Bill, le maire de
En juin 2009, c’est un Boubacar Bah tout souriant qui annonce à ses administrés la signature d’une convention avec une entreprise dénommée « Fondation Sadev Mali » pour l’assainissement de sa circonscription, plus précisément le secteur de Baco-Djicoroni. Sadev Mali serait la filiale d’une entreprise domiciliée au 31, rue Anatole France, Vincennes, en France.
Dans une note non datée transmise au Conseil communal, le maire Bah explique son attitude par l’urgence de l’assainissement et, concernant la « convention » signée avec Sadev Mali, il écrit : « Les normes admises en la matière sont connues et nous osons espérer l’indulgence des membres du Conseil communal pour l’approbation de cette convention que nous avons signée en votre nom. Certes des insuffisances apparaissent çà et là dans
Pour ceux à qui la nuance a échappée, le texte dit : Sadev Mali est illégale, elle n’a aucune autorisation pour exercer au Mali. Cependant, pour contourner le problème, l’Amscid a été trouvée pour faire écran ! Le maire Boubacar Bah a signé une convention avec une entreprise qui n’a aucune existence légale et sans l’approbation de son conseil communal et pire encore, il reste muet comme une carpe quand un conseiller lui demande s’il existe une convention entre Sadev-Mali et l’Amscid ? Aucun membre du conseil communal n’a vu un tel papier. Bill arrive ensuite pour demander « l’indulgence » du conseil communal. En plus de l’Amscid dirigée par Bassirou Diarra, un autre organisme dénommé Cadem (Coordination des actions pour le développement municipal) et son président, Issiaka Berthé sont signataires. Pourtant, l’intitulé du document est, on ne peut plus clair : « Convention cadre pour l’intervention de
Pour se justifier face aux rares conseillers qui osent encore lui poser des questions, Boubacar Bah Bill parle d’un échange de correspondances (orales ?) avec le gouverneur du District, M. Koné comme une autorisation pour dépenser 79 millions de francs. Or, la loi N° 93-008 modifiée par la loi 96-056 du 16 octobre 1996 définit clairement les conditions de la libre administration des collectivités territoriales. Son article 04 dit que chaque collectivité règle par délibération ses affaires propres. Le gouverneur Koné ne peut, en aucune manière, autoriser un maire à « sauter » son conseil municipal et engager une dépense. Et le représentant de l’Etat, s’il avait fait son travail correctement, aurait purement et simplement annulé la convention illégale avec Sadev Mali. A la mairie ou au gouvernorat du District, quelqu’un a vraisemblablement triché à son examen de droit administratif ! M. Koné n’ignore sans doute pas les dispositions 31-32 de la loi 95-034 relatives à l’autorité de tutelle. Et le bureau communal n’a pas montré publiquement l’autorisation écrite du gouverneur. Et quand bien même elle existerait, elle serait illégale.
Pour quels motifs Bill a signé presque dans la clandestinité une convention avec une entreprise illégale et engagé 79 millions de francs en prétendant que sur 05 ans, Sadev pourrait utiliser jusqu’à un million d’euros (655 millions CFA) provenant de sources extérieures, dans sa Commune ?
C’est dans un document remis aux conseillers et portant la mention « Opération spéciale » de nettoyage des dépôts d’ordures que le maire explique les raisons de la vitesse et précipitation avec lesquelles il a signé avec Sadev Mali (rappelons que cette société n’a pas le droit d’agir au Mali) qui doit d’ailleurs créer des « dépôts de transit » pour les ordures. Le maire explique dans ce document qu’il y a 60 dépôts anarchiques, 04 officiels et annonce que leur contenu total est évalué à
De l’avis unanime des populations, rien n’a été nettoyé sérieusement. Baco Djicoroni et les autres quartiers sont encore plus sales qu’en décembre 2009, date officielle de la fin de l’opération dite spéciale de nettoyage (voir nos photos) et elles ont été soulagées de 79 millions de francs CFA. Et son opération spéciale de nettoyage du côté du cimetière de Sabalibougou est une vraie plaisanterie.
La « Note relative à l’évolution de la convention cadre entre la fondation Sadev Mali et la mairie de
Sadev n’entend pas réaliser le dépôt de transit en l’absence d’une convention de transfert des équipements préalablement signée entre la mairie de
Voilà donc la cerise sur le gâteau : Sadev Mali n’a aucun droit de travailler au Mali ; elle signe une convention avec le maire d’une des plus grandes Communes du Mali ; le maire n’informe pas le conseil communal ; le travail supposé fait pour engloutir 79 millions n’a pas été fait ; Sadev, société illégale au Mali mais capricieuse choisit ses partenaires et fait des choix, exige, etc. Pendant ce temps, les ordures sont à leur place. Rien n’a changé.
