Intervenu après le limogeage de Choguel Maïga au lendemain d’un certain meeting de la «clarification», l’avènement à la Primature du Général Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territorial, porte-parole dans l’équipe démissionnaire, a été accueilli avec une salve d’opinions favorables, à la dimension de la jubilation suscitée par le départ de son prédécesseur. Seulement voilà : trois mois après, les voilà lui et son gouvernement végéter dans l’irrégularité totale. En effet, le PM-Général Abdoulaye Maïga, nommé le 21 novembre 2024, n’a pas jugé opportun de sacrifier à l’exigence constitutionnelle de requérir l’onction de la représentation nationale pour mener sa politique. Est-ce parce qu’il manque de programme et de touche propre à imprimer à l’action gouvernementale ? Il est vrai que le PM pourrait se prévaloir de l’avènement d’une nouvelle constitution qui lui épargne cette exigence, d’aucuns expliquent cette posture du Général de Division par son incapacité à proposer un chronogramme détaillé des élections générales devant mettre un terme à la Transition par un retour à l’ordre constitutionnel. Présent dans la lettre de cadrage du président de la Transition, il paraîtra en effet incongru et inadmissible de proposer une politique générale à l’organe législatif de transition sans un chronogramme détaillé.
Et si le PM Maïga peut se défausser en évoquant les congés parlementaires, la même constitution, qui oblige le premier ministre à présenter sa politique générale, investit également le gouvernement de la prérogative de convoquer une session extraordinaire pour les besoins de la cause.
Et s’en tenir aux propos du premier ministre tombé en disgrâce, la constitution de 2023 n’est pas encore rentrée en vigueur. En attendant, nous restons dans la 3e République, qui oblige le PM de présenter, dans les 90 jours de sa nomination, une déclaration de Politique Générale qui engage au passage la responsabilité de son gouvernement.
À noter que cette tradition républicaine n’est toutefois un passage obligé pour le PM qu’en vertu de l’ancienne constitution selon laquelle la DPG intervient avant toute adresse des membres du gouvernement devant les représentants du peuple.
Amidou Keita