Le Centre International de Conférence de Bamako a abrité jeudi 17 Août 2023, l’ouverture des Etats Généraux de la Migration et Cadre de Concertation avec les Maliens établis à l’extérieur. Cette édition porte sur le thème « Mobilités humaines, facteurs d’intégration, de développement et d’enrichissement culturel : quelle contribution des Maliens établis à l’Extérieur à la Refondation de l’Etat ? ». Le choix de ce thème met en lumière la contribution constante et inestimable des maliens de l’Extérieur à l’essor de notre pays, de surcroit depuis l’avènement de la transition politique en 2020. Durant trois jours, le gouvernement malien et les Maliens établis à l’extérieur ont mis à profit les questions migratoires afin de trouver des solutions idoines à la situation. L’ouverture de la cérémonie était présidée par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, en présence du ministre des Maliens de l’Extérieur, Mossa Ag Attaher, du ministre de la Refondation de l’Etat et des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikhassa Maïga, du Président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Habib Sylla et ainsi que les représentants des organisations de la diaspora malienne et de bien d’autres personnalités.
Il faut d’abord rappeler que les Etats Généraux de la Migration et Cadre de Concertation avec les Maliens établis à l’extérieur se tiennent dans un contexte où la migration est au cœur de la politique de l’Etat malien destinée à faire de notre diaspora un des leviers du développement économique, social et culturel de notre pays.
Dans son discours de bienvenue, le ministre des Maliens de l’Extérieur, Mossa Ag Attaher a souligné l’importance de la gouvernance migratoire pour les plus hautes autorités du Mali. Il a exprimé sa gratitude envers les panelistes et a particulièrement honoré la présence de Monsieur Moussa MARA, ancien Premier ministre, en tant qu’expert de renom en matière de migration et de protection des compatriotes établis à l’étranger. Le Mali, nation au passé historiquement riche, a toujours été le témoin de mouvements humains divers. Le ministre a aussi relevé que ces mouvements qui ont façonné l’identité malienne, présentent aujourd’hui un double défi : celui d’être à la fois une opportunité de développement et un enjeu majeur pour le pays. Il a reconnu le rôle important des migrants dans le développement des pays d’accueil, ainsi que leur contribution par le biais de transferts de fonds substantiels et de l’expertise intellectuelle et technique qu’ils apportent aux pays d’origine. Cependant, il a également pointé du doigt les défis auxquels sont confrontés les migrants, y compris les risques liés à la migration irrégulière, aux violations des droits et à l’exploitation. M. Mossa Ag Attaher a annoncé que le Gouvernement malien a entrepris diverses mesures pour relever ces défis, notamment l’adoption d’une politique nationale de migration ambitieuse et d’un plan d’action, ainsi que la coopération internationale au sein de plusieurs cadres de dialogue sur la migration. Le ministre a également évoqué des initiatives pour prévenir la migration irrégulière, assister les Maliens en situation de détresse et soutenir les projets de réintégration sociale. Pour lui, c’est une nécessité de soutenir l’investissement productif pour renforcer le rôle de la diaspora dans le développement national. Il a appelé à une approche globale et intégrée de la gouvernance migratoire, en tenant compte de facteurs tels que le changement climatique et la migration professionnelle. Il a également encouragé le renforcement du dialogue international sur la migration. Il a profité de son intervention pour réaffirmer l’engagement du Mali à jouer un rôle actif dans la gouvernance migratoire, en vue de relever les défis et de saisir les opportunités que présente la migration. Prenant la parole pour l’ouverture des travaux, le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga dira que ces états généraux offrent enfin l’occasion de mener des échanges féconds entre Maliens de l’intérieur et ceux établis à l’extérieur pour explorer les voies et moyens d’instaurer une gouvernance durable des migrations. La tenue de ces Etats généraux témoigne du fort engagement politique du Mali qui se justifie par la dimension historique de la migration, son ancrage social et sa portée économique et politique. En effet, de par sa situation géographique, ses fortes traditions et sa culture, le Mali se distingue comme vous le savez, comme un pays de départ, de transit et de destination des migrants. De ce fait, il est naturellement au cœur des enjeux migratoires Sud-Sud et Sud-Nord.
Le Premier ministre a tenu à rappeler qu’en 2014, notre pays s’est doté d’une ambitieuse Politique Nationale de Migration (PONAM) et son plan d’action. Cette politique constitue alors notre cadre de référence en matière de migration et un outil efficace de gestion et de coopération. Il a saisi l’occasion pour partager la vision des autorités maliennes sur la situation de l’environnement caractérisé par la crise au Niger. Il a rappelé l’appel lancé par le Président de la Transition et le Président de la Fédération de Russie à la sagesse pour la résolution pacifique de la question. D’ailleurs a ajouté le Premier ministre, la plupart des pays se sont opposés à la guerre. Le Premier ministre révèle que ceux qui tirent les ficelles de cette posture belliqueuse veulent casser la CEDEAO. Ne cassez pas la CEDEAO a martelé le Chef du gouvernement. Le Premier ministre a lancé un appel aux dirigeants Ivoirien et Sénégalais de ne pas se laisser utiliser par une puissance étrangère pour son agenda personnel. « Demain, vous ne serez pas là a averti Choguel Kokalla Maïga ». Il ne faut pas que vos traces soient retenues en Afrique. Il se dit convaincu de toute façon que les militaires de ces pays n’accepteront pour rien de venir tuer leurs frères au Niger. Personne ne veut de cette guerre a fait remarquer le Premier ministre. Le Chef du gouvernement s’étonne de ce changement curieux du Président Sénégalais qui s’interrogeait il y a peu comment le terrorisme a pu s’étendre au Mali avec le déploiement de 15000 hommes ? Aujourd’hui le même s’interroge que va-t-il se passer au Mali si la MINUSMA quitte ? Choguel Kokalla Maïga invité à la cohérence. Quand on dirige un pays, on travaille pour l’histoire. Le Premier ministre en historien, a rappelé la réflexion du Président Félix Houphouët Boigny qui avait prévenu que je jour arrivera où les Africains diront NON à l’exploitation éhontée de l’Afrique et exigeront que le prix de leurs matières premières (cacao coton or uranium…) soit fixé ici et non ailleurs.
Pour terminer, le Premier ministre s’est adressé aux Maliens de l’extérieur: « votre pays a la chance d’avoir une diaspora pleinement engagée dans les actions de développement et le soutien social aux familles ».
Alassane Cissé
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