BUDGET NATIONAL 2007 : La santé s’enrhume, l’éducation se propage

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    Le budget d’Etat du Mali pour l’exercice 2007 a été arrêté en recettes à 885,320 milliards de F CFA (contre 840,740 de F CFA en 2006) et en dépenses à 935,759 milliards de F CFA, soit un déficit d’environ 91,2 milliards de F CFA. Un budget en hausse (5,30 %) par rapport au précédent certainement parce que le gouvernement compte accentuer ses efforts dans des secteurs comme l’éducation.rn

     
    Le budget 2007 connaît une augmentation en recettes de 5,30 % par rapport à l’exercice 2006 et une hausse en dépenses de 4,36 %. Ce qui découle d’une certaine volonté politique de maîtriser le déficit et de se passer le plus tôt possible de l’aide budgétaire. Cette hausse est aussi justifiée par l’accroissement attendu des recettes du budget général (5,30 %), des budgets annexes et des comptes spéciaux et fonds spéciaux (5,29 %).

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    Cette augmentation s’explique également par des dépenses ponctuelles comme le financement des élections générales de cette année. A ce niveau, les dépenses électorales s’élèvent à 15 milliards F CFA qui doivent servir à la prise en charge de l’organisation des élections présidentielle et législatives. Le chapitre « équipement/investissement » grimpe aussi.

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    Dans ce volet, les dépenses passent de 128,239 milliards F CFA dans la loi des finances de l’an dernier à 142,965 de F CFA pour celle de cette année. Ce taux d’augmentation de 11,48 % est imputable à l’augmentation des dépenses de remboursement d’exonérations fiscales (15 à 16 milliards F CFA). Elle est aussi due aux conventions signées pour le financement de certaines infrastructures comme la Cité administrative, des routes Koulikoro-Banamba-bretelle Katibougou et Bougouni-Yanfolila, le Projet pluies provoquées…

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    Cette hausse budgétaire générale est aussi palpable dans certains secteurs clefs. Ainsi, l’ensemble du budget de l’éducation nationale passe de 158,4 milliards de F CFA en 2006 à 164,1 milliards de F CFA, soit un taux de progression de 3,55 % qui porte la part totale du secteur dans le budget 2007 à 16,81 %. Une augmentation qui s’inscrit dans la tendance de ces derniers temps.

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    En effet, l”école a été un secteur de concentration des moyens de l”Etat et de ses partenaires ces quatre dernières années. Des efforts qui s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du Programme décennal pour le développement de l’éducation (Prodec). Les interventions ont touché tous les ordres d”enseignement. Le Programme d”investissement dans le secteur éducatif (Pise), dont la phase 2 vient de commencer, consolidera cette tendance.

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    De façon générale, la hausse de l’éducation peut s’expliquer par la volonté de l’amélioration de la qualité de l’enseignement, de l’accès et de la scolarisation ainsi que de la gestion décentralisée à travers des indicateurs de performance du Pise. Cela se ressent dans la répartition sectorielle conforme aux grands axes du Prodec. Le budget de ce département est aussi en cohérence avec la composante éducation/alphabétisation de la 2e génération du Cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté (CSLP) visant à développer les ressources humaines et facilitant l’accès de tous les citoyens à une éducation de qualité. 

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    Le désenclavement se poursuit

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    Le budget du ministère de l’Equipement et des Transports augmente cette année de près de 2,5 milliards de F CFA. Il passe ainsi à 24,445 milliards de F CFA contre 21,787 milliards de F CFA au cours de l’exercice précédent. Ce qui n’est pas non plus surprenant parce que le désenclavement intérieur et extérieur demeure toujours une grande priorité au Mali. Officiellement, trois raisons justifient cette hausse. Il s’agit de l’application du taux d’inflation de 3 % autorisés par la direction nationale du budget, la prise en charge du fonctionnement de certains services par les ressources issues d’activités aéronautiques et la poursuite des travaux d’études et de bitumage de la route Bougouni-Yanfolila-Kalana ainsi que l’extension de l’aéroport Dag-Dag de Kayes.

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    Cette année, cette volonté de désenclavement sera poursuivie par des efforts accrus à travers le lancement des travaux des routes, de Kayes-Diamou-Sélinkégny-Bafoulabé, du pont de 800 mètres de Bafoulabé, de la route Bamako-Bougouni-Sikasso, Kita-Dabia-Keniéba-Saraya et Kédougou (au Sénégal) et du tronçon Sévaré-Gossi de la route Sévaré-Gao.

