Notre bibliothèque : un mois, un auteur, un livre.

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Ce mois-ci, nous vous proposons Ibrahima LY. Pour les jeunes, il s’agit du père d’Oumar Tatam LY, le 1er Premier Ministre du Président Ibrahim Boubacar Keïta, celui-là même qui a démissionné de son poste ; fait rarissime au Mali !

  1. L’auteur :

Ibrahima Ly est né en 1936 à Kayes au Mali. Brillant étudiant en mathématiques, il s’engage très tôt dans la vie politique de son pays en faveur d’une option socialiste du pouvoir. La dictature militaire venue, il connaît de juin 1974 à mai 1978 un enfer qui le hantera à jamais, le  Camp Para de Bamako et les geôles maliennes de Taoudenit et de Niono. La raison ? La diffusion d’un tract en faveur de la démocratie et contre le projet de la dictature militaire de l’époque(1974), qui voulait par une nouvelle constitution, instaurer un parti unique constitutionnel à travers un référendum.

A sa libération, il s’exile au Sénégal puis en France. Il décède le 5 février 1989 sans avoir manqué à sa promesse, témoigner de l’horreur des prisons dans son roman, « Toiles d’araignées », publié en 1982(Ed. L’Harmattan).

 

  1. Le livre :

« Toiles d’araignées » est un roman de témoignage, de révolte et d’analyse de la société malienne de l’époque.

C’est à la maitrise de sa douleur vécue à force d’analyse intellectuelle que le Professeur Ibrahima LY a pu faire de son récit, le roman de l’horreur. Ibrahima ne cherche pas à faire un témoignage exclusif de sa propre souffrance mais, son récit cherche à convaincre le lecteur de l’injustice pour tout système qui oublierait  la dimension humaine à donner à tout homme quel que soit son statut social. Pour  le narrateur  pour avoir maitrisé sa douleur et pour mieux convaincre la société de la nécessité de changer les conditions de gouvernance en famille, dans l’administration, il présente  le personnage de Mariama symbole d’une victime de l’intolérance sociale à l’égard de la femme. La trame du roman se noue autour de cette jeune fille à peine nubile, donnée arbitrairement en mariage à un vieil homme plus âgé que son père. Au prix de sa vie, Mariama refusera cette union qu’elle considère comme une servitude.

Le narrateur insiste sur cette lutte héroïque. Il l’admire, et se sent solidaire avec elle à travers le personnage Yoro qui devient un ami de la jeune fille. Il est pris d’amour pour cette beauté innocente qui sait lutter pour son idéal. Aux propositions de Yoro à Mariama  de rester ensemble pour lutter et transformer la situation l’héroïne répond «  je suis fatiguée, je suis lasse, je n’ai plus rien à sauvegarder,  je veux mourir … »

« Une femme ne peut vivre chez nous sans larmes. Que deviendrai-je si mon cœur se vidait de cette eau ? C’est parce que je t’aime que je veux mourir et revenir avec toi. » Il y là,  un dialogue éloquent, sublime, pessimiste diront certains, réaliste, diront d’autres. Pour l’auteur, c’est la société malienne elle-même qui est oppressive :   « … les adultes ont tissé une immense toile d’araignées au-dessus de la tête des enfants, juste à travers les doigts de leur tête. Dès que l’enfant grandit, il se sent immanquablement pris dans ce piège où gésine sert qu’à lier davantage. » Sur le plan politique, la mise en scène d’un plaisantin, d’un fou, Bissou, démontre que malgré tout, il y a toujours des gens pour contester l’ordre établi. C’est dire que l’espoir est permis.

  1. Conclusion

« Toiles d’araignées » est un roman critique de la société malienne et surtout un roman témoignage de la vie dans les geôles sous la dictature militaire. Bien que roman, c’est-à-dire une œuvre de  fiction, les histoires contées sont très proches de la réalité. La lecture de ce roman, permettra aux jeunes de comprendre que  la démocratie qui a été obtenue est le fruit des dizaines d’années de lutte et qu’il a fallu des grands sacrifices de femmes et d’hommes de conviction pour son obtention.

Il faut souligner que le roman a été adapté au cinéma par un réalisateur malien Ibrahima Touré avec des acteurs de talents du cinéma malien : Viviane Sidibé, Boubacar Belco Diallo, Hamadoun Kassogué, Soumaila Coulibaly, Fanta Bereté, Magma Gabriel Konaté, Maïmouna Hélène Diarra, Diara Sanogo. Il a obtenu deux distinctions au Fespaco 2013 : le prix de l’union africaine et le prix Ecobank.

Adama A. Koné Professeur de Lettres /  Bamako

 

L’honorable Souleymane Ouattara : de la médecine à la littérature

«Le prince de Ténan», c’est le titre d’un livre écrit par le médecin chirurgien  Souleymane Ouattara et non moins député à l’Assemblée nationale du Mali. Ce livre édité par la Sahélienne, a été lancé ce mercredi 2 novembre au Centre Djoliba, en présence des collègues politiques et médecins de l’auteur et  de nombreux étudiants.

Avec ce livre, on peut dire que  Souleymane Ouattara a fait son  entrée, avec  brio, dans  la famille des écrivains, après celle des politiques et des médecins où  il n’est plus à montrer.

Le livre «le Prince de Ténan » qu’il vient de publier est un récit autobiographique qui parle de son parcours, sa culture, de son ethnie (samôgo) et surtout de ses racines. L’auteur y évoque des tares de notre société en général et fait un clin d’oeil au métier de médecin. On y découvre aussi son opinion sur  le changement climatique, les interventions et missions de l’ONU dans les crises ; un récit sur la trajectoire et les douleurs de sa vie.

Très rattaché à son village Gouenso, situé dans le cercle de Kadiolo encore appelé le Folona, l’auteur met en exergue dans ce livre, la culture de son ethnie (Samôgo).

Minoritaires et peu connus au Mali les Samôgo sont  très souvent confondus aux Sénoufo.  Les Samôgo  sont aussi présents  au Burkina-Faso et en Côte-d’Ivoire.

Selon l’auteur, le titre du livre fait allusion au dernier royaume des Ouattara (le royaume de Ténan). Ténan, a-t-il précisé,  est le nom d’un village qui se trouve au Burkina-Faso.

Médecin neurologue, Souleymane Ouattara a aujourd’hui un pied dans la politique. C’est lors des législatives de 2013 qu’il a été élu député à Kadiolo, sous les couleurs du parti Parena. Mais il a viré par la suite au parti ADP-Maliba.

Abou Berthé

 

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1 commentaire

  1. Bel article ! Moi déplore que les parents n’inculquent plus cet gout de la lecture aux enfants. Bon les NTIC sont passées par là.

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