La qualité de l’enseignement supérieur dans la sous-région ne répond pas aux attentes de l’Union économique et monétaire ouest africain. L’Uemoa a ainsi engagé des gros moyens pour changer la donne. Elle a élaboré une politique d’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, adopté des directives, ouvert des chantiers et lancé des projets et programmes dans tous les Etats membres de l’Union.
L’atelier a donc pour objectif de contribuer à améliorer l’application des textes communautaires au Mali. Il s’agit spécifiquement d’informer et de sensibiliser les décideurs, la Société Civile et les acteurs sur les programmes et les dispositions réglementaires communautaires relatives à l’enseignement supérieur et de faire le point de leur mise en œuvre au plan régional et national.
Le représentant de la commission de l’Uemoa au Mali, François Akoko, a expliqué que le présent atelier se déroule presque 2 mois après les Concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Mali. « Cette concertation qui a permis aux autorités de jeter un regard critique sur les insuffisances de l’enseignement supérieur au Mali, participe aux efforts de la Commission de l’UEMOA, pour faire de l’enseignement supérieur, un des moteurs de croissance économique et un vecteur d’intégration, à travers la qualité des ressources humaines et la pertinence des résultats de recherche et des innovations mises au service du développement de la sous-région… », a affirmé le chef de la représentation de la commission de l’Uemoa.
Refondation de l’enseignement
Consciente donc du rôle primordial de l’enseignement supérieur dans l’intégration régionale, la Commission de l’Uemoa a engagé, avec les Etats membres, des actions structurantes pour la refondation de l’enseignement à travers plusieurs projets notamment le Projet d’Appui à l’enseignement supérieur (PAES) ; le Programme d’appui et de développement des centres d’excellence régionaux de l‘Uemoa (PACER) ; le Projet d’appui au développement des TIC pour le renforcement des capacités de mise en œuvre de la reforme LMD dans les Institutions d’Enseignement Supérieur de l’Uemoa (PADTIC) ; le Projet LMD (Licence, Master, Doctorat) ; le Programme de soutien à la formation et la recherche de l’excellence…
Le PACER vise, entre autres, à améliorer l’offre régionale de formation et de recherche de niveau troisième cycle des pays membres de l’Uemoa ; à renforcer la qualité de la formation et de la recherche dans les institutions de formation ; et à appuyer la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs de la région. Pour ce dernier, une directive a été adoptée en 2005 (Directive n° 01/2005/CM/UEMOA sur l’égalité de traitement des étudiants ressortissants de l’UEMOA). Cette directive demande d’accorder aux étudiants ressortissants de l’Uemoa les mêmes conditions et droits d’accès aux institutions publiques d’Enseignement Supérieur des Etats membres de l’Union. Si un étudiant malien paye 5000 FCFA de frais d’inscription, celui du Burkina Faso ou du Togo doit payer les mêmes frais comme s’il est dans son propre pays. Seuls 3 pays de l’Uemoa (le Burkina Faso, la Guinée Bissau et le Niger) appliquent à ce jour cette directive.
Dans le cadre du Pacer, l’Uemoa a aussi entrepris la promotion de Centres d’excellence régionaux (CER) dans la sous-région. Un programme de labellisation est en cours depuis 2006 et met en compétition les institutions d’enseignement supérieur des Etats membres de l’Union. La première édition (2006-2009) a permis de labelliser 12 CER et la seconde (2012-2014), 8 CER.
Pour François Akoko, ces programmes régionaux constituent une réponse globale à l’ensemble des problèmes cruciaux de l’enseignement supérieur dans les pays de l’UEMOA. « Ils ont commencé à porter des fruits, ici et là dans l’espace communautaire », a-t-il indiqué.
En effet, le Pacer a contribué à améliorer de façon significative la performance des CER. 860 étudiants ont été inscrits dans les 12 centres dont 63 doctorants. 99 enseignants ont reçu des soutiens dans 20 disciplines. Aujourd’hui 20 Centres d’Excellence Régionaux (CER) sont labellisés dans 6 pays de l’Union. 18 autres centres qui n’ont pas encore le label « Centre d’excellence de l’UEMOA » sont appuyés par l’Union afin d’améliorer leurs capacités. Ce programme a coûté 4,15 milliards F CFA à l’Uemoa. Le label pour les CER a permis, entre autre d’accroitre les effectifs des inscrits en 3ème cycle ; de renforcer le dynamisme des CER et d’assurer leur viabilité à long terme.
Mise en commun des efforts
D’autre part, il y a le PAES (Projet d’appui à l’enseignement supérieur) dont les objectifs sont de contribuer au développement des ressources humaines qualifiées dans les pays de l’UEMOA ; d’améliorer les systèmes d’enseignement supérieur ; et de favoriser l’intégration régionale en matière d’enseignement supérieur. Les résultats sont appréciables. Un document de politique régionale de l’enseignement supérieur a été élaboré suite à la révision de la politique nationale du Niger et à l’élaboration de celle de la Guinée-Bissau. La réforme LMD est bien ancrée dans le cursus universitaire des Etats membres. Des nouveaux curricula conformes au LMD ont été élaborés avec notamment la définition de 22 filières porteuses par pays ; etc.
Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Me Mountaga Tall, s’est réjoui que l’Uemoa ait accordé une attention particulière à la revitalisation de l’enseignement supérieur dans l’espace communautaire. Mais les défis sont immenses. C’est pourquoi Me Tall appelle à la mise en commun des efforts des Etats pour relever ces défis.
« Le Mali adhère pleinement à la démarche communautaire et entend jouer sa partition dans la mise en place d’un système d’enseignement supérieur complémentaire et intégré tirant profit des avantages comparatifs entre les Etats membres… », a souligné le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Idrissa Maïga