Autorités intérimaires, MOC, redéploiement de l’administration… L’Entente foulée aux pieds

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Si sa signature, en juin dernier, avait été perçue par plus d’un observateur de la crise malienne comme une avancée majeure dans le processus de mise en œuvre de l’Accord, l’Entente sur les modalités pratiques d’installation des autorités intérimaires a bien du plomb dans l’aile.

En juin 2016, le Gouvernement, la CMA et la Plateforme ont signé un document dénommé Entente. Il s’agit d’une sorte de mini-accord dans lequel sont consignés les modalités pratiques de la mise en place des autorités intérimaires, du redéploiement des services déconcentrés de l’Etat ainsi que l’installation des chefs de circonscriptions administratives et du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) dans les régions du Nord, notamment Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka et Taoudéni. Dans l’Entente, les parties avaient dégagé le calendrier de mise en place des autorités intérimaires, du redéploiement des services techniques de l’Etat et du MOC. Ainsi, l’installation du Mécanisme opérationnel de coordination devrait intervenir dans les régions ci-dessus citées à partir du 1er juillet 2016. La mise en place des autorités intérimaires et le redéploiement de l’Administration d’Etat devraient avoir lieu du 15 juillet au 15 août. Quant aux services techniques de l’éducation, de la santé, de l’énergie et de l’eau, ils devraient être redéployés du 1er août au 30 septembre 2016.

Voilà ce qui, en son temps, avait suscité un réel espoir chez plus d’un Malien, d’autant plus que la signature de ce document est arrivée à un moment où le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation piétinait par le fait que les parties signataires étaient partagées par rapport à la voie à suivre pour l’ouverture de la période intérimaire. Hélas ! Un peu plus de deux mois après la signature de l’Entente, c’est le constat d’échec. En effet, la réalité du terrain a eu raison du document qui, à ce jour, ne connait toujours pas un début d’application. Cette situation trouve son explication essentiellement dans la mauvaise foi  des parties signataires de l’Accord, notamment la CMA et la Plateforme, encore occupées par une guerre d’hégémonie autour de la gestion de la ville de Kidal. Longtemps distrait par ce conflit de leadership entre Ifoghas de la Coordination et Imghads de la Plateforme, l’Etat du Mali a fini par faire venir les protagonistes autour de la même table afin qu’ils trouvent un terrain d’entente, et par la même occasion, impulser un nouvel élan au processus en cours.

Au cours de cette rencontre sous l’égide du Haut représentant du président de la République dans la mise en œuvre de l’Accord, en la personne de l’Inspecteur général de police Mamadou Diagouraga, appuyé en cela par la médiation internationale, la CMA et la Plateforme ont exprimé dans un projet de feuille de route pour la gestion du conflit qui les oppose leur souhait que le MOC et les patrouilles mixtes soient opérationnalisés de façon diligente, ainsi que la mise en place diligente des autorités intérimaires. Au regard de ces différentes péripéties, des observateurs du processus en sont à se demander ce que vaut encore l’Entente de juin dernier, que les signataires s’étaient pourtant engagées à exécuter de bonne foi.

L’appel inaudible du CSA

Au-delà du fait que ladite Entente a été mise en cause, notamment en ce qui concerne le calendrier de mise en place des autorités intérimaires, l’opérationnalisation du MOC et le redéploiement de l’Administration, l’appel du Comité de suivi de l’Accord (CSA) en faveur du démarrage des patrouilles mixtes n’a pas été entendu. En effet, si lors de la 9ème réunion du CSA, les parties signataires de l’Accord avaient convenu du démarrage desdites patrouilles à partir du 15 août dans la région de Gao, il reste à ce jour que celles-ci ne sont toujours pas opérationnelles. Pourtant, le CSA avait appelé au démarrage sans conditions de ces patrouilles au regard de la dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain.

Bakary SOGODOGO

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Sous la pression de la cma et de ses complices le gouvernement du Mali a mis les bœufs avant la charrue. Comment voulez vous mettre en place des autorités intérimaires sans la présence de l’administration dans la zone. Il faudra absolument que l’Etat soit présent et prépare le terrain afin de garantir l’équité et la paix sociale. L’entente morte née est bien morte. L’Etat du Mali doit prendre ses responsabilités et toutes ses responsabilités. Les diktats de la rébellion n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais dans ce pays.
    Et puis parlons de ces soit disant autorités intérimaires. Elles ne sont pas une autorité et ne le seront pas. Les leaders rebelles qui pour la plupart ont commis des actes criminels veulent à travers ses “autorités intérimaires” contrôler ces zones dans le cadre de leur projet insensés connu de tous. La jeunesse malienne n’est pas dupe pour accepter un tel projet. Depuis 1991 au Mali le seul mode d’accéder au pouvoir est l’élection démocratique qui permet à la population de confier la gestion de la citée à une ou des personnes de son choix, c’est tout, il n’y a pas d’autres possibilités. C’est une violation flagrante de la constitution de mettre en place des “autorités intérimaires” dans les conditions actuelles. Les rebelles de la cma doivent attendre les prochaines élections. D’ici là l’Etat doit se déployer sur tout l’ensemble du territoire national et resté vigilant pour que plus jamais une telle crise ne s’éclate plus jamais dans le pays. Toutes les tentatives doivent être tuées dans l’œuf. Le Mali a eu confiance en eux en signant les deux précédents accords (pacte nationale 1992, accords d’Alger 2006) mais ils ont trahit.
    Mais le problème est qu’on a à faire à un gouvernement conduit par un président de la république fatigué. Il a monnayé la souveraineté du pays à la minusma et à la France qui ont leur agenda qui n’est pas celui des maliens. IBK n’a de souci que pour son confort personnel et de celui de sa famille. Pour bien profiter il laisse ses collaborateurs agir bon leur semble ; le pays chemine vers l’abime chaque jour. Les maliens (au premier chef l’armée et les milices dits pro gouvernement) doivent s’unir et résoudre rapidement la crise. C’est possible, “we can”. La France a fait une partie importante du boulot, le Mali devra la remercier et s’occuper du reste sans se soucier de l’avis des autres. Le trafic de tout genre bat son plein dans le nord. Il finance les rebellions et les mouvements islamistes. La preuve est que M Mahdi, l’homme au multiple nom a dit avoir reçu 26 millions des islamistes. Comme de personnes peuvent résister à la tentation ? Il faudra rapidement anéantir les sources de financement des mouvements dont le principal est le trafic de drogue.

  2. Il faut que la France soit sérieuse pour sortir Kidal de cette situation, elle est la seule entité capable de mettre fin à ces élucubrations des rebelles, le refus de libérer Kidal comme elle l’a fait avec l’armée malienne à Konna, Gao et Tombouctou le prouve à suffisance. C’est dommage de voir notre pays sans armée donc incapable de libérer cette partie du territoire malien donne des sueurs froides. Une situation d’ignominie, de honte, d’indignité et de posture éhontée. Qu’Allah le tout puissant aide et protège notre très cher Mali au bord de la décrépitude.
    NB: Le Mali n’est pas aidable pour garantir sa libération d’un carnage très prochain.

  3. IBK en face des criminels qui doivent être en prison ou a la cours pénal chez madame BENSOUDA, c’est la vraie impunité, sachez monsieur le président sans justice il n’y aura pas de paix dans ce pays, ceux qui déstabilisent sont récompensés avec des postes de ministres et de diplomates chefs de service sans aucun diplômes ni compétence en laissant des milliers de chômeurs diplômés pacifiques qui n’ont jamais fait mal a ce pays.

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