Joël Couderas, de nationalité française poursuivi pour crimes de pédophilie et d’attentat à la pudeur, ne peut pas se plaindre de la justice malienne. Comparu le jeudi 28 juin dernier devant la Cour d’Assises de Bamako, il en est sorti avec 5 ans d’emprisonnement avec suris et 10 ans d’interdiction de séjour sur le territoire malien. La Cour était présidée par le magistrat Mama Diarra pendant que la représentante du ministère public Mme Berthé Coumba Diallo était face à deux grosses pointures du barreau malien, assurant la défense de l’accusé : Mes Waly Mamady Diawara et Ousmane Dicko. rn
Dans l’arrêt de renvoi, il ressort que courant 2005, suite à des informations faisant état de comportements sexuels déviants de l’accusé sur des garçons mineurs, la Brigade en charge de la protection des mœurs et de l’enfance, l’a mis hors d’état de nuire et l’a conduit dans ses locaux pour les besoins de l’enquête. Une perquisition domiciliaire effectuée chez lui a permis aux policiers de découvrir divers objets et matériels dont six CD-Vidéo pornographiques. Au cours de son interrogatoire, il se confine dans des propos emprunts d’une extrême subtilité, car ayant été poursuivi et condamné par la justice française en 2001 pour les cas similaires.
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A la barre où il a comparu le jeudi 28 juin dernier, l’accusé n’était reconnaissable que par sa moustache. Sur les 84kg au moment de son arrestation, il avait perdu environ 34kg du fait de maladie qui l’avait contraint à pousser un troisième pied : une béquille. Joël Couderas au lieu d’expliquer à la Cour les faits pour lesquels il est inculpé, s’est mis à faire le procès de la commissaire divisionnaire de police Ami Kane. Il explique les conditions « brutales » dans lesquelles il a été arrêté et conduit à la brigade des mœurs. Attendait-il de pied ferme la policière pour avoir fait son travail ? Fort heureusement, la Cour ne se prête pas à son jeu. Celle-ci le rappelle à l’ordre et l’invite à aller droit au but.
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Comme à l’instruction, Joël se rebiffe. Il est réconforté dans sa position par son soit disant enfant adoptif Issa Sidibé, de nationalité burkinabé. Celui-ci, contrairement aux aveux faits au cours de l’enquête préliminaire à la Brigade de mœurs, s’est rétracté à la barre en soutenant que Joël Couderas est le plus inoffensif et le bienveillant qui soit des pères adoptifs. Il alla même jusqu’à accuser ses camarades qui l’auraient poussé à mentir sur son bienfaiteur. Ces derniers, notamment Noumou Dembélé et Drissa Keita n’étaient pas à l’audience. Il quitte la barre avec des pleurs, croyant certainement qu’il n’allait plus retrouver son fameux père adoptif. La Cour revenant à l’accusé, le submerge de questions qui provoquent chez lui une colère rouge. Un incident éclata entre lui et le ministère public, représenté par Mme Berthé Coumba Diallo. Mais, visiblement revenu à de meilleurs sentiments, il s’excuse auprès d’elle.
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Qu’à cela ne tienne, celle-ci au cours de son réquisitoire, pense que les faits reprochés au pédophile Français sont bel et bien constants. Elle requiert cinq ans de réclusion criminelle contre lui. Les avocats de la défense ne pensent pas de la même manière. Dans leur plaidoirie, ils soutiennent que leur client est un déséquilibré mental. Mieux, les charges retenues contre lui ne pesaient pas plus qu’une mouche. Mais, ils demandent la clémence de la Cour si elle venait à condamner Joël Couderas. La Cour a reconnu l’accusé coupable des faits de crimes de pédophilie et d’attentat à la pudeur.
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Tout en lui accordant au moins des circonstances atténuantes, elle l’a condamné à cinq ans d’emprisonnement avec sursis et dix ans d’interdiction de séjour sur le territoire malien. Couderas lance un grand ouf de soulagement. Ce verdict signifie que la Cour d’Assises de Bamako ne connaît ni Blanc ni Noir encore moins Jaune contrairement à certains entre les lèvres desquels chuchotait le mot racisme, inconnu du vocabulaire des Maliens.
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O. BOUARE
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