Selon l’article 44 de la loi du 30 décembre 1998, le maire doit mettre en marche les décisions du conseil municipal. Le conseil n’a pas délibéré pour approuver le contrat avec Sadev Mali. N’importe quel étudiant en droit sait que le contrat est nul et tout ce qui a découlé de sa signature est illégal.
Opération spéciale ou fumisterie spéciale ?
Le 04 septembre 2009, le maire pond un document intitulé « Note sur l’opération spéciale d’évacuation des dépôts de transit et leur maintien à niveau de service du 24 août au 31 décembre 2009 ».
En introduction, il écrit que selon les services techniques, il a 04 dépôts officiels et environ 60 dépôts anarchiques pour un volume de
Le maire, toujours audacieux, écrit : « Ainsi, du 24 août au 31 décembre 2009, toutes les deux semaines soit (15 jours), l’ensemble des dépôts sera entièrement vidé ». Un riverain de la voie bitumée appelée route de Daoudabougou, en apprenant cela, nous confie : «Ils sont venus avec des bennes et des pelles mécaniques ramasser quelques kilos puis, ils ont mis le feu au reste. En voyant les flammes, j’ai compris que ces gens avaient dégagé un budget pour ramasser mais ils mettent le feu pour ne pas le faire. » Le maire rappelle dans la même note que c’est
KITS SCOLAIRES ET ELUS EN « FORMATION »
L’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (ANICT) finance les communes du Mali en matière d’éducation, notamment la construction et l’équipement des classes. Le doux nom trouvé par les fonctionnaires est « kit scolaire ». Boubacar Bah alias Bill est arrivé à la mairie après les élections d’avril 2009. Il a donc eu la gestion de ce qu’on appelle « droit de tirage 2009 ». Selon un « rapport » daté du 26 novembre 2009, le montant prévu en investissement est de 152 649 586 francs Cfa et en appui technique deux millions 083 503 Cfa. Le montant est ainsi morcelé : « construction de 07 kits ainsi que leur équipement. Chaque kit (03 salles de classe, 75 tables bancs, 03 chaises, 03 armoires 03 bureaux coûtera 21 592 798 répartis comme suit : 20 513 149 Cfa pour la construction et l’équipement des salles, correspondant au paiement des entreprises et 1 079 649 Cfa pour le suivi et le contrôle au profit du bureau d’études. » Première remarque : à raison de 21 592 798 Cfa par kit, les sept kits reviennent à 151 149 586 au lieu de 152 649 586 soit une différence d’un million cinq cent mille sans compter les 2 083 503 prévus pour l’appui technique. Le Bureau communal raconte, sans rire, que le million et demi restant « servira à financer tout autre dossier d’investissement en gestation. » Question : Est-ce que l’ANICT, placée sous l’autorité du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales du général Kafougouna Koné, est au courant que ses millions servent à attendre des dossiers « en gestation » pour être engloutis ? Depuis quand des fonds publics, budgétisés et comptabilisés attendent-ils des occasions d’investissements pour disparaître ?
Le plus grave dans cette affaire, c’est qu’aucun conseiller municipal contacté ne se souvient d’un appel d’offres pour la réalisation de ce marché ! En outre, alors que l’argent public prévu pour cette enveloppe concerne directement les investissements, le chapitre 2.2. de la note dit : « … la dotation d’appui technique est destinée par exemple, à la formation des élus communaux et du personnel. La mise à disposition du montant de la composante est subordonnée à l’élaboration d’un dossier/requête de financement. Conformément aux règles qui encadrent la gestion dudit fonds, le dossier/requête de financement, centré sur la décentralisation, doit être élaboré par une ONG et envoyé à l’ANICT pour validation. » Il y a forcément une énigme à solutionner : En quoi des fonds destinés à acquérir des kits scolaires doivent-ils servir à la « formation » des élus communaux ? Iront-ils dispenser des cours aux élèves ? Et pourquoi passer par des ONG pour obtenir ces prétendues formations ? N’est-il pas plus simple d’utiliser ce montant pour fournir en cahiers, livres et autres consommables, les élèves issus de familles défavorisées ? Puisqu’on sait, visiblement, contourner la loi en Commune V, autant le faire pour le bien public…
La seule chose que l’on souhaite aux maires du Mali, c’est que leur nouveau président qui est « économiste » et ajoute cette mention à ses signatures, ne gère pas leur Association avec autant d’opacité et d’amateurisme. On dira alors de lui et d’Abdel Kader Sidibé, un autre cas en matière de gestion bizarre en Commune III, que c’est blanc bonnet et bonnet blanc. En somme, on cherche toujours dans ce Mali de la décentralisation, un maire à la hauteur des préoccupations des populations et propre comme de l’eau de source. Ecoutez, pour vous divertir, ce qu’en disent les rebelles du groupe musical «Tata Pound». Tout y est résumé.
OPTION
NDLR : Nous avons été à la mairie de