Boubacar Coulibaly dit martyr altermondialiste : “Il faut un accord, le peuple à trop souffert”

Sur l’accord d’Alger, la situation sécuritaire, sa carrière musicale, son choix pour la musique, Martyr Altermondialiste, figure emblématique du rap du Nord, s’est confié à nous. Interview…

 

L’Indicateur du renouveau : Qui est Martyr Altermondialiste ?

Je suis Boubacar Coulibaly à l’état civil, né à Ménaka. Je suis un sortant de l’Ecole normale  supérieure. Mon nom d’artiste est Martyr Altermondialiste parce que j’incarne les idéaux des martyrs comme Thomas Sankara, Cabral, Mandela, qui n’ont jamais renoncé à leurs idéaux même devant la mort. Et mon idéal c’est les Etats-Unis d’Afrique, l’alternative pour sortir l’Afrique de la dépendance.

 

IR : Quel genre de musique jouez-vous ?

Je fais du rap, du slam et un peu de reggae.

 

IR : Pourquoi vous avez choisi la musique ?

Je me suis dit qu’il me faut une tribune, sur laquelle m’exprimer. J’ai fait le choix de la musique parce que la majorité de jeunes Africains écoutent la musique en particulier le rap. Donc c’est un moyen efficace pour véhiculer ses idéaux, de sensibiliser, d’informer et de dénoncer.

 

IR : Comment vous êtes venu à la musique ?

J’étais inspiré par les récitations d’abord à l’école, les récitations sont à la base. Dans les années 2003, j’ai écouté les sons de Didier Awadi, son dernier album “Parole d’honneur”. C’est une personnalité du hip hop africain qui m’a beaucoup inspiré. C’est à partir de là que  l’amour pour la musique est venu. Quand j’ai décroché mon DE à Gao, j’ai eu l’honneur de rencontrer les Faskaw’s (le premier groupe du rap au nord), l’année de leur premier album, “Le Nord pleure” eux aussi m’ont donné beaucoup d’envie pour le rap.

 

IR : Combien d’albums vous avez à votre actif ?

Pour le moment je me définis comme artiste “Underground”. Je n’ai pas un album pour le moment, je suis en train de travailler là-dessus, travailler parce que mon objectif est de sortir un album international, car mon message s’adresse au monde entier, sinon à mon actif je dois avoir trois singles, qui sont : dans nos différences, lettre aux jeunes d’Afrique, Irchi voté,  qui signifie en français on ne vote pas…

 

IR : Peut-on parler des difficultés que vous avez rencontrées et de  vos projets ?

Les difficultés sont nombreuses. La première difficulté était la famille d’abord. Au début, les parents n’adhéraient pas tellement ce que je fasse du rap. La deuxième difficulté était le milieu, car mon milieu n’est pas propice au rap. C’est un genre qui n’est pas très accepté chez  nous à Ménaka

Les idéaux que je défends n’étaient pas partagés. Un de mes concerts a été censuré en 2012. Je suis en studio et je ne peux pas aujourd’hui leur dire précisément quand parce que un album de Martyr pour ce qui me connaissent savent le reste…

 

IR : Comment vous vivez la situation actuelle et quel est votre appel à l’endroit de nos autorités ?

C’est vraiment déplorable tout ce qui se passe dans notre pays, et pourtant nous les artistes avions prévenu l’Etat depuis l’album de Faskaw’s, jusqu’à mon premier morceau “Anor Mali” dans lesquels nous avons alerté nos autorités sur la situation sécuritaire du Nord. Ils nous ont pris pour des fous voilà que l’histoire nous a donné raison.

J’espère seulement que cette fois-ci ça sera définitif, car il faut un accord, le peuple a trop souffert. Je profite de vos colonnes pour dire aux gouvernements et groupes armés que nous sommes en train de tomber dans  le piège de la France qui “divise pour mieux régner” donc il faut rester unis, pour  sauver l’unité de ce grand pays. La situation sécuritaire se dégrade davantage et tant que cette responsabilité n’est pas pleinement remise aux forces de défense nationale, la situation va continuer à s’empirer, car personne ne viendra faire le Mali, à notre place

Propos recueillis par

Yéhia M. Baby, stagiaire

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