Face aux APE :rnLa résistance africaine se fissure

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    Quelque 70 chefs d”Etat et de gouvernement africains et européens ont participé au 2e sommet UE/Afrique, du 8 au 9 décembre 2007, à Lisbonne (Portugal). Comme on pouvait s’y attendre, les Accords de partenariat économique (APE) ont été au cœur des débats. Et des dirigeants africains comme Me Abdoulaye Wade et Alpha Oumar Konaré ne sont pas passés par quatre chemins pour mettre à nue les insuffisances des APE.

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    « L’Afrique a besoin de l’Europe comme l’Europe a besoin de l’Afrique »  ! C’est ce qu’a rappelé le président du Ghana et de l’Union africaine (UA), John Agyekum Kufuor, à la veille du sommet Afrique-Europe le week-end dernier à Lisbonne. Une vision également défendue par le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré. Et pourtant, ce principe d’égalité est foulé aux pieds lorsqu’il s’agit d’accords de partenariat.

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    Comme on pouvait s’y attendre, les Accords de partenariat économique (APE) étaient au cœur des débats lors de cette rencontre entre dirigeants africains et européens. Pour l’UE, les APE représentent le passage obligé pour l’insertion de l’Afrique dans l’économie mondiale. Ce qui n’est pas l’avis des Africains et de nombreux économistes de part le monde. Les APE démontrent plutôt que le nouveau partenariat équilibré « d’égal à égal », censé être inauguré au sommet de Lisbonne, est un vain mot.

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    Et il est heureux de voir que des dirigeants africains comme Me Abdoulaye Wade du Sénégal sont aujourd’hui conscients du péril auquel les économies africaines sont exposées avec la signature des APE. « Les relations entre l’Afrique et l’Europe doivent être basées sur le libre-échange », rappelle le président sénégalais. Se ralliant à la position de nombreux experts de par le monde, il souligne que, avec les APE, les industries africaines vont disparaître avec tout ce que cela comporte comme conséquences sociales, économiques et politiques.

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    « Signer les APE reviendrait à consacrer et accentuer un déséquilibre de fait et à livrer totalement les marchés africains aux produits européens subventionnés » , a soutenu Me Wade. « Aucune industrie africaine ne peut supporter la concurrence des produits européens. Ce n’est pas possible », a-t-il averti. Interviewé par RFR, il a ajouté, « on parle de compensations. On ne peut jamais compenser la destruction d’un tissu industriel ».

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    Et le président du Sénégal ne se contente pas seulement de critiquer les APE, mais il propose aussi des solutions. Pour lui, il est nécessaire que les ministres et les experts africains se rencontrent à Accra (le Ghana préside actuellement l’Union africaine) pour discuter de cette question vitale pour le développement du continent. Il souhaite aussi que l’aide soit séparée des questions commerciales et que les négociations avec l’Europe se fassent produit par produit.

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    Solidarité brisée

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    Avocat et économiste émérite, Me Wade analyse pertinemment que les difficultés commerciales de l’Afrique tournent autour de seulement quelques produits comme le coton, le café, le cacao et l’arachide. Et c’est autour de ces matières premières exportées par le continent qu’on doit articuler tout accord de partenariat avec l’Europe.

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    Mieux, le partenariat entre le berceau de l’humanité et le vieux continent doit privilégier l’investissement européen en Afrique. « Si une industrie vient s’installer en Afrique pour produire les biens dont nous avons besoin, nous ferons tout pour la protéger », a indiqué Me Abdoulaye Wade.

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    Malheureusement, tous les dirigeants africains n’ont pas cette vision responsable du président du Sénégal. Et la résistance africaine s’est déjà fissurée, car certains pays ont déjà signé des accords intérimaires pour se mettre à l’abri des mesures de rétorsion brandies par l’Europe. En effet, le 7 décembre dernier, la Côte d’Ivoire a accepté de conclure un accord économique avec l’Europe « pour préserver ses intérêts majeurs ». Ce qui n’est pas surprenant de la part de ce pays étouffé économiquement à cause de la crise politico-militaire et qui est en train de tout faire pour revenir dans les bonnes grâces des bailleurs de fonds, dont l’Union européenne.

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    Et Bruxelles avait mis la pression sur la Côte d’Ivoire, pays à revenu intermédiaire et grand exportateur de cacao, en évaluant à 700 millions d’euros par an, le montant des taxes qu’Abidjan aurait dû payer sur ses exportations vers l’UE à partir de l’an prochain, en l’absence d’accord. Les efforts européens ont porté leurs fruits. La signature d’un APE intérimaire séparé par la Côte d’Ivoire a logiquement suscité les critiques de ses voisins qui lui reprochent de briser la solidarité régionale. Mais, d’autres pays de la région pourraient suivre l’exemple d’Abidjan.

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    Déjà, quatre pays d’Afrique australe (Botswana, Lesotho, Swaziland, Mozambique) et cinq pays d’Afrique orientale (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Rwanda et Burundi) ont signé les APE. L’Afrique du Sud rechigne et le Nigeria refuse catégoriquement. Faute de pouvoir signer avec des régions entières, l’UE cherche aujourd’hui à obtenir un maximum d’accords avec des pays séparés, dans l’espoir d’un effet « boule de neige ».

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    C’est le cas en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale où la Cédéao et la Cémac jugent prématuré de conclure un APE cette année.

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    Mais, ils seront combien de pays à résister au chantage économico-financier de l’Europe avant le 31 décembre prochain, la date butoir pour signer les APE ? Les paris sont ouverts.

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    Alphaly

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