Gérant d’un modeste libre service, Jeamille Bittar est passé au transport, puis à la chambre de Commerce et d’industrie du Mali avant de prendre la tête du CESC du Mali. Koulouba prochainement sans doute, après ATT. Quel cadre ou quel opérateur économique de sa génération a fait pareil et surtout en si peu de temps ?
Il est jeune, ambitieux, il sait ce qu’il veut, où il va et comment y parvenir. Seule zone d’ombre à son luisant tableau, sa tentative de vouloir s’emparer de l’écharpe de député en CV. C’est son premier échec public. Mais, il n’a dit à personne qu’il renonce et pour le dire sans le dire vraiment, le voilà les deux pieds joints dans la politique. Premier vice- président d’un si grand parti politique, Jeamille Bittar nous avions l’habitude de le dire, vise probablement Koulouba et le meilleur moyen d’y parvenir passe forcément par la politique. Tout le monde n’est pas ATT ; donc chacun a intérêt à respecter certaines logiques surtout lorsqu’on aspire à une telle fonction.
Si beaucoup d’observateurs de la chose politique pensent que le poste de premier vice président n’était vraiment pas le sien dans ce bureau provisoire, janvier 2011 nous en dira plus. L’homme se donne le temps. Tout est possible d’ici là et le poste de président tout court du PDES n’est pas au dessus de ses moyens. Intelligent, pratique et opportuniste à souhait, Jeamille sait arrondir les angles pour parvenir à ses fins. Dans les années 90, novice transporteur, il avait eu le toupet d’installer sa gare routière sur un site dévolu à une station d’essence, juste à la sortie de la gare routière de Bani Transport, un mastodonte du milieu. Il n’y passera pas la nuit disaient ses détracteurs, Youssouf Traoré l’en délogerait parce qu’il n’est pas là où il aurait dû être. Cette place bien qu’appartenant à son beau – frère, San Zou, est dédiée à tout autre chose, pas une gare routière. Vingt ans à peu près, Jeamille imperturbable est là au même lieu, marchant s’il faut le dire sur les intérêts de Bani Transport qu’il a failli étouffer, s’il ne l’a pas fait. Cette place là, il ne la quittera que le jour où son affaire du côté du cimetière de Sogoniko serait prête. Pas avant !
Toujours au bon moment et au bon endroit depuis 2001 – 2002, Jeamille Bittar est venu dans la politique pour probablement Koulouba et gare à ceux qui croient qu’il amuse la galerie, parce que Bittar ne dort jamais lorsqu’il lorgne vers quelque chose qui lui tient à cœur et je ne connais pas sur cette terre, un homme ou une femme qui cracherait sur le pouvoir suprême. Adversaires et partisans sont donc avertis !
Nous vous reproduisons dans cette même colonne, ce que nous pensions de Bittar avant même qu’on ne parle de cette histoire de parti présidentiel. C’était le jeudi 17 décembre 2009, sous le titre : L’irrésistible ascension de Jeamille Bittar.
Sory de Moti
Conseil Economique et Social
L’irrésistible ascension de Jeamille Bittar
Ou s’arrêtera t- il finalement ? A Koulouba ? Le président de la chambre de commerce te d’industrie du Mali focalise sur lui toute l’attention de ses compatriotes à travers le coup de poker qu’il vient de réussir. Jeune mais très ambitieux, Jeamille Bittar, à la différence de beaucoup de jeunes patrons de sa génération, sait ce qu’il veut et assurément comment l’obtenir.
Selon l’adage, on peut ne pas aimer son voisin lépreux mais difficile de dire de lui qu’il a rempli sa main dans un panier d’arachide. Bloqué net aux portes de l’Assemblée nationale du Mali avec sa colistière, notre charmante belle- sœur, inscrits tous deux sur la liste PDR aux législatives de 2007 voilà Jeamille rebondir pour arriver dans le douillet fauteuil de président du Conseil Economique et social. Un intellectuel bon teint qui ne fait pas du tout dans le complexe d’infériorité. Il prend là où on ne le soupçonne point. C’était à la place de la liberté en 2002, face à de vieux briscards que sont Mala et feu Bakary Dossolo et aujourd’hui, c’est Koulouba 2 à la suite de Moussa Balla Coulibaly, partant volontaire à la retraite. Un gros privilège, lorsqu’on sait que ce fauteuil le place dans le très restreint périmètre des très hautes personnalités de la république.
Qui cherche, trouve prestataire de service et transporteur à la fois, Jeamille Bittar croit en sa belle étoile qui, il faut le reconnaître, ne s’assume jamais à lui jouer des tours, pas en tout cas depuis qu’il s’est essayé aux transports de passagers et de marchandises dans un marigot infesté de sauriens aux crocs acérés.
Ayant pris le pouvoir d’entre les mains du vieux routier qu’est Malamine Tounkara en 2002, Bittar l’enfant de San, s’est confortablement installé dans son fauteuil de président. Il n’en bougera pas malgré les difficultés. Comme soutenu plus haut, la montée en puissance de Jeamille Bittar inquiète et étonne au point que les critiques les plus acerbes lui enlèvent le chapeau et s’interrogent réellement sur la nature de son destin.
Président de la république du Mali dans les années à venir ? On ne peut que le lui souhaiter. En attendant, il est bon et surtout très honnête de dire que Jeamille Bittar est à lui seul toute une école. Nous en y reviendrons.
Nouvelle Patrie N° 45 du jeudi 17 Decembre 2009