Jusqu’à une date relativement récente, le maire de la Commune V du district de Bamako connaissait des moments difficiles. Par sa propre faute. Grâce à la bonne inspiration de certains de ses proches et à la promptitude du président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), la bombe qui allait lui éclater à la figure a été désamorcée.
Si l’on demande aujourd’hui à M. Boubacar Bah alias Bill, maire de la Commune V ce qui pourrait arriver à un élu désintéressé de ses mandants, il trouverait beaucoup de conseil à prodiquer.Lui qui a failli connaître un sort moins enviable pour un élu local il y a quelque semaines du fait de cette phrase méprisante lancée à la figure des leaders religieux de la Commune : Si vous n’êtes pas contents, vous pouvez aller voir ailleurs !
L’imbroglio dans lequel s’est retrouvé le sieur Boubacar Bah remonte à la décision du ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales de fermer les bars et hôtels ne respectant pas les principes réglementaires. La nouvelle avait réjoui beaucoup de bamakois dont la quiétude, de jour comme de nuit, est en mal à cause de la prolifération de ces lieux de jouissances condamnables aux yeux des religions monothéistes et de l’islam en particulier. Dans la foulée de l’annonce de la mesure de fermeture d’établissements de vente de boisson alcoolisée et de fornication, et selon des sources concordantes, un collectif de leaders religieux (imams, prêcheurs) de la Commune V ont rencontré le maire Bill pour s’impreigner des dispositions prises par la municipalité en vue de donner une suite à l’annonce de la décision de fermeture des bars et soi-disant hôtels. La réunion, rapportent nos sources, n’aura pas duré longtemps. Bill aura fait savoir à ses interlocuteurs qu’aucune obligation ne le lie à cette décision du ministre Kafougouna Koné. Autrement dit, il ne lui revenait pas d’aller fermer les établissements de la honte et de la nuissance sonore. Sur la persistance de certains des imams des quartiers de la Commune V d’en savoir plus, le maire aurait eu la maladresse qui arrive aux personnes ne réfléchissant pas avant de parler : Si vous n’êtes pas satisfaits, allez-y voir ailleurs ! aurait-il déclaré à ses interlocuteurs. Ceux-ci ont trouvé les propos du maire insultants, méprisants et même irresponsables. Alors, ils se sont sentis humiliés et ont décidé de se faire entendre par l’élu.
Toujours selon nos sources, des rencontres se multipliaient pour dégager une attitude claire à adopter. Et selon toute vraisemblance, les responsables religieux, forts du soutien de la population désabusée et laissée à elle-même, étaient sur le point d’enclencher des mouvements de rue dont les conséquences restent imprévisibles. Pour eux, il s’agissait non seulement d’un affront à laver vis-à-vis de Bill qualifié de "personnage hautain et faussement gonflé", mais aussi de donner un début à la décision de fermeture des bars -hôtels .Informé et singulièrement conseillé, Bill prit la tournure des événements au sérieux et décida de se faire sortir du pétrin. C’est ainsi que, par des voies détournées, il rencontra, selon nos sources, le président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko. Celui-ci joua le médiateur pour obtenir de ses collègues imams (dont on dit que la plupart sont des jeunes) de savoir raison garder. Bien sûr l’honorable échaudé, Bill, aurait pris des engagements après avoir fait son mea culpa. La bombe a pu être désamorcée et le maire Bah mis dans ses petits souliers. Pourvus qu’il retienne la leçon pour… longtemps.
Abdoulaye Ladji GUINDO