Aziz Siten’K, le nouvel ambassadeur du Slam au Mali : « J’ai une volonté d’agir au grand jour de populariser cet art »

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Aziz Siten’K se consacre pleinement à  sa passion : le Slam. De cette pratique artistique parfois encore méconnue, il s’est fait un véritable ambassadeur, soucieux d’encourager chacun à  s’exprimer librement, à  écrire lors d’ateliers, à  prendre la parole lors de scènes ouvertes. Un art qui réconcilie l’écriture et la prise de parole et aussi permet d’exorciser.

Bamako Hebdo: En un mot qui est ce nouvel ambassadeur du slam au Mali ?
Aziz Siten’K : Mon nom c’est Abdel Aziz Koné dit Aziz Siten’K, artiste chanteur slamer voire le nouvel ambassadeur du slam au Mali avec à son actif un album baptisé ”Tounka”. Un album de 16 titres qui est un  mélange de cultures et de styles,  une compilation de la musique mandingue et du slam. ”Tounga” a été enregistré dans plusieurs studios, notamment le conservatoire Kaïra, le studio ”Northeastern Universtitey” à Boston aux Etats Unis. ”Tounga” a pu également bénéficier de la contribution des amis artistes brésiliens, indiens et irlandais que l’auteur a rencontrés lors de sa formation aux Etats-Unis. Ce qui lui donne une allure internationale.

Comment avez-vous découvert le slam ?

C’est depuis l’école primaire que j’ai été beaucoup passionné par la poésie. Cette passion s’est caractérisée lors de ma découverte du slam auquel j’ai tout de suite adhéré. J’écrivais déjà  de la poésie, du rap. Le côté convivial, micro ouvert, m’a plu. J’ai décidé de m’y consacrer à  plein temps. Depuis trois ans, je vis de ma pratique artistique : c’est une passion qui s’est transformée en métier.

Au-delà  de votre passion pour la poésie, avez-vous été inspiré par un slameur ?
J’ai été beaucoup inspiré par le mythique groupe ”Grand Corps Malade”, Abel Malick et Souleymane Jamakan. Ce sont ces trois slameurs qui m’ont énormément séduit et influencé.

Cela signifie qu’on peut vivre du slam aujourd’hui ?

Oui, mais c’est un risque. Tout le monde ne gagne pas sa vie comme Grand Corps Malade ou Abd Al Malik. Choisir de vivre de son art, c’est choisir l’instabilité, jongler entre les ateliers, les scènes.

Pour avez-vous baptisé votre premier opus ”Tounka” ?

J’ai décidé d’intituler mon album ”Tunka” parce que tout d’abord moi-même je suis un tunkaraké. Et aussi, sensibiliser mes jeunes frères africains qui prennent de plus en plus de risque pour immigrer clandestinement en Europe. Bien vrai que la vie est faite de migration. Mais, s’il y a une certaine voie qui peut entraîner à la mort il faut mieux l’éviter. Il ne faudra pas aussi que les jeunes africains pensent que l’Europe est l’Eldorado ou le paradis terrestre. Je dis également aux occidentaux que l’immigration n’est pas aussi un crime. Tout le monde a le droit de voyager. Il est temps qu’ils aient un peu de sensibilité à ce sujet. Tounka est un album engagé dans lequel je traite des problèmes sociaux. Les thématiques comme l’unité et le développement de l’Afrique y sont évoquées.

Depuis vos débuts, constatez-vous une évolution du genre?

Il y n’a pas encore eu beaucoup de changements sur la scène slam nationale. Le slam n’appartient plus à  l’underground: J’ai une volonté d’agir au grand jour, de populariser cet art. En même temps, le slam reste un art intimiste, qui fuit les grandes scènes…Tout le monde a entendu parler du slam, mais le grand public aimerait le figer, comme une sorte de hip hop soft. Même si le slam existait auparavant dans notre tradition. Il y a autant de slams que de slameurs. Chacun peut devenir slameur. Pour beaucoup, il s’agit d’un pratique amateur. C’est un véritable espace de libres paroles et un sacré contre pouvoir. Il n’y a pas de marchandisation du slam, les scènes restent gratuites ou très peu chères. C’est un havre parce qu’il n’y a pas d’enjeu d’argent. Pas plus que de pression sociale car personne ne juge l’autre. Même si on est professionnel sur une scène, on demeure une personne parmi les autres. Cela remet l’art au niveau des gens, il y a une vraie exigence d’humilité.

Et vous, de quoi vous inspirez-vous ?

Mes textes sont engagés. Pour moi, la poésie est un outil de compréhension du monde, de questionnement, de dialogue, d’interpellation de l’autre. Bien sûr, il y a des images, des allégories, mais les textes font référence à  la réalité. La poésie est un mariage entre l’esthétique et l’éthique, elle permet aussi de parler des marginaux et de rapprocher les gens qui se croient séparés.
Bandiougou DIABATE

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