Le vendredi 3 juin, Bakary Goïta comparaissait à la barre pour répondre des faits de parricide dont il était poursuivi depuis le 31 mai 2005. Le présidium de la Cour pour cette séance était composé de Demba N’Diaye assisté des conseillers Moussa Sara Diallo et Bougary Sissoko. Le Ministère public était représenté par Taicha Maïga. Quant à l’accusé, il était défendu par Maître Gaoussou Diakité.
Des faits, il ressort que dans la nuit du 12 au 13 mai 2005, le vieux Issa Goïta fut assassiné sous la véranda de sa chambre à coucher par un individu non identifié, vraisemblablement à l’aide d’un instrument tranchant. Les investigations ont révélé qu’au moment des faits, la victime ne s’entendait pas avec deux des enfants du meurtrier (Chaka et Yacouba) qu’il venait à peine d’expulser de la concession familiale suite à une opposition farouche de ces derniers à son désir d’épouser une jeune dame nommée Adiara Cissé. L’aîné des deux enfants (le nommé Chaka Goïta) fut plus tard mis en cause. Déféré, il fut inculpé de parricide et placé sous mandat de dépôt le 21 mai 2005 par le juge d’instruction de la justice de paix à compétence étendue de Yorosso.
Durant toute l’information, il ne cessera de nier sa responsabilité dans la mort tragique de leur père. Pendant que les investigations semblaient alors piétiner, Bakary Goïta (celui-là même qui est le premier fils de la victime et qui avait été lui aussi chassé de la concession familiale il y avait environ 7 ans) surprenait plus d’un par son comportement visiblement perturbé. D’abord, il alla chez Zana Dao (un chasseur émérite) pour lui demander de lui trouver un antidote contre le « niama » : pour un chasseur, le « niama » traduit en général une redoutable force maléfique susceptible de s’abattre sur l’auteur d’abattage de certains gibiers dont seuls les chasseurs aguerris détiennent l’antidote.
Intrigué, Zana Dao lui posa la question de savoir quel gros gibier il avait abattu pour être si angoissé par une telle prémonition. Face à la curiosité et l’intérêt que témoignait ainsi son interlocuteur, Bakary Goïta se lança dans des digressions, allant jusqu’à confier à Zana que le jour de l’assassinat de son père, il y avait des chasseurs dans la brousse qui lui avaient envoyé trois émissaires, etc. Contrarié tant par la demande de Bakary Goïta que par ses propos subtils et incohérents, Zana Dao en informa le chef e village, puis l’autorité judiciaire.
Par ailleurs, le même Bakary tenait devant ses frères (y compris Chaka qui était en détention et à qui il avait rendu visite) des propos de nature à penser à son implication personnelle dans l’assassinat de leur père : c’était comme si Bakary se trouvait en proie à un repentir qu’il n’arrivait pas à exprimer. Aussi, au regard de ce faisceau d’indices probatoires, le magistrat instructeur dut l’inculper de parricide le 8 février 2006 et le placer sous mandat de dépôt.
Mais suite à une brillante plaidoirie, l’avocat de la défense sauva son client en lui obtenant un acquittement pur et simple. C’est qu’au cours des débats, les témoignages ont démontré une insuffisance de preuve contre le sieur Bakary Goïta qui, au moment des faits, se trouvait à 8 km de la maison de son père. Grâce au bénéfice du doute, Bakary Goïta (qui s’était fondu en larmes à l’annonce de son acquittement) retrouvera bientôt sa femme et ses 8 enfants.
Par Mahamane Abdoulaye Touré « Hamane »
Suite des travaux de la Cour d’Assises:
Une bande spécialisée en vols qualifiés mise hors d’état de nuire
Le mercredi 1er juin, la Cour, qui devait juger un groupe de malfrats accusé de vols qualifiés, était sous la présidence de Kamafily Dembélé, tandis que le Ministère public était représenté par Moussa Bagayoko de la Cour d’Appel de Bamako. Les accusés, qui étaient au nombre de 18, étaient défendus par 7 avocats, dont le Doyen Maître Camara.
Des faits, il ressort que courant janvier 2010, aux environ de 4 heures du matin, à la suite d’une dénonciation anonyme, l’équipe de patrouille du Commissariat de police du 1er Arrondissement se rendit à la place OMVS (non loin de l’immeuble « Nyuma Belleza) où elle trouva Ibrahim Sangho victime d’une agression à main armée de bandits. Atteint au pied par une balle, il fut transporté d’urgence à l’hôpital Gabriel Touré pour les premiers soins avant d’être conduit au 1er Arrondissement pour son audition au cours de laquelle il déclara avoir reconnu l’un de ses agresseurs du surnom de « ATT".
Suite à cette information, les policiers de la brigade de recherche se lancèrent à la recherche du susnommé et de sa bande. Ils se transportèrent à Lassa et pénétrèrent dans une maison non clôturée comportant trois chambres. Dans l’une d’elles, ils trouvèrent les nommés Cheick Camara, Néné Coulibaly, Oumou Coulibaly et Moussa Soubeïga. Une fouille minutieuse des lieux leur permit de découvrir un pistolet de fabrication artisanale avec une cartouche, un turban de couleur noire, une cagoule de couleur grise, une paire de gants noirs rayés de blanc, un tournevis et une quantité de chanvre indien. Ils les saisirent pour les besoins de l’enquête et parvinrent à interpeller les susnommés. Néné Coulibaly déclara alors que la cagoule et la paire de gants appartiennent à son copain Badra Ali Diarra dit « ATT ».
Le 16 janvier 2010, Badra Ali Diarra dit « ATT et 7 membres de sa bande, dont Néné Diarra dit « Boua », Fatoumata Cissé et Kadidia Diakité furent interpellés à leur tour. Une perquisition effectuée dans la chambre qu’ils occupaient a permis d’y découvrir deux pistolets de fabrication artisanale et une cartouche. C’est alors qu’ils dénoncèrent les nommés Mamadou dit « Batou » Diallo, Mahamadou Sanogo dit « Mahamet », Modibo Bah dit « Le sorcier », Bourama Traoré, Modibo Keïta et Ousmane Diallo comme étant leurs receleurs. Les investigations permirent de saisir sur la bande 11 mobylettes, toutes de marque Jakarta ! A l’issue de l’audience, Badra Ali Diarra et Mahamadou Sanogo furent condamnés à 10 ans de réclusion. Mamadou Diallo, Alou Traoré, Modibo bah et Alassane Traoré écopent chacun de 5 ans de prison. Les plus chanceux, Néné Coulibaly, Oumou Coulibaly, Cheick Fanta Mady Camara et Ousmane Maïga, furent purement et simplement acquittés. Quant aux autres membres du groupe, qui n’étaient pas présents dans la salle d’audience, ils ont écopé chacun de 20 ans de prison par contumace.
Par Mahamane Abdoulaye Touré « Hamane »