Sans tabou, ni fétichisme de mots, il est temps de toucher à notre loi fondamentale afin de l’adapter aux leçons apprises de la conférence nationale à nos jours. La nouvelle constitution tant attendue d’un Mali nouveau devra résoudre tous les dysfonctionnements constatés dans l’exercice démocratique. Mais, la quatrième République pourra-t-elle accoucher à la suite d’un large consensus des forces démocratiques et patriotiques, comme en 1992 ?
Peu importe le temps qui sera consacré à son élaboration et surtout qui seront les constituants de la nouvelle Constitution, il est un impératif absolu de procéder à sa révision pour corriger tous les dysfonctionnements constatés. Votée dans l’euphorie de la Révolution de Mars 1991, et maintenant après 28 ans de mise en œuvre, notre loi fondamentale semble ne plus répondre aux exigences de la nouvelle génération, de l’évolution numérique, socio-culturelle et politique de notre société, confrontée à la crise sécuritaire la plus grave de son histoire.
Aujourd’hui, le constat est le même d’Alpha Oumar Konaré à Amadou Toumani Touré mais, il n’y a jamais eu autant d’urgence sur ce projet de révision que sous IBK. Tous les acteurs sociopolitiques, Majorité, Opposition et Société Civile, sont arrivés à la conclusion qu’il faut toiletter le texte fondamental de la République. Ils semblent même être prêts à aller à un compromis pour faire aboutir la naissance de la quatrième république, à la seule condition qu’il y ait inclusivité et de larges concertations de toutes les forces vives de la Nation.
Le Gouvernement, qui doit être le maître d’œuvre, a donné le ton en mettant en place un énième comité d’experts. Mais déjà, ce dernier acte a suscité beaucoup de commentaires et ne semble pas avoir la large adhésion comme attendue, parce que jugé ni inclusif, ni conforme à la réalité sociopolitique du moment. Avant de donner à ce comité sa feuille de route, il serait judicieux pour le Gouvernement, à travers le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, de rectifier le tir pour rendre le comité plus représentatif de toutes les couches sociopolitiques. C’est seulement après un tel correctif, que le comité d’experts pourrait commencer son travail. Ce comité, loin d’être complet, aura le devoir d’initier des rencontres avec les forces vives du pays et surtout de solliciter l’expertise d’autres cadres au dedans comme au dehors du Mali pour recueillir leurs avis afin de proposer la première mouture de la Loi fondamentale.
Après l’étape technique d’élaboration du projet, la seconde phase du processus devrait être sa légitimation. A cet effet, il serait nécessaire de convoquer une conférence nationale bis, plus populaire que celle de 1992, pour y soumettre la proposition du comité d’experts afin de recueillir l’avis du peuple souverain. C’est seulement après cette conférence nationale, qu’IBK aurait dû d’ailleurs convoquer depuis sa prise de fonction, que la légitimation par le référendum de la nouvelle constitution, annoncerait la mort de la troisième République et la naissance de la quatrième République.
En définitive, la vraie question que l’on se pose aujourd’hui, après le vécu de la pratique démocratique à l’occidentale plus de soixante ans après nos indépendances, est celle de savoir, lequel des systèmes politiques actuellement en cours à travers le monde que sont, le régime parlementaire (Grande-Bretagne), présidentiel (Etats-Unis), mixte (France) ou monarchique (Maroc, Norvège, Espagne, Belgique, …) conviendrait le mieux à l’Afrique, et plus particulièrement au Mali, héritier des grands empires ?
Youssouf Sissoko