao, de là une voiture devait le chercher pour l’amener dans le désert malien. Il aura donc passé 8 mois avec AQMI dont 15 jours de formation accélérée au maniement des Kalachnikovs avant d’être exclu de la nébuleuse car, dit il, avait violé un des principes du groupe qui consistait à ne jamais touché aux matériels de nouvelles technologies du groupe dont seuls quelques uns avaient le droit.
Ayou Atab ayant été arrêté en Mauritanie et lui-même recherché dans ce pays, Béchir Simoun entreprit de regagner Bamako ou les “contrôles policières sont plus souples“. C’est seulement à Bamako que l’idée lui est venue de s’attaquer à ceux qui bafouent la religion musulmane. Il entreprit alors d’attaquer une ambassade. Et l’ambassade de France étant la mieux indiquée
Mais son intention était seulement de poser un acte symbolique et à pousser la France à réfléchir sur ses choix géo-politiques. Concernant l’évasion, il expliquera ne pas supporter les conditions inhumaines dans lesquelles il se trouvait, en l’absence de sanitaire. Alors, il entreprit de faire un trou dans sa cellule avec une barre de fer trouvé sur place et réussit de sortir de l’enceinte à la Base militaire où il se trouvait.
Au terme d’un débat très houleux entre le ministère public représenté par le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Souleymane Coulibaly et l’avocat de la défense, maitre Yarro, Béchir Sinoum serra condamné et à la peine capitale e à payer une amende de 35 750 000 FCFA aux parties civiles.
Kadiatou Y KEITA
*Stagiaire