Pourquoi l’accusé Daouda Yattara dit «Sitanè» s’est-il abstenu comme les autres détenus de prendre la poudre s’escampette alors qu’il en avait la possibilité le 29 décembre dernier suite à une tentative d’évasion-collective ? Mieux : pourquoi a-t-il empêché d’autres détenus de s’échapper et enfin, pourquoi a-t-il efficacement collaboré avec les enquêteurs afin de situer toutes les responsabilités dans cette histoire qui a défrayé la chronique la veille de la fête de Tabaski ?rn
ll était 13 heures ce vendredi Saint, 29 décembre 2006. Un détenu répondant au nom de Bamory était parvenu à se procurer une grosse barre de fer avec laquelle il assomma l’un des deux surveillants présents (les autres s’étaient rendus à la mosquée). Le second eut droit à une poudre de piment dans les yeux. Les deux gardes neutralisés, l’instigateur invita alors les autres détenus à s’échapper. Les enquêtes démonteront plus tard que les fugitifs ont bénéficié de la complicité d’un surveillant aujourd’hui aux arrêts. Ce dernier aurait été grassement payé par certains détenus pour ouvrir la porte de la cellule principale. Il s’est alors procuré la clef jusque dans les bureaux du régisseur, a ouvert la porte et l’a ensuite soigneusement entrebâillée de manière à ce que l’on ne se rende compte de la supercherie.
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Après quoi, il est sorti avec les autres surveillants qui se rendaient à la mosquée. Cet individu, selon nos sources, n’est pas à sa première opération du genre. Il a été cité dans plusieurs cas de magouilles visant à faire libérer des prisonniers contre des espèces sonnantes et trébuchantes et contre des présents de grandes valeurs. Mais le coup du vendredi 29 lui sera fatal. Les détenus dans leur fuite ont grièvement blessé un surveillant. Parmi eux, on compte au moins trois condamnés à mort, donc de grands criminels.
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Dans la confusion générale, c’est le détenu Daouda Yattara dit Sitanè accusé d’homicides volontaires qui aura surpris plus d’un. Non seulement il s’est abstenu de fuir (la porte de la liberté était grandement ouverte), mais aussi et surtout, a personnellement organisé la résistance afin d’empêcher d’autres détenus de suivre la vague. Il a d’abord pris soin de fermer à clef la cellule dans laquelle il se trouvait en compagnie d’autres détenus, mais a également opposé la première résistance aux fugitifs à l’absence des surveillants. Mieux, après les échauffourées et l’arrivée des enquêteurs, il a efficacement collaboré pour la manifestation de la vérité. Aujourd’hui, les recherches sont en cours pour appréhender les fuyards. Mais pourquoi Daouda aurait-il choisi cette option, lui qui est accusé de meurtres et d’enlèvement ?
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«Je veux que la vérité soit ; toute la vérité. Je n’ai pas besoin de fuir parce que je suis innocent. Un innocent ne fuit pas. Il affronte la vérité» nous confie-t-il.
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Et comme pour lui donner raison, trois jours auparavant, la Cour Suprême venait de lui accorder la liberté provisoire dans l’affaire du Guinéen appelé Bilakoroba. La Cour d’Assises lors de sa première session 2007 prévue avant fin février, doit statuer sur le meurtre de Kassim dont il est également accusé. L’attitude de Daouda laisse en tout cas perplexe. Un accusé prendra t-il le risque de rester en détention alors qu’il a la possibilité de s’échapper s’il se sent véritablement coupable ? Indubitablement non ! Par ailleurs, s’il s’est rendu coupable d’autres faits contraires aux valeurs de notre société, il a marqué sa volonté de changer en se rangeant ce vendredi 29 aux côtés de la loi et de la vérité. Un véritable coupable aurait choisi une autre option.
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B.S. Diarra
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