Élection présidentielle du 28 juillet : Compte à rebours sur fond de polémiques et d’incertitudes

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Le pari fait par le Gouvernement de Transition et la communauté internationale de tenir l’élection présidentielle le 28 juillet sera t-il tenu ?  La question, qu’on croyait définitivement tranchée avec les assurances maintes fois données aussi bien par le Ministère en charge des élections que par la Délégation générale aux élections, est revenue brutalement au devant de la scène après les déclarations faites la semaine dernière par le Président de la Ceni en personne.

 

 

Mamadou Diamoutani, President de la Commission Electorale Nationale Independante (CENI)
Mamadou Diamoutani, President de la Commission Electorale Nationale Independante (CENI)

Repris par la presque totalité des grands médias, les propos de Monsieur Diamoutani ont en effet provoqué un grand émoi  au Mali comme à l’extérieur.

 

 

Si au sein de la classe politique malienne, l’on n’a quasiment pas enregistré de réactions publiques, il n’en demeure pas moins que l’éventualité d’un report du scrutin présidentiel fait  désormais l’objet d’intenses débats,  discussions et concertations dans les staffs de campagne mis en place par les candidats. Il faut souligner que ces derniers, tout comme les partis et organisations qui les soutiennent, avaient fini par se faire à l’idée que l’échéance de  juillet était incontournable, en jetant toutes leurs forces dans la bataille, malgré les réserves que leur inspirait un calendrier électoral aussi contraignant que celui retenu par la Communauté internationale pour le Mali.

 

La relative discrétion de la classe politique malienne suite aux déclarations de Monsieur Diamoutani tranche en revanche avec celle de  nos partenaires, et en particulier la France qui, par l’intermédiaire du Porte-parole du Quai d’Orsay, a promptement réagi aux propos du Président de la Ceni en affirmant que « rien ne s’opposait  objectivement » à la tenue de l’élection présidentielle dans les délais impartis.

 

 

Entre ces deux prises de positions pour le moins situées aux antipodes l’une de l’autre, laquelle faudrait- il croire, à quel saint faudrait-il se vouer ? C’est le dilemme cornélien qui se pose à nouveau aux Maliens à propos d’un calendrier électoral imposé au forceps par une communauté internationale manifestant à l’évidence beaucoup de lassitude à l’égard de l’interminable crise politique que connaît le pays depuis mars 2012.

 

 

Plus profondément, la question est de savoir s’il faut écarter d’un revers de main l’avertissement lancé par le Président de la Ceni ?  A cet égard, il faut souligner que sur la question de la possibilité ou non de respecter le calendrier électoral fixé pour la fin de la Transition, la Ceni a toujours pris ses distances avec les prévisions des autorités, en exprimant son scepticisme dès le début du processus électoral. L’on se souviendra de la fameuse conférence de presse qu’elle a animée il y a quelques mois pour tirer la sonnette d’alarme et pointer du doigt les insuffisances constatées et les retards accusés sur le plan de la préparation technique des scrutins programmés cette année.

 

Que Monsieur Diamoutani émette aujourd’hui des réserves sur la possibilité de procéder à la distribution des cartes Nina, qui feront office de cartes d’électeur et qui ne sont pas encore parvenues à tous les électeurs ou sur la tenue de l’élection à Kidal, n’a par conséquent rien de choquant. Si l’on veut positiver, on devrait  plutôt se féliciter de la vigilance dont fait preuve le Président d’un organe indépendant dont la mission est de superviser l’organisation des élections afin qu’elles répondent aux normes de sincérité et de régularité fixées par la loi électorale. Sous cet angle, les propos de Monsieur Diamoutani, au lieu de provoquer la panique, doivent être perçues comme une pression salutaire sur les administrations électorales afin que toutes les diligences soient effectuées pour la tenue d’un scrutin crédible sur l’ensemble du territoire national.

 

 

Tout porte à croire que la réaction du Quai d’Orsay ne procède pas d’une telle lecture  bienveillante et qu’elle a pour destinataires tous ceux  qui, et ils semblent nombreux au sein de l’actuelle équipe de Transition, tablent sur une éventuelle prorogation de celle-ci, ne serait-ce que pour quelques mois.

 

 

La France redoute en effet que, sous prétexte d’insuffisances dans la préparation des élections, les autorités maliennes ne soient tentées d’œuvrer pour une prolongation dans un match qui n’a que trop duré à ses yeux.

 

 

Le dernier remaniement ministériel intervenu dans notre pays et les bouleversements qu’il a entraînés au sein d’un département aussi stratégique que celui des Finances ont fortement contribué à renforcer les appréhensions de notre partenaire le plus engagé dans la résolution de la crise politico sécuritaire. Pour les Français, comme pour les Américains du reste, dans les conditions qui sont celles du Mali, mieux vaut organiser des élections imparfaites que de maintenir le statu quo d’une Transition qui renforce les incertitudes sur l’avenir.

 

Si les autorités françaises affichent une belle assurance sur le maintien de la date du 28 juillet, y compris sur la tenue de l’élection à Kidal, le silence des autorités maliennes sur la question après les déclarations du Président de la Ceni est assez troublant. Sont- elles du même avis que Monsieur Diamoutani ? Quant aux candidats en lice, la plupart d’entre eux ne cachent pas, en privé, les difficultés, notamment financières,  qu’ils auraient à rencontrer dans l’hypothèse d’un report en rappelant leur attachement, quoiqu’il advienne, à l’organisation de la présidentielle dans tout le Mali.

