Le 10 juillet 2010 où une de ses bases subit un raid franco-mauritanien, Aqmi a reconnu ses pertes avant de jurer qu’elle les vengerait. Mais depuis, c’est vraiment la guerre des bilans. C’est le cas de l’attaque de Bassiknou mardi vers 16 h par Aqmi. C’était aussi le cas pour celle d’une position salafiste par les forces mauritaniennes dans le Wagadou les 24 et 25 juin derniers.
Chaque côté revendique la victoire. Ainsi, Aqmi, déclare t-il deux morts dans ses rangs, l’Algérien Eness Abou Fatima et le Malien Abdel Halem El Azawadi, et près d’une vingtaine de tués dan les rangs de l’armée mauritanienne. Nouakchott, à son tour, maintient qu’au moins trois voitures salafistes ont été détruites et plus d’une dizaine d’islamistes tués. Seules certitudes pourtant : 5 blessés de l’armée mauritanienne ont été transportés hier de Bassiknou à Nema à 200 km par hélicoptère. Il s’agissait de 3 hommes de rang, un lieutenant et un sous officier.
Le camp de Bassiknou est le camp militaire le plus important de la Mauritanie et mardi il y avait deux des cinq Groupes Spéciaux d’Intervention mis en place par le président Abdel Aziz dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ces deux groupes d’environ 20 véhicules et quatre vingt hommes bien entraînés repliaient de Wagadou en territoire malien où l’armée mauritanienne procède, en ce moment, à des ratissages, selon un spécialiste de la question salafiste basé à Nouakchott. « D’ailleurs, c’est la présence de ces deux groupes qui aura permis de prendre les assaillants en tenaille », poursuit notre informateur.
L’attaque de Bassiknou était-elle attendue ? Au moins depuis juillet 2010 où le pouvoir mauritanien avait justifié son raid parce qu’il disait détenir des informations sûres sur le projet Aqmi d’attaquer cette importante base à la frontière malienne.
Mardi après-midi, quelques dizaines de minutes après l’assaut donné par Aqmi contre ce camp situé à deux kilomètres de la ville, deux avions mauritaniens (Tucano de marque brésilienne) ont riposté, après avoir décollé de Nema. « Comme à Wagadou, ce sont eux qui ont fait la différence, car ils étaient montés de fusils 12.47 » déclare une source. « Il est vrai que ces avions sont entrés dans la danse, mais pour faire de la reconnaissance », relativise une autre source pour laquelle, « les troupes mauritaniennes ont pris une vraie raclée ». Pour cet informateur, il n’y aura eu ni poursuite terrestre ni aérienne. « Les Islamistes ont été très rapides et se sont retirés après leur forfait ».
Abuzeid ?
« Le fait est que l’armée mauritanienne était informée de l’imminence d’une attaque », selon le spécialiste d’Aqmi cité plus haut. « Deux Mauritaniens et un Malien, tous civils s’étaient infiltrés la veille à Bassiknou pour informer Aqmi et ils seront arrêtés mardi par l’armée mauritanienne ».
La population de Bassiknou s’était terrée pendant toute la durée des combats et la peur se lisait sur les visages, mercredi matin encore, selon les récits recueillis par la presse mauritanienne.
Qui peut être derrière l’assaut de Bassiknou ? On ne sait pas avec précision et Aqmi, elle-même, dit qu’il s’agit d’une alliance des chefs de Khatibat du Sahel » pour venger l’affront de Wagadou. Mais pour le spécialiste nouakchottois d’Aqmi, ce coup-ci peut bien porter l’empreinte d’Abuzeid. « Il est impétueux, il aime les actions d’éclat, il connaît la Mauritanie car le massacre de Tourine en 2008, c’était lui ». Et Belmokhtar ? Si les informations sur les revers salafistes à Wagadou sont fondés, « alors ce ne peut-être lui ». « Ni Abou Amar, le chef de la Khatibat Tarek, ni Abou Anan, un autre chef de Khatibat qui étaient tous dans la forêt de Wagadou ».
Adam Thiam