Des armes de Kadhafi récupérées par Aqmi au Sahel

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 INFO LE FIGARO – À chaque conflit, ses profiteurs de guerre. La crise en Libye a déjà trouvé les siens: les combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui sont devenus, depuis le début des frappes, les destinataires d’un trafic d’armes organisé par les islamistes.


Les autorités françaises ont la certitude qu’Aqmi a réussi à se procurer des armes lourdes et peut-être même des missiles sol-air provenant des stocks de Kadhafi. Ici, un rebelle libyen (illustration). Crédits photo : -/AFP

Le 12 juin dernier, l’armée nigérienne a saisi à la frontière 640 kg d’explosifs et presque autant de détonateurs en provenance des stocks d’armes libyens abandonnés par les forces de Kadhafi, soumises aux bombardements de l’Otan. Selon les informations obtenues par Le Figaro, l’explosif était du semtex, un matériel de qualité militaire. Un deuxième véhicule, lui aussi rempli d’armes, aurait échappé aux soldats nigériens et se serait évanoui dans la nature.

Opérations d’interception

Ce n’est pas la première fois que des armes et des munitions en provenance de Libye sont interceptées dans la région du Sahel, où ont pris pied les djihadistes d’Aqmi. La France, qui déploie dans cette zone – où quatre de ses ressortissants sont retenus en otages par Aqmi – de gros moyens de renseignement et des forces spéciales, y effectue régulièrement, dans la plus grande discrétion, des contrôles et des opérations d’interception. «Les forces françaises déployées dans le Sahel savent où sont les groupes, elles les suivent, elles voient tout. Elles sont déjà tombées sur des véhicules transportant des armes en provenance de Libye. Mais elles n’interviennent pas toujours, afin de ne pas mettre en danger la vie des otages», explique un spécialiste du dossier.

Selon un responsable français interrogé par Le Figaro, les tentatives d’infiltration d’Aqmi en Libye, qui voulait y mener «des opérations antioccidentales», ont pour l’instant échoué. Comme ont échoué les velléités d’infiltrer le Conseil national de transition (CNT) d’islamistes affiliés à al-Qaida. Les autorités françaises ont en revanche acquis la certitude qu’Aqmi a réussi à se procurer des armes lourdes et peut-être même des missiles sol-air provenant des stocks de Kadhafi. «La crise libyenne constitue un effet d’aubaine pour Aqmi», poursuit cette même source.

Vaste opération au Mali

La France, dont Aqmi a fait sa cible principale, n’est pas la seule à s’inquiéter des débordements de la crise libyenne dans le Sahel. Réunis jeudi à Madrid, les ministres de l’Intérieur du G6, un groupe informel réunissant les six plus grands pays de l’Union européenne, se sont inquiétés de «l’apparition d’armes de l’armée libyenne entre les mains des terroristes». «La crise en Libye a une influence sur Aqmi», a admis Alfredo Pérez Rubalcaba, le ministre espagnol, soulignant le risque d’une expansion de l’organisation terroriste dans la région et exhortant ses collègues européens à agir d’urgence pour la freiner. Traditionnellement implantée en Mauritanie, au Niger et au Mali, al-Qaida au Maghreb islamique a récemment créé de nouvelles cellules au Sénégal et au nord du Nigeria.

Ce développement de l’organisation terroriste inquiète également les gouvernements des pays du Sahel. Depuis une semaine, les armées mauritanienne et malienne sont ainsi engagées dans une opération militaire de grande envergure visant à empêcher l’implantation d’une nouvelle base d’Aqmi dans la forêt du Wagadou, dans l’ouest du Mali. L’opération, autour de laquelle ni les États concernés ni la France n’ont vraiment communiqué, aurait déjà fait dix-sept morts.

Par Isabelle Lasserre – LE FIGARO – 01/07/2011

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