Cour d’Assises : Le policier meurtrier du jeune Sidi Lamine Camara s’en sort avec la minimale de 5 ans de réclusion criminelle

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    Les travaux de la Cour d’Assises de ce jeudi 4 novembre 2010 ont été dominés par l’affaire portant sur l’assassinat, dans la nuit du 10 au 11 mai 2010, du jeune Sidi Lamine Camara. En effet, suite à une bagarre, le malheureux Sidi Lamine Camara a perdu la vie après avoir reçu un coup de fusil de la part du sergent de police Mamadou Maïga. Inculpé de meurtre après enquête (une enquête qui a d’ailleurs été menée par certains de ses collègues policiers), le désormais ex-sergent de police, Mamadou Maïga, était à la barre pour répondre devant la Cour, sous la conduite du Conseiller Sidi Kéita, assisté de Bougary Sissoko et de Cheick A. Koïta, des faits qui lui sont reprochés .Au cours de ce procès, le Ministère public était représenté par Adama Mamadou Coulibaly, Substitut du Procureur près le Tribunal de la Commune III du District de Bamako.

     

    Pour cette affaire de meurtre, le public avait massivement fait le déplacement dans la sale « Boubacar Sidibé » de la Cour d’Appel de Bamako, en ce jeudi 4 novembre 2010. A la barre, le désormais ex-policier Mamadou Maïga, inculpé pour avoir donné la mort à Sidi Lamine Camara à l’aide de son pistolet, a d’entrée de jeu reconnu les faits qui lui sont reprochés, avant de soutenir que le coup de fusil était parti de façon involontaire.

    Interrogé par les Magistrats de la Cour d’Assises, Mamadou Maïga a également reconnu qu’il a tiré deux coups de feu ; mais il a soutenu qu’il a tiré le premier coup pour dissuader, et que le second serait parti de façon involontaire.

    De ce dossier qui remonte à la nuit du 10 au 11 mai 2010, il ressort qu’auparavant, Mamadou Maïga et sa victime s’étaient querellés, et qu’au cours du corps à corps, le défunt Sidi Lamine Camara était parvenu à terrasser Mamadou Maïga.

    Selon un des avocats de la partie civile, Maître Malicki Djibrilla Maïga, l’ex-adjudant de police a tiré sur  son client de dos, pendant qu’il était en train de courir. Et que par conséquent, la thèse avancée par le policier ne pouvait être exacte. Autrement dit, pour Maître Malicki Djibrilla Maïga, l’acte de Mamadou Maïga est bel et bien volontaire.

    Les débats de cette audience, qui ont été suivis par un public nombreux, ont donné l’impression que la sanction allait être plus sévère contre le sergent de police

    Les avocats de la défense, notamment Maîtres Alassane Diop et Boubeye Maïga, ont utilisé toutes sortes de stratégies en vue d’obtenir, de la Cour et en faveur de leur client, la peine la plus minimale, mais qui ne peut exister en pareil cas. D’ailleurs, le public s’attendait à une sanction plus sévère, si bien qu’à l’annonce du verdict, les uns et les autres se lamentaient de déception.

    On sentait qu’ils étaient nombreux à n’avoir pas compris pourquoi Mamadou Maïga s’en est sorti avec seulement cinq ans de réclusion ferme. Aux dires des uns, le verdict de ce procès a été prononcé de façon tout simplement politique. Et selon les autres, il est la copie conforme du procès de Daouda Yattara dit « Satan ».

    Par Zhao Ahmed A. Bamba

     

    Les faits d’un assassinat mal interprétés ou mal compris

     

    Dans la nuit du 10 au 11 mai 201, deux groupes de jeunes portiers se sont affrontés devant la boîte de nuit dénommée « Le Milliardaire », sise en commune III du District de Bamako. Selon le contenu de l’arrêt de renvoi, le premier groupe était composé de Mamadou Wagué dit « Lawassalé » et Sidi Lamine Camara dit « Français ». Quant au deuxième groupe, il était formé des sieurs Ousmane Diarra, Mamadou Maïga (policier) et Mamadou Sissoko.

    Tout a commencé lorsque le groupe de « Lawassalé » a invité de côté  celui de Ousmane Diarra, pour lui demander les raisons de son refus de le laisser accéder à l’intérieur de la boîte, la veille. Mais la discussion dégénéra rapidement et se transforma en combats individuels aux cours desquels Sidi Lamine Camara dit « Français » eut pour adversaire le sergent de police Mamadou Maïga.

