Pape Cheikh Diouf de son vrai nom est né le 23 juillet 1973 à Dakar. Le leader de la génération consciente était l’un des coups de cœur de la 8ème édition du festival sur le Niger. Avant sa prestation sur la scène Da Monzon de Ségou, il nous a accordé un entretien dans lequel il nous parle de sa vie artistique et, bien évidemment, de l’actualité brûlante de son pays, le Sénégal, à la veille de l’élection présidentielle. Où la contestation de la candidature du Président sortant, Abdoulaye Wade, empoisonne la vie politique du pays.
L’Indépendant week-end : Bonsoir Pape Diouf, c’est avec un grand plaisir que nous vous retrouvons. Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de L’Indépendant week-end?
Je suis Pape Cheikh Diouf, artiste, musicien, auteur et compositeur sénégalais. Je suis né d’une famille de griot. Je suis originaire du Saloum, une région qui se trouve au centre du Sénégal.
Qu’est ce qui fait l’actualité de Pape Diouf ?
C’est la promotion de mon quatrième album qui s’appelle ” Casse Casse ” qui est dans les bacs depuis le mois de décembre et bien sûr ma présence ici au Mali pour passer ces grands moments avec mes frères maliens à travers le festival sur le Niger.
Pouvez- vous nous relater votre carrière musicale ?
A mes débuts, rien ne me prédestinait à la musique bien qu’issu d’une famille de griot. Après mes études, j’ai suivi une formation en plomberie. Piqué par le virus de la musique en 1995 j’ai intégré le ” Lemzo Diamono “, le groupe de Lamine Faye (l’ex- membre du Super Diamono) qui est le créateur du ” Mari Mbala “, la nouvelle sonorité qui est un succès aujourd’hui au Sénégal. J’enregistre la chanson “cocorico ” et c’est ce tube qui me propulse au sommet des hits parades.
En 1998, je quitte le Lemzo Diamono. Je passe quatre ans sans me produire et me lance dans le commerce de la tuyauterie. En 2001, je croise Jimmy Mbaye (le soliste du super Etoile) qui m’aide à faire enregistrer mon produit ” joggël Daggu “. Lequel n’a pas connu un grand succès. L’année suivante, je m’autoproduis et sors ” live au Bidew “. Grâce à cet album, je vais aux Etats-Unis en compagnie d’autres artistes sénégalais pour une tournée. C’est en 2004 avec l’album ” Partir ” que j’ai connu véritablement le succès. C’est alors que Youssou Ndour m’a approché et depuis, il est devenu mon parrain.
C’est dire donc que Youssou Ndour est votre source d’inspiration ?
Bien évidemment, You, c’est mon idole. C’est grâce à lui que je suis musicien et grâce à lui j’ai toujours envie de faire de la musique. Je fais partie de son label et d’ailleurs, c’est lui qui a produit tous mes albums. On dit aujourd’hui au Sénégal que si You arrête de chanter je suis mieux placé pour le remplacer.
Justement, You est presqu’ au terme de sa carrière musicale au regard de son engagement politique. Comment avez-vous perçu le rejet de sa candidature par la Cour Constitutionnelle ?
Quelque part, je me dis que c’est la loi et nul n’est au dessus de la loi. D’autre part, cela m’a fait mal d’autant plus que je partage avec lui cette nouvelle. Il tenait vraiment à se présenter car il pense avoir les atouts nécessaires pour diriger le Sénégal.
Pensez-vous qu’il a vraiment ces atouts dont il se prévaut?
Bien sûr ! Il a un très bon projet pour le Sénégal et le plus nécessaire c’est l’amour qu’il a pour la patrie. Il fait beaucoup pour son pays et en tant que Sénégalais il à lui aussi le droit de diriger son pays.
À la veille de l’élection présidentielle au Sénégal, le pays connait des manifestations réclamant le départ du Président Wade. Quel message avez-vous à l’endroit du peuple ?
La politique ne doit pas gâter notre pays. Nous devons aller aux urnes et voter intelligent. Nous sommes tous pareils. Je ne demande que la paix, c’est désolant de voir les émeutes de gauche à droite. Nous sommes une famille et la violence ne peut rien résoudre. Je prie chaque jour pour demander à Dieu de rétablir la paix au Sénégal.
Qu’entends tu par voter intelligent?
Voter pour un président qui puisse repondre aux attentes des Sénégalais.
Que pensez vous de la musique malienne ?
J’adore la musique malienne, car c’est l’une des musiques encore pures. Les artistes respectent les rythmes et les mélodies anciens. Le Mali, c’est un pays que j’aime. D’ailleurs, dans mon dernier album, j’ai dédié un titre ” njaragama ” aux femmes maliennes.
Un mot sur le festival sur le Niger
Un grand coup de chapeau aux organisateurs du festival sur le Niger. C’est un très grand évènement et mon souhait serait que les autres pays s’inspirent de cette organisation. Je suis également touché par le nombre impressionnant d’Occidentaux malgré les tapages médiatiques sur l’insécurité dans nos pays.
Cela montre vraiment que les gens en disent trop et ça fait plaisir de voir un nombre vraiment important qui sont en quelque sorte des témoins de la vérité de notre continent. Une fois de plus chapeau aux organisateurs.
Clarisse CJIKAM
cnjikam2007@yahoo.fr