Coup de théâtre au PSPSDN : Les communautés du nord à couteaux tirés

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Nos sources sont formelles : le représentant de la communauté arabe, au sein du  PSPSDN (Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans les régions Nord du Mali) Mohamed Ould Mahmoud, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a rendu le tablier. Du coup, le maire de la commune de Ber boude la pose de la première pierre dans sa localité. Au même moment, une vive tension existe entre les communautés et les entrepreneurs chargés de l’exécution des travaux du programme. Au motif que 400 millions de francs CFA sont en jeu.

À peine démarré, le vaste projet du chef de l’État Amadou Toumani semble mal parti. La gestion de Mohamed Ag Erlaf, le patron du programme est décrié par la communauté arabe. A tous les niveaux ou presque. Conséquences : les entreprises chargées de la construction des bâtiments militaires et civils dans la commune de Ber sont expulsées d’office par la population locale et déclarées persona-non-grata.

Le samedi 20 août dernier, date de la pose de la première pierre des bâtiments qui seront construits dans le cadre du programme de la lutte contre le terrorisme  (PSPSDN) du président ATT dans la commune de Ber. Aux environs de 12h, la délégation du gouverneur de Tombouctou est sur le site dans la localité de Ber pour poser la première pierre des travaux.

Coup de théâtre : Le maire de la commune de Ber, Mohamed Lamine Ould Sidate boude l’événement qui se tient dans sa propre commune. Au même moment, il se trouve dans la ville de Tombouctou et n’a pas bougé d’un iota.

Nous avons tenté de le joindre au bigophone dans la matinée. Peine perdu. Il est sur répondeur. Une manière pour lui de ne pas être « dérangé ». Surtout par  la délégation du gouverneur.
 
Dans la commune de Ber, le gouverneur et sa délégation sont reçus par le  premier adjoint au Maire, Haboua Ould Hamouadi. Après les salamalecs, le gouverneur et sa suite  mettent le cap sur le site de la future caserne militaire afin de procéder à la pose de la première pierre. Mais le tilt c’est que le premier adjoint au maire indique qu’il ne connaît pas ce nouveau site  dans la commune de Ber. A la stupéfaction générale de tous les officiels.

Après mille réflexions, le gouverneur MANGARA est allé quelque part dans la commune pour poser la  première pierre des travaux du PSPSDN. Avant de faire demi -tour pour rentrer à Tombouctou. C’était, devant la presse d’Etat.

La gestion des travaux prend une nouvelle tournure.

Visiblement, les élus locaux sont très déçus par les principes d’exécution des travaux de ce programme qu’est le PSPSDN dans la région de Tombouctou.

« J’ai accueilli la délégation du gouverneur comme il se doit. C’est pour respecter notre sens élevé de l’hospitalité que j’ai fait ça. Sinon, les populations ne sont pas contentes de la manière dont les travaux sont en train d’être gérés », nous confie le premier Adjoint au maire Haboua Ould Hamouadi, que nous avons contacté par téléphone après le départ de la délégation.

Quant au maire de Ber que nous avons joint plus tard, il ne va pas par quatre chemins : « nous avons participé à l’élaboration du programme ainsi qu’à sa mise en œuvre dans ma commune mais aujourd’hui, nous nous sentons exclus. Nos jeunes n’ont même pas eu le petit marché d’acheminement du ciment sur le terrain avec ces entreprises choisies depuis Bamako », martèle-t-il. Avant d’ajouter : « Aujourd’hui, j’ai peur que les jeunes de la commune ne viennent pas en voiture 4×4 et emporter les matériels de ces entrepreneurs ».

Il faut rappeler que les entreprises chargées d’exécuter les travaux sont vues d’un mauvais œil par les leaders de la communauté nomade. Il s’agit d’une entreprise de Sandy Haidara, le député de Tombouctou et de celle d’un commerçant du nom d’un certain Djiré. Et qui serait originaire d’une  ville du sud du Mali.

Le PSPSDN  ou le programme de la brouille
Le représentant de la communauté arabe au sein du PSPSDN Mohamed Ould Mahmoud « Mado » et non moins, Chef du volet développement social du programme a démissionné face à certaines pratiques jugées injustes et inqualifiables. Et pour cause : le coordinateur du PSPSDN Mohamed Ag Erlaf règne sur ses sujets sans partage.

« J’ai démissionné du programme, mais le président de la République m’a convaincu qu’il mettra de l’ordre afin que je retourne à mon poste », nous confie Mohamed Ould  Mahmoud, le représentant de la communauté arabe au niveau du programme.

Des propos aussitôt soutenu par le chargé de communication du PSPSDN, Abdoulaye Macalou. « Mado est parmi nous. Il est revenu ! » S’exclame-t-il.
   
Il y a quelques mois un de nos interlocuteurs  décrivait la situation au Nord comme une embellie pouvant exploser à tout moment.
Aujourd’hui, des communautés Touaregs et Arabes se regardent en chien de faïence. D’autres se livrent à une bagarre sans merci, encadrées par des forces occultes.     Et pour cause : le fameux PSPSDN, selon certaines indiscrétions serait à l’origine d’une tension depuis le directoire du Programme et qui se propage à la base.

Les 400 millions de la discorde
« La population locale n’est pas d’accord avec les entrepreneurs qui viennent notamment du sud, il y a des entrepreneurs compétents ici », déclare dans un accès de colère l’influent conseiller du maire de la commune de Ber M. Dina Ould Aya et non moins promoteur de l’entreprise Arafat, (cette entreprise a été disqualifiée lors de l’appel d’offres).

Le problème est parti, selon nos sources d’une confusion de la répartition faite de la manne du PSPSDN. La répartition est du moins douteuse selon les élus locaux.

En effet, ce partage jugé inégal aurait attribué la part du lion à Kidal, lui donnant quasiment tout le financement (10 milliards de FCFA) contre des miettes pour la région de Tombouctou (400 millions FCFA). Ce qui a irrité les responsables arabes à Tombouctou.

Sur la question un conseiller communal de Ber explique : « nous ne savons pas en quoi il est plus urgent d’investir 10 milliards FCFA à Kidal, alors que les enjeux à Tombouctou et sa partie nord sont autant importants… nous pensons que pour plus d’équité, il serait bon de couper la poire en deux et éviter encore de faire des frustrés. Le pays n’en a pas besoin, nous aussi d’ailleurs. Mais ce genre d’agissements ne peut que nous faire douter des réelles motivations des responsables ». Ce coup de gueule décrit aisément l’atmosphère délétère dans laquelle risque de s’exécuter le PSPSDN, qui peine à faire l’unanimité autour du projet.   

Sur le même front, l’entrepreneur identifié pour exécuter le marché de Ber sur financement PSPSDN n’a pas été bien accueilli par les élus et les communautés. Certaines indiscrétions signalent l’arrivée d’un danger : « mettre le bâton dans les roues des entreprises sur le terrain ». Chose qui rappelle la tension dont on a fait mention, il y a quelques mois entre les commerçants et le maire de la commune autour de la création d’un nouveau marché.   

En attendant, la guerre reste ouverte mais gageons que les plus solides ne soient pas dans la danse.

Baba Ahmed

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