Le Pays Dogon qui semble perdu au milieu du Mali, demeure l’un des sites les plus fascinants de l’Afrique de l’Ouest. A Bamba un village au nord du pays Dogon persiste une coutume ancestrale : le rituel sacré de la pêche, célébré une fois par an, connu sous le nom de “Antogo”.
Rituel magique et mystérieux – l’absence de conflit et le partage des dons provenant d’un bien commun, symbolise la paix et la cohésion dans ce village Dogon.
Dans un petit lac situé juste en dessous du village, se déroule une bien curieuse cérémonie. La pêche strictement interdite tous les jour de l’année est autorisée une fois par an…
La température doit approcher 50 degrés, le soleil brûlant dans le ciel. Un cadre muet, noir, commence à se dessiner autour du lac. Petits enfants, jeunes et vieux, tous ont fabriqué des pièges pour capturer le poisson. Seules les femmes n’ont pas le droit de participer au rituel.
Quand tout d’un coup, le signal, des centaines de Dogons sautent sauvagement dans le lac, afin de capturer le plus de poissons possible. Les poissons sont ensuite placés dans un sac de cuir qu’ils portent collectivement. S’ensuit une danse bien chaotique, où tous le monde sera couvert de boue. L’intensité du moment est extrême, immense, écrasante.
Un peu plus tard, un coup de feu marque la fin du rituel. Tous les poissons capturés seront rassemblés et remis à l’homme le plus âgé de Bamba, qui assurera une distribution uniforme entre tous les villageois.
Dans le passé, toute la région de Bamba était couverte de forêts verdoyantes et de brousse. Le lac considéré comme sacré et peuplé par les bons esprits, a offert des tonnes de poissons, qui ont contribués aux besoins alimentaires locaux. Le passage du temps, les changements climatiques et les processus parallèles, y compris la désertification massive, a fait que la région s’est transformée en une zone, aride, rocheuse, érodée, sèche, stérile, caractérisée aujourd’hui par d’énormes problèmes en termes d’accès et de disponibilité de l’eau.
Ce petit lac apparemment éternel, encore capable de résister aux évolutions climatiques, représente une ressource précieuse, encore aujourd’hui, surtout au point de vue culturel et identitaire.
www.matteobertolino.com – lundi 7 mars 2011