En huit (08) ans soit allant de la chute de feu le Général Amadou Toumani Touré en passant par la période transitoire et les sept (07) ans d’Ibrahim Boubacar Keïta, la France d’abord de François Hollande venue en salvatrice entre 2012 et 2013 et celle de Macron s’érigeant en ré-équilibriste au détriment du Mali et ce jusqu’à la date fatidique du 20 août 2020 qui chamboulera tout le programme politique malienne de la France.
Coulisses d’une présence non transparente
En mars 2012 à seulement quelques mois de la fin du second et dernier mandat de feu le Général Amadou Toumani Touré, une junte militaire avec à sa tête le désormais Général Amadou Haya Sanogo mettait brutalement fin au régime en place à l’issue d’un coup de force militaire dont on qualifiera de coup d’État et ouvrant les frontières du Mali à des crises multidimensionnelles et à de nombreux acteurs sournois. Dans la foulée, la résurgence au septentrion du pays s’installait et devenait le foyer des grands groupes terroristes, islamistes et rebelles aux politiques et agendas sournois et non divulgués. Le Mali face à toutes ces montées se voyait dans l’inaction et l’incapacité à faire bloc seul.
Successivement, les groupes rebelles se lanceront dans leur quête de territoire à une vitesse record jusqu’au jour où la France sera sollicitée par la transition pour être un appui et un soutien de taille en termes d’effectifs et d’équipements mais aussi de renseignements pour ne pas que les yeux de l’Afrique (Mali) puissent sombrer. Un appel auquel la France répondra favorablement pour le grand bonheur de tout un peuple. Konna, Tombouctou, Gao et Kidal des villes stratégiques seront toutes reprises des mains des groupes rebelles au profit du Mali mais pas pour longtemps.
La France accueillie et acclamée pour son geste de grandeur et logée dans son meilleur confort pour bien mener ce pourquoi elle était venue sur le sol malien. Entre temps, les discours commenceront à tourner mal, la partition à l’ordre, les restrictions et la trahison seront les éléments clefs de son agenda soigneusement gardé. Au fil des semaines, les intentions de la France seront connues au point où elle jugera inutile de s’en cacher, prenant les Touaregs pour ses amis en toute partialité, favoriser l’entrée et l’installation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui pourtant n’y était pas et dans le même sens restreindre dans un premier temps la mobilité de l’armée malienne dans la région avant de l’interdire ou de suspendre son entrée à son seul aval. En outre, et l’armée malienne et les autorités légitimes devaient obéir au diktat de leur salvatrice d’antan et faire en sorte que toutes les décisions politico- stratégiques lui soient liées, qu’elle soit la tour de contrôle d’un pays de plus d’un million de kilomètre carré. Ainsi, entre partialité, restrictions et trahison parce que quand la France venait, le Mali était soutenu dans sa lutte contre la rébellion par la Communauté Internationale (ONU, CEDEAO) mais après cette dernière s’est retournée contre le Mali depuis la chute du régime d’IBK en 2020. Si pour le Malien lambda, la venue de la France était gratuite où le fruit d’une redevabilité, le compte n’y était pas puisqu’il y a bel et bien eu des prix à payer et très forts.
Les prix à payer
Sans doute l’intervention la plus coûteuse pour le Mali. D’abord financièrement, cette présence a coûté très chère au Mali car l’État malien prenait toutes les charges des soldats français et s’assurait de leur bien-être. Dire que sur ces onze années de décaissement, ces montants auraient pu permettre de mieux financer les Forces Armées maliennes (FAMa) par des achats d’équipement et de renforcement de ses rangs. Ils auraient également servi à réhabiliter des camps militaires, et sur le plan des projets sociaux, les constructions d’écoles, de routes, d’hôpitaux, etc. Ensuite, le prix de la responsabilité. La France au Mali mettait le pays dans un grand embarras car responsable même des exactions qui relevaient des troupes françaises. La France est intervenue certes, mais pas les mains vides et comme on le dit «aucun pays n’accepterait d’envoyer ses soldats se faire tuer banalement» ce qui sous-entend une quête de profits. Et si on doit tirer le bilan de cette présence sur le sol malien, il est bancal et très sombre puisqu’aucun objectif n’a été atteint et au lieu de la sécurisation on s’est retrouvé dans plus d’instabilité et d’augmentation des menaces et attaques meurtrières des côtés civil et militaire, sous le regard impuissant du MALIEN animé par le retour de la paix et la quiétude sur l’ensemble de son territoire.
Un au revoir au parfum de retrouvailles et de reconquête
Le Mali est l’épicentre du retrait des forces de Barkhane du Burkina Faso et du Niger alliés. En France, ces retraits successifs ont été justifiés à juste titre par de nombreux politiques de la gauche, et même de l’extrême droite ce qui est rare pour être souligné pointant notamment l’échec du «macronisme» et l’absence d’une vraie politique africaine, du Sahel plus particulièrement. Après plusieurs sorties ratées, la rupture aura finalement lieu entre Bamako et Paris allant du renvoi de l’ambassadeur de France au retrait des soldats français. Ces décisions prises par la transition ont émis quelques doutes chez des Maliens qui voyaient mal leurs autorités faire face à ces défis diplomatiques, politiques et économiques. Avec les instrumentalisations institutionnelles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et même des Nations Unies, la France et alliés ne réussiront pas à faire plier le Mali. Très vite, des initiatives seront prises pour mieux juguler toutes les crises du mieux qui soit. Avec la France, les régions du Mali étaient constamment relayées dans la zone rouge pour des raisons infondées avec pour seule motivation leur maintien. Onze (11) ans après, cartographie ou pas le constat est positif car avec les prises tentaculaires des régions occupées et touchées par le terrorisme, nul ne peut donner vie aux manœuvres savamment montées par les porteurs du cadeau empoisonné. Avec la reprise de Kidal et les projets qui y sont prévus, le futur sent bon pour le Mali Kura et nul doute, le monde parlera de ce pays car aucune excuse ne sera de taille dans ce processus de développement. Le plus dur reste à faire car l’entrée à Kidal et le contrôle total de la ville n’est qu’une infime partie du chantier qui attend chaque citoyen du Mali pour le renouveau de la patrie. Le Mali ne sera bâti, sécurisé, défendu, développé et promu que par ses enfants et que tout le monde se détrompe sur le fait que ces missions peuvent être accomplies par des personnes étrangères. Chassez la France et tous ceux qui nous empêchaient de renouer avec notre souveraineté est bien beau mais encore faut-il que le tout puisse se traduire par l’implication et la volonté de réussite de tous sinon ça va être très grave.
Qu’Allah bénisse le Mali et son peuple.
Amadou O. WANE
“Avec la reprise de Kidal et les projets qui y sont prévus, le futur sent bon pour le Mali Kura et nul doute, le monde parlera de ce pays car aucune excuse ne sera de taille dans ce processus de développement.”
Oui, le futur sent bon pour le Mali Kura, à la condition d’élire un chef d’Etat qui réformera en profondeur le pays et montrera au maximum de Maliens la voie du travail bien fait.