Le premier, le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), Imam Mahmoud Dicko reçoit un appel inhabituel du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga pour lui annoncer cent millions de FCFA de la part du Président de la République. Mais l’argent liquide qui atterrit équivaut à la moitié du montant promis. Par voie de presse audio-visuelle et de réseaux sociaux, le peuple malien est informé du refus de l’Imam qui déclare que l’envoyé du Premier ministre peut repartir avec ce cadeau et l’utiliser plutôt pour abriter et entretenir les déplacés du centre et du nord qui peinent à survivre.
Le deuxième, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita prend son téléphone pour appeler son challenger malheureux à la dernière présidentielle malienne, Soumaïla Cissé, qui ne reconnait pas outre mesure sa victoire. Le chef de file de l’opposition n’a pas rejeté l’appel de son grand frère. Par voie de réseaux sociaux les Maliens sont informés de l’avènement de cet échange, sans en dire un mot du contenu de l’entretien entre le Président IBK et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé.
D’habitude, de telles prouesses dans l’exercice de la transparence ne sont pas habituelles dans la conduite des organisations politiques et de la société civile au Mali. Quand les organisations reçoivent de l’argent, seuls quelques membres en sont tenus informés. Pareillement, un coup de file entre le Président et le chef de file de l’opposition serait couronné d’ostracisme et les journalistes tenus à l’écart.
Ces deux évènements qui sortent du sentier battu traduisent une nouvelle dynamique de transparence, qui peut ou ne pas continuer, raviver les espoirs ou les décevoir. Peut on croire que désormais la réception des financements publics du Haut conseil islamique sera devant les cameras de la transparence ? Le peuple malien sera-t-il informé en temps réel des coups de fil futurs entre Soumaïla Cissé et IBK ?
Cet appel téléphonique, confirmé par la suite par IBK à la télévision nationale, laisse entrevoir une rencontre entre les deux hommes dans un futur proche. « J’ai appelé mon jeune frère Soumaïla Cissé, il n’y a rien d’extraordinaire à cela. Et je vais l’accueillir comme il se doit entre frères ». Attendons de voir, et en espérant que les réseaux sociaux ne seront pas coupés. Si ce pas vers la détente se réalisait, ce n’est pas tant les retrouvailles entre frères fâchés, que leur capacité à trouver rapidement une solution à la crise malienne à multiple facettes (sécuritaire, politique postélectorale, socio-économique et financière accentuée par les tensions de trésorerie et une crise morale) qui importe.
B. Daou