Escalades brutales aux frontières Mali- Algérie- Niger : Vers un embrasement 

0

Préparatifs des représailles contre les intérêts occidentaux ; conflits de leadership au sein d’AQMI ; trafic de drogue, d’armes et de munitions ; recrutement d’hommes et élaboration de plans et  stratégies ; territorialisation de la jungle… Le pourrissement de la situation au Nord-Mali s’est intensifié de façon dramatique ces derniers jours.

Jusqu’où iront les forces rivales qui se disputent les couloirs les plus sûrs pour le trafic de drogue dans la bande sahélo-saharienne ? Les rapports de force finiront par en imposer aux plus faibles. Tels sont les principes sacro-saints de la jungle. Mais en attendant, les initiatives de développement et de sécurité resteront en berne. Et pour longtemps. Les explications sont simples.

En décidant d’intensifier ses frappes contre les derniers moyens de l’armée libyenne, la Coalition fait sonner, de plus en plus fort, le tocsin pour le «Maniaque» de Tripoli. Avec lui, malheureusement, sombre dans la terreur toute la bande sahélo-saharienne, notamment aux frontières de notre pays avec l’Algérie et le Niger où les armes ont parlé  le week-end dernier. Pourquoi ? En plus de l’inquiétante question des armes et des mercenaires, les connexions les plus redoutables viennent d’être découvertes. Désormais, ce n’est plus un jeu d’enfants. Rien ne va plus entre les patrons de la nébuleuse AQMI et la mafia du narcotrafic de cocaïne qui se disputent privilèges et territoires.
Depuis l’ouverture de la campagne pour la succession de Ben Laden, au sein d’AQMI rien n’est désormais laissé au hasard pour se faire valablement représenter au sein du nouvel appareil d’AL QAIDA. La bataille est donc ouverte entre Abdelmalek Droukdel d’origine algérienne, l’Egyptien Ayman Al Zawahiri, et le Libyen Abu Yahya al-Libi. Les conciliabules «maléfiques» entre ces  irréductibles  du système maghrébin de Ben Laden, risquent sans aucun doute de provoquer de terribles bouleversements socio-politiques dans cette bande dont la stabilité  est en cause.

La seconde source d’inquiétude vient du fait que certains services de sécurité de la zone ont découvert un vaste réseau d’importation d’armes de guerre aux frontières algériennes et nigériennes du Mali. Ce mouvement, selon nos sources, serait dirigé par l’un des Chefs algériens d’AQMI, Mokhtar Belmokhtar. Il ne cesse de se bomber le torse à chaque fois qu’il rend visite à ses hommes réarmés d’un arsenal flambant neuf, (c’est-à-dire, sans odeur de poudre) dans le désert malien. De 150 hommes à peine, en 2009, il se retrouve désormais avec une troupe de plus de 500 éléments bien entraînés et lourdement armés.

Avec, le Chef des preneurs d’otages Abdelhamid Abou Zaid, ragaillardi par le nouvel arsenal, Belmokhtar règne en maître dans le Sahara malien jusqu’à la frontière algérienne. Il défie, sans conséquence presque, les généraux algériens trempés dans le trafic transnational.

Que font-ils là ?

On pourrait bien se poser cette question. Mais seulement voilà, il fallait pour AQMI assurer une escorte digne de ce nom aux nouvelles acquisitions en territoire libyen. C’est ainsi qu’ils ont pu faire transiter des armes lourdes dont des missiles sol air qui se trouvent désormais dans les stocks d’AQMI. Aussi, on parle d’une nouvelle catégorie d’explosifs plus légère mais très puissante.
Ils savent également qu’au cas où les négociations pour la libération des quatre otages français tourneraient mal, ils peuvent s’attendre à de violentes représailles de l’armée française. Ils se tiennent donc prêts pour toute éventualité. Pourtant, ils savent qu’ils sont suivis de très près par les services de renseignement français dont le patron, Bernard Squarcini n’hésite plus à exprimer ses vives préoccupations. Il connaît jusqu’au menu du «p’tit dèj» de ces hommes. «AQMI est passée en deux ans de 150 à 400 hommes, avec un cercle logistique de 150 à 200 hommes», avait il déjà déclaré.
Mais dans tout cela, le plus inquiétant c’est que des familles sont devenues des abris pour ces hommes et leurs logistiques. Pour mieux désorienter les forces militaires positionnées dans ces localités, les terroristes transporteraient leurs arsenaux à dos de chameau, avant de les dissimuler dans des concessions et autres agglomérations.

Aujourd’hui, les caches d’armes ne se comptent plus dans la plupart des villages frontaliers de l’Algérie et du Niger. Même si la date de  mise à feu reste un mystère. Il faut craindre une brutale escalade dans les semaines à venir. Mieux vaut donc se tenir prêt !
Abdoulaye NIANGALY

Commentaires via Facebook :