Succombé suite à des blessures reçues au combat, le mardi 20 avril, selon la télévision nationale Tchadienne, alors qu’il venait d’être réélu pour un 6ème mandat avec un score de plus 79%, le Président Idriss Déby Itno laisse le Sahel, notamment le Mali, orphelin d’un allié sûr dans la lutte contre le terrorisme.
Le Sahel pleure son gendarme qui a choisi la manière héroïque et digne d’un militaire en émettant son dernier souffle pendant qu’il défendait l’intégrité territoriale du Tchad. Comme un messie, le défunt Maréchal du Tchad avait prédit son décès. « Je préféré aller mourir sur le terrain que de voir le désordre qui s’en suivra dans ce pays », avait déclaré Idriss Déby Itno devant la presse quelques jours après son retour sur les théâtres des opérations qui avaient conduit à chasser Boko Haram hors du lac Tchad. Un vrai militaire qui n’hésitait pas à se priver des plaisirs de son Palais pour affronter avec ces troupes le soleil ardent du Sahara.
Le désordre qu’il détestait voir dans son Tchad natal qu’il a dirigé pendant trois décennies, il n’aimait pas que ce désordre s’installe dans le Sahel. Et c’est qui a motivé l’intervention de l’armée Tchadienne depuis 2013 jusqu’à nos jours au Mali et dans les frontières nigériennes et Burkinabé dans la cadre de la lutte contre le terrorisme. .
Ce fils d’éleveur devenu président avec la forces des armes avait choisi de soutenir aux côtés de l’armée française un pays frère, le Mali. Ce, au moment où les autres Chefs d’Etat d’Afrique et du monde entier hésitaient à envoyer leurs troupes pour combattre les groupes terroristes. Idriss Déby Itno donna l’exemple en envoyant un régiment d’infanterie de 1 200 hommes et deux bataillons d’appui, soit environ de 2 000 hommes. Ce contingent nommé forces armées tchadiennes d’intervention au Mali (FATIM) était dirigé par trois généraux, dont la force de la Direction générale de service de sécurité des institutions de l’État (DGSSIE) dirigée par le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président Idriss Déby.
Ces forces spéciales tchadiennes parties de Kidal en début février 2013 vont renforcer le dispositif français à la suite de la prise de Tessalit et participent aux opérations françaises dans le nord-est du Mali, notamment dans l’Adrar des Ifoghas, où l’unité terroriste commandée par l’Algérien Abou Seid sera vaincue. Bien que le nombre du contingent Tchadien sera revu à la baisse avec le déploiement des Casques Bleues de la MISMA, plus tard MINUSMA, le Tchad de Idriss Déby demeure le seul pays qui a envoyé le plus grand nombre de militaire au Mali et à payer le prix lourd tribut avec environ 70 combattants tués.
Un deuil trois jours décrété au Mali
Ce sacrifice suprême de l’armée de ce pays frère, le peuple malien ne l’oubliera pas. Aussitôt l’annonce du décès du Président Idriss Déby, les messages de condoléances ont plu et continuer à pleuvoir dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le Président de la transition du Mali, Bah N’Daw a décrété un deuil national de trois jours à commencer ce mercredi. Les drapeaux du pays ont été mis en berne en mémoire de ce digne fils du Sahel. « La disparition du Président Idriss Deby Itno est une lourde perte, non seulement pour son pays, le Tchad pour lequel il est allé jusqu’au sacrifice suprême, mais aussi pour la région sahélienne et l’Afrique. Il s’est illustré dans notre histoire récente qu’il a d’ailleurs contribué à façonner par son engagement et sa vision d’une Afrique unie et forte », a indiqué le chef de l’Etat Malien dans un communiqué lu sur la chaine nationale. Lequel a témoigné de leur reconnaissance et de la gratitude du Mali au Peuple et au Gouvernement du Tchad pour le soutien multiforme apporté, sous la direction du Maréchal, à la paix, à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Outre cette réaction du Président Bah N’Daw, plusieurs hommes politiques maliens ont témoigné leurs condoléances au peuple Tchadien. « Le Président Déby Itno est mort les armes à la main, au front. Les Maliens n’oublieront jamais son engagement pour la liberté du Mali: de la vallée de l’Ametettaï dans l’Adagh (2012) au Liptako Gourma (2021). L’héroïsme des soldats tchadiens fait partie de l’histoire du Mali », a témoigné l’ancien ministre des affaires étrangères Tiébélé Dramé. Le premier ministre, Moctar Ouane, estime que « le Mali perd un allié essentiel dont l’engagement est sans limite dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ». Et quant à l’ancien premier ministre, Soumeylou Boubèyele, qui l’a rencontré, le 12 avril 2021, après les opérations de vote lors des élections présidentielles du Tchad soutient que « les conditions de son décès illustrent à la fois son engagement et sa combativité constants auprès de ses troupes engagées aux fronts. ».
A l’unanimité, les témoignages affirment que le Mali et les autres pays du Sahel perdent en lui un allié fondamental. Et cela n’aura pas sans conséquence dans la lutte contre le terrorisme tant que la rébellion et la crise institutionnelle persistent au Tchad.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net