    Certainement dominé par feu Sidi Lamine Camara, le sergent de police, Mamadou Maïga, pour disperser la foule et se dégager, fit un tir de sommation avec son pistolet de service. Mamadou Wagué dit « Lawassalé » et Sidi Lamine Camara prirent tous deux la fuite. Malgré tout, le sergent de police Mamadou Maïga tira un deuxième coup de feu qui atteint mortellement Sidi Lamine Camara au dos, pendant qu’il fuyait.

    L’acte commis par le policier Mamadou Maïga est confirmé par le certificat de décès délivré le 11 mai 2010 par le Docteur Drissa Kanikomo du CHU Gabriel Touré. Sans équivoque, le médecin a attribué la mort de Sidi Lamine Camara à des blessures provoquées par le coup de feu de l’arme utilisée par Mamadou Maïga.

    Le coup de feu a entraîné un orifice d’entrée dans l’omoplate droite et un orifice de sortie au niveau du 6ème espace intercostal droit, sous le mamelon, a ajouté le Docteur Drissa Kanikomo. Malgré les tentatives de dénégation de l’inculpé Mamadou Maïga, cette thèse a fini par être en partie confirmée par lui-même (Mamadou Maïga) durant son interrogatoire. Ce 26 mai 2010, suite à une question du Substitut du Procureur, le sergent de police, Mamadou Maïga, a soutenu devant d’Instruction : « Ce que je peux dire, c’est que le coup est parti pendant que j’étais à terre, et j’ignorais que le défunt avait été atteint puisqu’il a fui avec les autres ».

    Et Mamadou Maïga, d’ajouter : « J’ai effectivement poursuivi Sidi Lamine Camara après le coup de sommation. Je n’ai pu le rattraper et je suis revenu devant la boîte ». Ces déclarations de l’inculpé et bien d’autres éléments du dossier (déposition de témoins, notamment « Lawassalé » et Youssouf Konaré, ont suffisamment prouvé que l’acte du sergent de police, Mamadou Maïga, est loin d’être qualifié de simple accident. Ses témoignages ont attesté que son acte est un véritable meurtre commis de sang froid.   

    Mais Mamadou Maïga, qui était devant la barre le jeudi, est resté sur sa position : « Je n’ai pas volontairement cet acte ».  Sous la conduite du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, Seydou I. Maïga, les avocats de la partie civile ont soutenu que l’acte de Mamadou Maïga est loin de tout fait involontaire.

    Maîtres Malicki Djibrilla Maïga et Abdourahmane Maïga ont soutenu que l’acte du sergent de police, Mamadou Maïga, ne peut aucunement être qualifié d’involontaire. Et que le fait a été sciemment commis, d’autant plus que l’accusé lui-même a reconnu qu’il a tiré deux coups de feu.

    Aussi, la défense, de plaider en usant de stratégies dont ils sont les seuls à détenir le secret, pour obtenir de la Cour une peine minimale pour leur client. Lors de son réquisitoire, le représentant du Ministère public, Adama Mamadou Coulibaly et le Substitut du Procureur près le Tribunal de la Commune III du District de Bamako, ont déclaré que l’accusé est coupable des faits qui lui sont reprochés. Ils ont ajouté que ces faits sont prévus et punis par les articles 199, alinéas 1 et 2 , avant de demander à la cour de lui infliger une sanction qui lui servirait de leçon.

    Placée sous la houlette du président Sidi Kéita, assisté de Bougary Sissoko et Cheick Amadou Koïta du Tribunal de ��la Commune III�ź�
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    ��la FAO�Ŭ�>la Commune I du District de Bamako, la Cour, avoir statué sur le dossier, a retenu Mamadou Maïga dans les liens de l’accusation et déclaré qu’il est coupable des faits qui lui sont reprochés. Mais elle lui a accordé les faveurs de l’article 18 : le sursis.

    Aussi, après délibération, et conformément aux dispositions des articles 199 et 200 du Code Pénal, 346, 363, 631 du Code de Procédure Pénale et 728 du Code de Procédure sociale et commerciale, la Cour a condamné le désormais ex-sergent de police, Mamadou Maïga, à 5 petites années de réclusion criminelle. Mais il semble que ce verdict a été mal accepté par le public qui avait rempli la salle et qui était resté sur place pendant plus de 12 heures de débats.

    Par Zhao Ahmed A. Bamba

     

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