«On a bouffé tout ce qui appartenait au Mali». Cette déclaration émane d’un vieil homme qui n’en pouvait face à l’ampleur de la spéculation foncière. Le gouvernement, qui est très attendu sur ce terrain par la population, doit prendre des mesures draconiennes s dans la gestion du foncier à Bamako et dans sa banlieue.
La prochaine révolution partira de là, car, à n’en pas douter, les populations sont excédées. Depuis l’avènement de la démocratie, la spéculation foncière est devenue un commerce juteux, en raison essentiellement de la connexion ou la complicité entre les spéculateurs fonciers et les pouvoirs publics.
Dans bien de cas, les responsables des Domaines et de l’Administration se trouvent au cœur de ce système mafieux et crapuleux. Il est établi depuis ces vingt dernières années une dilapidation éhontée des réserves foncières urbaines de la part des autorités administratives et des élus locaux.
Lorsque l’attribution des lots à usage d’habitation a été placée sous l’autorité des maires des communes du district de Bamako, ce fut la hantise au niveau des citoyens les plus pauvres. Et dès lors, c’est la naissance des quartiers spontanés et des litiges entre le conseil municipal et les chefs de quartiers.
L’opération sauvons notre quartier initiée en 1991 avait pour but, la viabilisation, la réhabilitation des quartiers spontanés du district, la sauvegarde et la sécurisation des réserves foncières et la mise en place d’équipements et d’infrastructures communautaires. Mais hélas ! Que de pleurs des populations concernées à la limite de la persécution. Pourtant, les spéculateurs fonciers continuent toujours de bénéficier de la protection dans les hautes sphères de l’Etat.
Ces crapules, au lieu de rendre compte de leur forfaiture, ont été promues à de hautes responsabilités à la présidence de la République. Cependant, la terre comme stipule le code domanial appartient à l’Etat ; la mauvaise foi aidant les princes du jour, qui se confondaient à l’Etat, ont fait haro sur les terres des six communes de Bamako. Pour eux, l’Etat c’est nous.
Au demeurant, la spéculation foncière en commune I est celle qui a défrayé la chronique sous le couvert de cas sociaux. Les gouverneurs du district (de 1992 à nos jours) et les maires de la commune I, qui se sont succèdés de 1992 à nos jours, ont spolié toutes les parcelles à usage d’habitation réservées aux déguerpis dont le nombre portait sur 1.500 familles pour les cinq quartiers spontanés. La fâcheuse implication, sinon la complicité dans bien de cas, des différents gouverneurs de Bamako a favorisé la spéculation foncière.
Sous le règne du gouverneur Cissé, cinq des six maires des communes ont été suspendus et certains ont été jetés en prison. Sous un autre colonel de l’Armée, la liste des cas sociaux dépassait celle des ayants droit. Ce colonel avait transformé son domicile en agence immobilière au su et au vu des plus hautes Autorités.
Malgré toutes ces forfaitures, nos deux colonels prédateurs n’ont jamais été inquiétés à défaut de subir une sanction de leur hiérarchie. La spéculation foncière a pris une ampleur inégalée lorsque les bidasses ont été promus tout au sommet de l’Administration publique.
Tel des rats dans un magasin de fromage, ils sont retrouvés parmi les plus grands propriétaires fonciers de Bamako.
Amy SANOGO