Le respect des mesures barrières édictées par le corps médical, suivies d’un dépistage de masse et la vaccination demeurent les solutions viables pour vaincre la pandémie de la COVID-19 au Mali, selon les nombreux spécialistes.
Le Mali, à l’instar des autres pays du monde, a payé un lourd tribut à la pandémie du COVID-19, dont les premières manifestations remontent à mars 2020. Les chiffres officiels font état de 9380 cas positifs, dont 6644 guéris et 367 décès.
Au regard de ces chiffres qui continuent d’évoluer, de nombreuses dispositions de prévention ont été prises par les autorités nationales après consultation des épidémiologistes. Sans procéder à un véritable confinement, comme constaté dans beaucoup de pays confrontés à cette maladie, le Mali a notamment opté pour l’interdiction des attroupements. L’Etat a également procédé à la suspension, pendant un certain temps, des audiences publiques des juridictions, à la fermeture des écoles, à la limitation de tous les rassemblements à cinquante personnes, y compris lors des cérémonies de mariages, baptêmes et des funérailles.
Le constat est aujourd’hui peu rassurant. Plus d’un an après le premier cas positif signalé au Mali, les mesures barrières peinent à être observées par les populations, qui, en rejetant les consignes édictées par les autorités sanitaires, ont continué à fréquenter les lieux de cultes, les marchés, à célébrer les mariages, et n’observent qu’épisodiquement, dans les lieux publics notamment, le port des masques et le lavage des mains avec du savon et des désinfectants. L’échec des autorités à faire respecter ces mesures barrière sont eu pour conséquence la propagation de cette pandémie.
De nombreux spécialistes, interrogés sur les éventuelles solutions pour vaincre le COVID-19, proposent plusieurs pistes. Dr Sanou Konaté, biologiste et épidémiologiste à l’hôpital de Kati, pense qu’une large campagne de sensibilisation autour du virus du COVID-19 peut contribuer à persuader les sceptiques de l’existence de la maladie et à adhérer aux mesures de prévention. Sur ce point, il prévient que l’adhésion massive de la population doit être disciplinée, pour que l’on puisse prétendre enregistrer des résultats tangibles dans la lutte contre la pandémie. «Les autorités doivent renforcer les mesures punitives contre les récalcitrants en prévoyant le paiement d’une amende. Cela contribuera à limiter la propagation et à vaincre le COVID-19 », propose Dr Sanou Konaté. Poursuivant qu’aucun pays du monde n’a respecté à la lettre les mesures barrières sans enregistrer les résultats probants dans la lutte contre le COVID-19. Ainsi, il a cité l’exemple de Wuhan, cette agglomération de plus de 11 millions d’âmes, où est apparu le premier cas de COVID-19.
Dans la même veine, Dr Konaté de recommander le renforcement les mesures de riposte conte la pandémie, en procédant à l’acquisition d’intrants médicaux, notamment de kits de dépistage, de box d’oxygène et de respirateurs. Ce spécialiste estime, qu’en plus de l’acquisition des intrants médicaux, il faut évoluer vers une nouvelle phase de dépistage de masse et la réalisation des tests rapides sur les cas symptomatiques dans des centres de transit aménagés. Auxquels il a ajouté le port du masque obligatoire, le renforcement du dépistage autour des frontières terrestres et dans les aéroports, à l’arrivée et à la sortie, l’extension de la mesure du télétravail ou du système de rotation dans les entreprises, la pulvérisation des marchés, des lieux de culte et d’autres endroits similaires avec des désinfectants.
Un plan de vaccination
D’autres pensent que le confinement, la prise en charge des cas positifs doivent être suivis de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un plan national de vaccination. Ce plan, explique Dr Sanou Konaté, doit démarrer avec la vaccination des personnes à risques, notamment le personnel de la santé, les personnes âgées et les patients qui portent les pathologies aggravant la COVID-19. « La vaccination des couches citées est indispensable parce qu’elles sont plus exposées à la maladie que les autres. On enregistre le taux de mortalité le plus élevé parmi elles », indique le biologiste.
Le Dr Abdoulaye Keïta, Chef du Département Qualité Sécurité et Sûreté biologiques de l’Institut National de Santé Publique, émet des réserves par rapport à l’efficacité des différents vaccins mis sur le marché par les laboratoires pharmaceutiques comme solution. Selon lui, le vaccin est certes protecteur mais n’est pas efficace à cent pour cent et pourrait présenter des inconvénients. « Le vaccin du laboratoire Astrazeneca, acquis par le gouvernement malien, a une capacité de protection de 63% », précise le Dr Abdoulaye Keïta.Il n’exclut pas catégoriquement le vaccin comme l’une des solutions dans l’éradication de la COVID-19, mais privilégie une large campagne de respect des mesures barrières, le dépistage de masse et l’auto-confinement des personnes infectées pour circonscrire la pandémie dans notre pays.
Allègement fiscal
Toujours dans la panoplie des solutions, certains économistes préconisent un plan d’allègement fiscal en faveur des entreprises touchées par les restrictions sanitaires. Il recommande, à cet effet, l’octroi de crédits d’impôts, un moratoire sur le paiement de certaines taxes ou redevances, un soutien financier aux acteurs culturels, la prise en charge de certaines tranches sociales. Ce, afin de limiter les mouvements et les attroupements dans les localités touchées par la pandémie.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net