La crise politique n’a pas encore connu son épilogue. Entre autres propositions de sortie de crise, la communauté internationale a mis sur la table la nécessité d’un gouvernement d’union nationale que le M5-RFP a reformulée en gouvernement transitoire piloté par un Premier ministre de son choix doté des pleins pouvoirs. Ibrahim Boubacar Keïta est, semble-t-il, dans la logique de n’accepter rien des deux alternatives.
Ce mercredi, 1er juillet, marquera une nouvelle étape dans l’évolution de la crispation politique au Mali. Les forces patriotiques ont fait savoir à l’opinion publique nationale et internationale qu’elles ne transigeront point sur les contre-propositions qu’elles ont faites au président de la République. Si ce dernier n’accepte pas de se confiner dans un rôle de représentativité honorifique en s’accommodant d’un chef de gouvernement qui assumera l’effectivité de la gouvernance, la rue reprendra ses droits dès le 10 juillet prochain par une manifestation maousse partout au Mali et dans tous les pays où nos concitoyens se trouvent. Ce message clair, sans ambiguïté aucune, fera quels effets sur IBK ?
C’est la grande question dont tout le monde attend fébrilement la réponse sans ambages d’Ibrahim Boubacar Keïta. Ce dernier, il faut le rappeler, joue la montre sur tout ce qui lui a été suggéré jusque-là comme possibles solutions de sortie crise, au point d’intriguer adversaires et alliés, notamment la communauté internationale. Depuis le 16 juin, il était en effet attendu de lui qu’il procède à la dissolution du Parlement et de la Cour constitutionnelle comme geste majeur pour favoriser l’accalmie et le dialogue. Il n’y fit rien. Bien au contraire, on apprendra, de façon insidieuse, qu’il est discrètement à la manoeuvre pour prendre à revers tous les acteurs. En effet, son Premier ministre, Dr. Boubou Cissé, avec difficultés certes, continue ses consultations dans les milieux proches du Président pour la formation de son nouveau gouvernement. Ce qui revient à donner un pied de nez à la volonté farouchement exprimée par le M5-RFP en faveur d’un Premier ministre de son choix à lui. Le pot aux roses, si l’on peut l’appeler ainsi, a été découvert par une réaction militante d’un membre du parti COFOP. Dr. Laya Amadou Guindo, au nom du président de la formation politique, Dr. Abdoulaye Amadou Sy, a dû préciser sur les réseaux sociaux que les CV de candidats du parti pour des postes ministériels dans le futur gouvernement parviendront à qui de droit ce mercredi, 1er juillet 2020. Ce qui a relancé les doutes sur l’honnêteté d’IBK et sa sincérité à avoir compris son peuple comme il l’a prétendu dans son adresse à la nation le 14 juin dernier.
Tout compte fait, Ibrahim Boubacar Keïta est attendu. Il est rentré de la Mauritanie ce mercredi après avoir participé au sommet du G5 Sahel. Emmanuel Macron, le président français, a salué son courage, non sans rappeler le souhait de tous pour une solution négociée pour sortir de la crise politique au Mali. On imagine qu’IBK évitera de décevoir.
Amadou N’Fa DIALLO