Après des jours d’attente les consommateurs sont déçus. Ils ne voient pas de traces des fameuses baisses de la transition sur les produits de grande consommation.
La mesure destinée à frapper les esprits s’est averée pour l’instant un flop magistral. Ennuyeuse. Les consommateurs ont beau se frotter les yeux, ils ne voient pas de traces des fameuses baisses de la transition sur les produits de grande consommation. Hamadi Diabaté, ingénieur est désagréablement surpris, et se demande pourquoi les parties prenantes ne font pas les choses dans les règles de l’art en respectant les engagements pris. « Ou les boulangers feignent de ne pas l’avoir entendu et attentent de cumuler le double bénéfice des subventions gouvernementales et de la hausse du prix du pain. Ou le gouvernement nous roule carrément dans la farine ». Les boulangers ne l’appliquent pas du tout. Le pain sensé être de 250 grammes- puisqu’il ne l’est pas en réalité- a grappillé 50 francs pour s’établir à 300 francs la baguette. La corporation s’est engagée à revenir au statu quo ante.
La Fédération syndicale des boulangers et pâtissiers du Mali (FSBPM) ne pourraient plus cette fois prétexté qu’elle n’a pas eu le temps de donner la bonne information à leurs mandats. Peut-être qu’elle pourrait indexer les industriels pour expliquer qu’aucune baisse des prix ne peut intervenir tant qu’ils ne modifient pas d’abord les tarifs auxquels ils vendent leurs produits aux distributeurs. Modibo Keïta, meunier, a proposé de faire un geste dans ce sens, hautement apprécié du gouvernement de la transition selon nos sources. A-t-il joint l’acte à la parole ?
Les étiquettes ne bougent pas
Les baisses promises ne sont également pas effectives sur l’huile, la viande et bien d’autres produits. « Pantois », les consommateurs observent le peu d’empressement des acteurs de la filière viande à mettre en avant ces baisses. De ce côté, les yeux sont rivés sur les étiquettes des vendeurs d’aliments bétail dont les prix orientés à la hausse ont justifié une augmentation du prix au kilo de la viande bovine et de petits ruminants. Ici aussi les prix devraient retrouver leur niveau d’avant crise.
Pour résoudre ce problème, il va falloir remobiliser les principaux partenaires et jouer cartes sur table, autrement dit faire un point d’étape, passer en revue les points de friction. C’est à ce prix qu’on pourrait sortir de l’auberge.
Les boulangers et pâtissiers avaient observé une grève de deux jours, suivi plus tard d’un autre mouvement d’humeur pour obtenir la restauration du prix consensuel national de la baguette de pain qui à leur niveau actuel ne leur permet pas de gagner décemment leur vie. Ils étaient hantés par une situation intenable due à la hausse du sac de la farine de blé qui avait grimpé à 20. 000 francs. Boulangers et pâtissiers entendaient ainsi contraindre le gouvernement à prendre les mesures idoines pour sauver le secteur.
La corporation avait lancé un véritable cri d’alarme dans une correspondance adressée au ministre du Commerce et de la concurrence en exigeant une baisse du prix du sac de la farine ou le maintien du prix initial. « Nous perdons de l’argent. Beaucoup de boulangers ont fermé » racontait Alou Cissé,promoteur.
La grève avait eu un impact négatif sur le secteur de la restauration et les ménages. Les gargotières avaient subi de grosses pertes, à l’image de Maïmouna opposée à toute augmentation. « Les boulangers peuvent continuer leur action avec une ténacité accrue pour revaloriser leur profession, en réglant autrement leur problème social que la hausse de la baguette de pain».
La hausse du prix de la baguette a sensiblement affecté le pouvoir d’achat des ménages et contraint d’aucuns à trouver des substituts, notamment la galette ou en alternant petit déjeuner avec pain et bouillie. Conséquence : les ventes ont piqué du nez, le chiffre d’affaires avec.
Georges François Traoré