Birama FALL

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9 COMMENTAIRES

  1. Je ne comprends absolument pas ce Diamoutani et sa Ceni. Ils vont quand même pas nous dire qu’ils ne sont là qu’après le coup d’état(mars2012) ou après l’intervention française. Ils ont plus que le temps nécessaire pour que cette élection se tienne le 28. Ou alors ils veulent s’éterniser dans cette structure budgétivore qui au final ne sert pas à grand chose vu que c’est la DGE qui gère le fichier électoral. Et si tout ce temps la Ceni n’a rien foutu elle doit être entendue.

  2. Bonjour,
    Certains pensent faire la chasse aux sorciers/sorcières.

    Ce n’est sûrement pas le moment de faire tomber des têtes en cette période de transition, mais d’assoir une BONNE ORGANISATION pour réussir l’élection présidentielle de juillet 2013, c’est encore possible.

    NOUS NE DEVONS PAS BLOQUER LE PROCESSUS GLOBAL EN INTRODUISANT DES DOUTES.

    Voici ma proposition:
    Après quelques jours pour la mise à jour du fichier électoral et en associant le privé et les opérateurs économiques, on pourrait rapidement distribuer les cartes NINA.

    La contribution, l’implication de tous (Maliens et partenaires) ET une bonne organisation constituent la solution pour venir à bout des doutes.

    Les Maliens et les partenaires ont intérêt à se prendre les mains dans les mains pour éliminer ces doutes et assoir une bonne organisation pour réaliser une élections crédible et transparente à la date prévue de juillet 2013.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC/GOUVERNANCE
    [email protected]

  3. A partir de ce jour, 1ier juillet, le ton va changer avec l’arrivée cette force d’interposition.
    Moi, j’aurais de tout mon cœur souhaité qu’on prenne le temps nécessaire pour bien organiser et tenir ces élections afin d’en sortir gagnant une fois pour toutes.
    Aujourd’hui, ce sont les partenaires techniques et financiers qui mettent la pression en oubliant qu’ils sont entrain de construire une maison sans toit, et qu’en cas de pluie ils seront les premiers à etre appelés à nous secourir…

    Si on tient ces élections à la date indiquée(juillet), on élira qu’un président par intérim comme Dioncounda car nul ne va l’écouter,il fait chaud et on lui dira de se taire car il vient d’arriver…

  4. Je comprends parfaitement la position et l’inquiétude de la France et des Etats Unis qui ne cessent de donner leur argent et leurs hommes pour la cause du Peuple du Mali et non pas pour ces prédateurs de Dioncounda et sa bande.
    Les Maliens ont compris avec la communauté internationale que le réaménagement gouvernemental n’est d’autre chose qu’écarter des finances les honnêtes gens tel que Tiéna Coulibaly pour pouvoir voler.
    De son coté Diamoutani grand correct, doit accepter ces élections pour abréger la souffrance des maliens. Sachant que même si on donnait l’appareil organisationnel d’élection français ou américain aux dirigeants maliens, ils tenteraient de tricher.
    Mais ils pourront jamais, car le Bon Dieu n’abandonnera pas le Mali.

  5. Bonjour,
    Il est souhaitable de respecter le calendrier de l’élection Présidentielle au Mali, afin : d’éviter la persistance du Mali dans l’état d’exception et d’avoir un pays souverain, de garder les partenaires du Mali pour l’accompagner et contribuer à des élections crédibles et transparentes et pour la reconstruction durable du Mali, d’assurer, le plus rapidement possible, la sécurité et la paix au Mali à travers de telles élections garantissant la confiance de tous.

    L’argent étant le nerf de la guerre mais aussi de la paix, il est impératif d’avoir l’accompagnement de tous les partenaires du Mali, ce qui ne sera garanti que si l’élection se fait vite, en respectant le calendrier prévu du 28 Juillet 2013.

    Enfin, ça sera une bonne chose si l’élection au Mali se tient pendant le ramadan, mois béni, où règnera la paix et la quiétude.

    Tout est ENCORE POSSIBLE à travers une BONNE ORGANISATION.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC/GOUVERNANCE
    E-mail: [email protected]

    • Salut frere Anasser, heureux de te revoir. Bref tout a fait, nous devons remuer ciel et terre pourque ces elections se fassent a cette date prevue. Meme si ca ne sera pas assez parfait, de toute facon y a jamais d’elections parfaites nul part dans ce monde. Plus on traine les pattes, plusxon s’ enfonce et plus encore le Mali continuera a etre sous tutel de la minusma et nous serons jamais maitres de nous memes. Pire la parition s’ installera d’avantage. On a interet a aller aux urnes le plutot possible.

      • Bonjour,
        Cher frère, 1FILSDUMALIBA, tu as raison, le plus tôt sera le mieux pour libérer toutes les énergies et reconstruire, tous ensemble, le pays.

        Bien cordialement
        Dr ANASSER AG RHISSA
        EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
        E-mail: [email protected]

  6. Ecoutez, mettons fin à cette transition qui n’a que trop duré. Au finish nous ne serons jamais prêts.

  7. vraiment on est dans un vrai dilemme plus que cornélien qui ne dit pas son nom? Quoique les déclaration de Mr Diamoutani sont dignes de foi et surtout venant d’un homme très pieux et indépendant d’esprit comme lui ! oui Mr Diamoutani pour tes 4 vérités assénées , n’en déplaisent à ceux la qui veulent bacler la toute prochaine élection ! mais non pour que cette présidence intérimaire farfélue et tant décriée à se maintenir eternellement aux commandes , pour davantage de fois à spolier le peuple avec son corollaire de faux et usage de faux ? Que nenni tout sauf une prolongation de ce govt de transition qui n’a brillé que par des forfaitures et d’incompétences avérées!

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