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    De même, les travaux de bitumage de la route dite du poisson entre Bandiagara-Bankass-Koro-Frontière du Burkina Faso ainsi que les travaux de raccordement des villes secondaires de Djéli, à San, Yorosso, Tominian et Sofara au réseau principal de routes bitumées démarreront cette année. Ce qui permettra au pays de totaliser près de 1200 km de routes bitumées. La modernisation de la plate-forme aéroportuaire de Bamako-Sénou grâce à un investissement de 45 milliards de FCFA sera surtout dans le cadre du Millenium Challenge et non sur le budget national.

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    La tension de santé chute

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    Quant à la part de la santé, elle connaît par contre une baisse relative passant de 6,82 % en 2006 à 6,69 % pour l’exercice 2007. Pis, cela est largement en deçà des 15 % recommandés par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) d’Abuja (Nigeria) en 2001. Cela peut paraître surtout paradoxal à beaucoup d’égards si l’on tient compte des promesses faites dans le domaine de la santé par le président de la République dans son message de nouvel an.

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    En effet, il a annoncé « l”opération miracle » comme une initiative d”envergure qui marquera 2007 dans le domaine de l”ophtalmologie. Après la gratuité des médicaments anti-rétroviraux, pour les personnes vivant avec le VIH/Sida et celle de la césarienne, il est aussi prévu cette année, dans le cadre de la lutte contre le paludisme, la gratuité des combinaisons thérapeutiques à base d”artésimine pour la prise en charge des cas de paludisme simple chez les enfants de moins de 5 ans dans les structures de santé publiques et communautaires.

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    La gratuité de la prise en charge de la femme enceinte lors des consultations prénatales, ainsi que des cas graves de paludisme et l”institution d”un mécanisme de distribution massive gratuite des moustiquaires imprégnées d”insecticides est également à l’ordre du jour. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que ces innovations font l’objet de programmes spéciaux. Ils ne sont donc pas directement pris en charge par le budget national.

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    « L”opération miracle » est par exemple le fruit de la coopération entre Cuba et le Mali. Pour ce qui est des gratuités annoncées au niveau de la lutte contre le paludisme, elles s’inscrivent dans un programme soutenu à hauteur de près de 13 milliards 365 millions de F CFA sur cinq ans par le Fonds mondial pour la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Sans compter que le Mali est bénéficiaire de l”initiative présidentielle des Etats-Unis pour le paludisme, avec un financement de l”ordre de 37,5 à 45 milliards de F CFA pour cinq ans.

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    Moussa Bolly

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    La défense sevrée

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    Considéré jadis comme un département budgétivore, au détriment des secteurs clefs comme l’éducation et la santé, la défense est aujourd’hui contrainte de se débrouiller avec la portion congrue. Avec un peu plus 53 milliards de CFA, le budget de la défense et des anciens combattants a certainement connu une sensible augmentation par rapport à l’exercice 2006. Mais, de sources militaires et parlementaires, on indique que ce montant est insuffisant « compte tenu de la nature des dépenses à effectuer suite à certains événements survenus dans le pays l’an dernier et du fait que, par nature, les activités menées par ce département sont plutôt consommatrices que productrices ».

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    Les crédits alloués seraient donc loin de couvrir les besoins stratégiques des forces armées et de défense. La lecture du tableau de répartition du budget à ce niveau montre qu’il est essentiellement consacré à l’entretien. Malheureusement, toutes les armées (air, terre, génie, garde nationale et gendarmerie) doivent se contenter de seulement 4 milliards CFA pour l’investissement et l’équipement. Ce qui est loin d’être suffisant pour couvrir l’acquisition de matériel comme les avions de chasse, hélicoptères, grues, tanks…

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    La même faiblesse des fonds alloués est constatée au niveau de la gestion des opérations militaires. La commission parlementaire chargée d’examiner ce budget souligne que les patrouilles le long de nos sept frontières se « butent généralement aux manques de moyens financiers ». Elle souligne aussi que les manœuvres militaires, les liaisons aériennes avec les aéronefs, la gestion des opérations de crise comme celle de Kidal du 23 mai 2006 sont autant d’actions dont les coûts financiers dépassent largement le seul budget de la défense.

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    C’est donc avec beaucoup d’acrobaties, comme le soulignent les élus, que l’armée parvient à organiser quelques manœuvres militaires, des patrouilles, des exercices pratiques et assurer la relève. Ce qui montre la limite de la surface financière du département.

    rnM. B.

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