Très tôt le samedi 18 mai, des responsables du parti politique l’Union pour la démocratie et l’alternance (UDA), conduits par leur président, le colonel Cheick Kéïta, se sont rendus à Bougouni (région de Sikasso) pour rencontrer les membres de la coopérative agricole COPROCUMA-Mali Sud 3 et les assurer de leur appui pour la réalisation de leurs objectifs. En retour, ceux-ci ont fait savoir leur disponibilité à aller aux élections «au moment opportun» et voter pour le candidat qui s’engagera à prendre à charge leurs préoccupations.
La COPROCUMA-Mali Sud 3, d’après son président, Soumaïla Diakité, est une coopérative conçue par ses membres fondateurs pour la production agricole, la commercialisation, l’approvisionnement et les prestations des travaux agricoles. Créée en 2004 après la loi d’orientation agricole, elle couvre, aujourd’hui, 7 Cercles et environ 34 communes et compte 5 200 producteurs. Composée de plusieurs associations telles que la Vendée Afrique, l’ONG Amicale pour la production, ADAP/Mali-Vendée-Bougouni-ONG-Amaside, la COPROCUMA-Mali Sud 3 envisage de faire bénéficier 15 000 producteurs de la pension de retraite et 600 000 producteurs de l’assurance décès dans les Cercles de Bougouni, Kolondiéba, Yanfolila et Kangaba.
Après l’accueil chaleureux réservé à la délégation de l’UDA par les membres de la coopérative agricole, Soumaïla Diakité a relevé que c’est la première fois que celle-ci s’ouvre à l’échiquier politique. Car, selon une grande partie de ses membres, il est temps que les agriculteurs pèsent de tout leur poids dans les prochaines élections si et seulement si le gouvernement du Mali pouvait en reporter l’échéance pour leur permettre de bien réussir la campagne agricole 2013-2014. Il a également tenu à rappeler que Cheick Kéïta avait débloqué en son temps pour la coopérative un important lot d’engrais saisi à la frontière pour non paiement des droits de douane y afférents.
Prenant la parole les uns après les autres, les agriculteurs, qui ont répondu présents en grand nombre malgré leur emploi du temps très chargé car il avait plu la veille dans la région, sont unanimes à l’idée de participer massivement aux prochaines élections au moment approprié. Ce qui n’est pas le cas, selon le chef d’un des plus gros villages du Cercle Hérémakono, Békaye Bagayogo. Il a ainsi soutenu que le Mali n’est pas encore prêt à aller aux élections, le recouvrement du territoire national n’étant pas encore effectif. S’y ajoutent la question épineuse de l’orpaillage traditionnel qui fait rage et une situation économique, selon lui, désastreuse. La tenue des élections dans ces conditions défavorables risque fort de plonger le pays dans le chaos, a-t-il conclu.
D’autres membres de la COPROCUMA-Mali Sud 3 diront qu’ils ont déjà fait de la politique et qu’ils savent que leur intérêt en dépend. Avec beaucoup de réalisations ou de projets initiés grâce à celle-ci, ils se disent capables et disposés à mobiliser plus de 5 000 électeurs par membre. Mais les plus réalistes et sans doute les plus attachés à leurs terres ont tout bonnement choisi de voter pour le candidat qui va leur apporter une aide conséquente dans leur activité, à savoir des engrais pour accroitre et améliorer les productions agricoles. Même si ce soutien doit intervenir sous forme d’un prêt remboursable avec intérêt, ils sont d’accord pour y souscrire et donneront leur voix à la personne qui l’aura accordé. Et pour bien marquer leur pragmatisme, d’ajouter que c’est l’homme qui les intéresse, ce qu’il a fait hier, ce qu’il fait aujourd’hui et ce qu’il fera demain.
Ancien directeur général des Douanes du Mali, le colonel Cheick Kéïta, natif de Kayes, est actuellement Délégué général à l’intégration africaine et président de l’Union pour la démocratie et l’alternance (UDA). Pour lui, ce nouveau parti dont l’implantation a commencé en 2012, met l’équilibre social, culturel, économique et politique au cœur de son action, la finalité étant l’émergence d’une société répondant aux aspirations de justice, de paix, de liberté, d’égalité et de dignité de tous les citoyens de la République.
Candidat potentiel à la présidentielle de 2013, Cheick Keita dit avoir identifié les priorités nationales qui vont déterminer l’avenir du Mali. Ce sont l’éducation, les conditions de vie des Maliens (logement, santé, environnement, emploi), la bonne gouvernance et la démocratie, la justice, la défense du territoire et la sécurité des populations, enfin la production agro-sylvo-pastorale, base du développement économique.
Le président de l’UDA, au cours des échanges, a appelé les agriculteurs à s’unir, à s’organiser davantage afin de devenir une garantie pour leur propre survie et de peser de toute leur force dans le jeu politique. Pour sa part, il se dit prêt à apporter un soutien sans faille à ses frères et sœurs d’armes sous le drapeau pour gagner la guerre dans le septentrion et faire du Mali un havre de paix et un pays où il fait bon vivre.
Moulaye H HAIDARA
Envoyé spécial à Bougouni