La Conférence internationale sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) et les partenaires extrarégionaux, organisée par l’Algérie, a été un succès total, de l’aveu de nombreux participants.
La conférence, qui a réuni, deux jours durant, le comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) des pays du champ de la région du Sahel et les partenaires extrarégionaux, dont de nombreux pays, parmi eux, les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la Chine, l’Angleterre et la France, et des institutions internationales comme les Nations unies,
le Conseil de sécurité des Nations unies et l’Union européenne, s’est penchée sur les moyens de lutte contre le terroriste et le crime organisé dans cette partie du monde, dont l’action armée et le développement économique, et les besoins exprimés par les pays du Cemoc, à savoir la formation, l’équipement et l’échange de renseignements, loin de toute intervention militaire étrangère, rappelle-t-on.
Le retour d’un demi-million de migrants à cause du conflit armé en Libye, aggravant le problème du chômage, a été abordé.
La prochaine conférence aura lieu dans six mois au Mali, apprenons-nous de source crédible. Une évaluation pourrait être faite sur la situation dans la région après la conférence internationale organisée par l’Algérie et qui a réussi la prouesse de réunir 38 délégations représentant de nombreux pays et institutions, et, surtout, de faire entendre la voix des pays de la région du Sahel. Les Etats-Unis d’Amérique comptent, de leur côté, organiser une conférence, après le succès enregistré par celle organisée par l’Algérie.
Le Temps d’Algérie – 10 sept. 2011
En plus des difficultés de terrain : Des divergences minent la cohésion entre les pays du Sahel
Par Ali Boukhlef
La lutte contre le terrorisme au Sahel comme dans beaucoup d’autres régions dans le monde fait consensus. Les moyens de l’engager sont certes différents et chaque pays développe sa propre philosophie en fonction de ses propres intérêts.Dans la course contre la montre menée au Sahel contre El-Qaïda, des divergences parfois énormes apparaissent néanmoins. La plus notable porte sur la manière la plus efficace de mener la bataille sur le terrain, d’autant que les moyens font défaut dans un pays ou un autre. Entre l’Algérie qui, malgré l’immensité de son territoire, dispose de moyens considérables et ses voisins du Sud, l’écart est énorme. En l’occurrence, le Niger et le Mali ne peuvent pas même satisfaire les besoins alimentaires de leurs populations du nord, zone où se concentrent toutes les activités de contrebande et de terrorisme.D’un autre côté, les divergences ne divisent pas seulement les pays de la région. Les États-Unis et surtout la France, contrairement à l’Algérie, continuent toujours d’ignorer l’exigence d’un effort de développement considérable pour accompagner la lutte armée contre le terrorisme. Puissance régionale, notre pays plaide en effet pour une conjugaison simultanée des efforts de sécurité et de développement. Il a initié dans ce sens et à la limite de ses moyens des projets dans la zone sahélienne. Mais ces efforts se heurtent souvent à des comportements négatifs de Paris notamment dont l’attitude influe considérablement sur les positions des pays faibles à l’image du Mali. Il y a quelques mois, la France, qui se déclare pourtant officiellement opposée au paiement de rançon, n’avait pas hésité à exercer une forte pression sur Bamako pour le résoudre à libérer des détenus islamistes contre l’élargissement d’otages français détenus par l’AQMI. Comment donc lutter contre le terrorisme sans céder aux sirènes du chantage ? La question a taraudé beaucoup d’esprits parmi les dirigeants des pays du Sahel. Si Alger a réussi théoriquement à convaincre parmi ces derniers le Mali, le Niger et la Mauritanie d’adopter un tel principe, sur le terrain les choses sont apparues différemment voire aussi compliquées que les zones frontalières. Pour preuve, une résolution souscrite dans ce sens en mars dernier à Alger a été peu après violée par Bamako, puis dans une moindre mesure par Nouakchott. Certes, il n’est pas établi formellement que ces deux pays ont puisé dans les caisses de l’État pour obtenir la libération de leurs ressortissants des mains d’AQMI mais il y a eu au moins échanges de prisonniers. Le problème du mouvement touareg complique davantage la lutte contre le terrorisme au Sahel. Selon ses responsables locaux, les autorités de Niamey et Bamako fermeraient honteusement les yeux sur les activités des groupes terroristes dans le nord des deux pays pour contrecarrer leurs propres revendications socioculturelles. Par contre, conscient du problème qu’il ne cherche pas à éluder Alger a signé un accord de paix avec le groupe de Kidal, la frange de ce mouvement opérant sur son territoire. A tout cela, s’ajoute bien sûr une problématique de taille : les interférences extérieures qui finissent par créer d’énormes tiraillements entre les pays de la région du Sahel.
A. B.
L’élaboration des stratégies commune au Sahel s’impose
L’importance de La conférence d’Alger sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du Champ et les partenaires extra régionaux a été qualifiée d’«importante» par le ministre d’Etat, ministre malien des Affaires étrangères, Soumailou Boubaye Maïga. Le ministre précisera dans un entretien qu’il a accordé, jeudi dernier, à l’APS en marge des travaux de la conférence, que cette rencontre a constitué un espace pour l’unification des points de vue sur la stratégie de la lutte antiterroriste et l’élaboration de plans de développement.Concernant le partenariat pour le développement socioéconomique de la région, M. Maïga dira que la conférence concrétise «la volonté des pays du champ et la convergence» qui existe entre eux pour œuvrer à établir une approche commune de la lutte contre le terrorisme, a déclaré, M. Maïga dans un entretien à l’APS. Cette conférence internationale a également concrétisé «l’intérêt de nos partenaires» pour ces questions. Ainsi, les participants à la rencontre se sont tous accordés sur la nécessité du partenariat et de la collaboration. Tout le monde a compris qu’on ne pourra pas «avancer durablement s’il n’y a pas une unification de nos approches», indiquera le ministre malien. Les partenaires extra régionaux et les pays du Champ ont désormais la même vision et la même analyse de la situation. Il admis maintenant que la lutte antiterroriste passe par des actions «multidimensionnelle et multinationale». Une réponse qui s’appuie à la fois sur «la sécurité, le développement et la gouvernance» et où la coopération doit jouer «un rôle central», a-t-il expliqué.
Pour un partenariat basé sur la formation et le développement
La coopération entre les pays du champ et leurs partenaires extrarégionaux doit porter prioritairement sur la formation, le renforcement des capacités, la fourniture d’équipements, l’échange de renseignements et le développement, ont estimé, jeudi dernier, les participants à la conférence d’Alger sur la lutte antiterroriste. Les offres de partenariat et de coopération doivent correspondre aux besoins des pays de la région, tels que définis par eux-mêmes, ont-ils précisé dans un communiqué à l’issue de cette rencontre. Conscients que la lutte antiterroriste ne peut atteindre ses objectifs dans la région tant que cette dernière se débat dans des problèmes socioéconomiques et fait face à des fléaux sociaux (chômage, santé, éducation…), les conférenciers ont souligné l’importance du développement et de l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment dans les zones enclavées et déshéritées. Aussi, ont-ils insisté sur la nécessité de leur consacrer les moyens adéquats et d’appuyer les efforts entrepris à cet égard par les pays de la région. A ce propos, les participants à la conférence ne manqueront pas de saluer la volonté des pays du Champ de s’approprier les questions cruciales de la sécurité et du développement dans leur région, volonté qu’ils déclareront soutenir.
Par Ali Boukhlef (La Tribune – Algerie, 10 sept. 2011)