Après les populations de Kalaban-Coro, celles de Kabala-Est dénoncent le bradage de leurs espaces verts par le Préfet de Kati. Lors du lotissement dudit quartier, les agents d’aménagement avaient dégagé un espace après l’attribution des parcelles d’habitation qui sera désigné comme un « espace vert ». Mais, les riverains de cet espace sont surpris, depuis 2018, de voir qu’il est attribué à un particulier, un certain Mahamadou DEMBELE. Depuis, ils se sont réunis en Comité pour se dresser contre cette injustice et ce désordre. Le Comité en question a déjà saisi le Préfet de Kati aux fins d’annuler le titre délivré à M. DEMBELE sur l’espace.
Sur place où nous avons pu constater la situation de l’espace, les responsables du Comité des résidents et riverains nous ont confié que l’espace vert dont il est question figure bien dans le plan de lotissement.
Depuis 2017, conscients du risque de perdre définitivement leur espace vert, les résidents et riverains ont formé un Comité dirigé par Mamadou Welaba BAGAYOKO qui a mené plusieurs activités pour sauvegarder l’espace. Il s’agissait, dans un premier temps, de redoubler la vigilance autour de l’espace pour empêcher son occupation par le nommé Mahamadou DEMBELE qui aurait acquis son « permis d’occuper » N° 2944-CKTI-DOM du Préfet de Kati, selon les résidents.
Selon Bakary COULIBALY, membre du Comité des résidents de Kabala-Est, la population, à travers Mamadou Weleba BAGAYOKO, a adressé une correspondance le 13 aout 2018 à l’actuel Préfet de Kati, lui demandant d’annuler le permis d’occuper N° 2944-CKTI-DOM sur l’espace vert incriminé.
Aussi, sur leur initiative, un responsable du service de l’Urbanisme de Kati, Cheick Oumar DIARRA, a effectué une visite de terrain, le 26 octobre 2018. L’Urbaniste est revenu à la conclusion que le site est bien réservé pour un espace vert, nous a-t-il confié. Sur les conseils de ce dernier, des arbres furent plantés pour protéger l’espace.
À leur grande surprise, l’acquéreur de l’espace vert, en dépit de tous ces efforts, commença les travaux de fouille de clôture après avoir borné et limité l’espace vert. Comme pour défier les riverains, et la loi nationale, il fait faire un puits pour mieux marquer sa ‘’nouvelle propriété’’.
Très déterminés à ce que l’espace reste dans le domaine public, les résidents ont tout de même réussi à arrêter les travaux. Aussitôt, le Maire de Kalaban-Coro a été saisi de l’affaire, nous a-t-on expliqué.
En attendant la réaction du Préfet quant à l’annulation du permis d’occuper, les résidents sont en alerte maximum.
« Nous ne sommes pas d’accord que la Préfecture de Kati transforme le bien public en bien privé. Sur quel droit s’appuie-t-il pour le faire », s’est interrogé M. COULIBALY.
Les responsables du Comité des riverains se disent optimistes quant à l’issue de leur combat. Et pour cause ? Le Code domanial et foncier du Mali en son article 27 stipule : ‘’le domaine public immobilier est inaliénable, imprescriptible et insaisissable ; nul ne saurait se prévaloir du régime de la possession sur une parcelle du Domaine Public’’.
Sur un tout autre plan, le comité des résidents nous a expliqué qu’il ne revient pas au Préfet de « délivrer un permis d’occuper. Cela reste de la seule compétence du maire », comme c’est le cas pour cet espace vert incriminé. Sur le sujet, le comité s’appuie sur le Décret du 19 juillet 2002 qui stipule : ‘’l’attribution des concessions urbaines et rurales d’habitation relève de la seule compétence des mairies, conformément aux dispositions du Décret N° 02 P-RM du 6 mars 2002 déterminant les formes et conditions d’attributions des terrains du domaine privé immobilier des collectivités territoriales’’.
Dans la Commune de Kalaban-Coro, les vocations de beaucoup de terrains ont été changées avant d’être réattribuées à des particuliers par la Préfecture de Kati, sans l’avis de la mairie, ont déploré les responsables du comité de Kabala-Est.
« Nous ne reculerons pour rien au monde pour protéger notre espace vert. C’est un bien de la communauté et non d’une personne ou d’une autorité. Nous appelons le Préfet et le maire à agir pendant qu’il est encore temps », ont prévenu les responsables du Comité.
Aussi, à Kalaban-Coro, comme ailleurs, à travers le district de Bamako, le Département de l’Environnement et de l’assainissement est également plus que jamais interpellé sur ce terrain de la préservation des espaces verts qui deviennent des proies faciles pour les prédateurs fonciers.
Par Sidi DAO