Angela Merkel et Donald Trump, la rencontre entre deux grands que tout oppose

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La chancelière Angela Merkel et le président américain Donald Trump se rencontrent mardi 14 mars à Washington.
La chancelière Angela Merkel et le président américain Donald Trump se rencontrent mardi 14 mars à Washington.

La chancelière allemande et le président américain se rencontrent pour la première fois à Washington, sur fond de tensions transatlantiques.

INTERNATIONAL – Cette rencontre pourrait “produire une dynamique intéressante”, ose prudemment espérer le Washington Post. La “Mutti” (“Maman”) allemande Angela Merkel et le bouillonnant Donald Trump se retrouvent ce vendredi 17 mars à Washington pour un premier face-à-face, alors que presque tout oppose la puissante mais prudente chancelière allemande et le toujours controversé président américain.

Prévue mardi, la rencontre a été retardée à cause de la tempête de neige Stella. On ne sait que peu de choses sur les sujets que devraient aborder les deux dirigeants. “Il s’agira d’un échange sur divers thèmes bilatéraux et internationaux et sur l’alliance transatlantique”, a simplement indiqué le gouvernement allemand. De son côté, Angela Merkel a refusé de “s’avancer” sur le contenu de l’entretien. La Maison Blanche, elle, a expliqué que les discussions se “focaliseront sur les domaines dans lesquels on peut coopérer”.

Jusqu’ici, les contacts entre Trump et Merkel ont été très limités: un seul coup de téléphone très protocolaire peu après l’investiture du milliardaire.

La force tranquille face à l’exubérance

Il faut dire que le contraste est saisissant entre la chancelière à la force tranquille et “The Donald”. Sur la forme d’abord: quand Trump se lance dans des tirades improvisées et polémiques sur Twitter, la chancelière allemande reste sur la réserve jusqu’à l’ennui en usant d’éléments de langage toujours très mesurés.

Le président américain a d’ailleurs plus d’une fois montré à Angela Merkel sa conception de la communication politique, notamment avec les deux tweets ci-dessous: l’un posté en 2013, l’autre en 2015, alors que la chancelière venait d’être désignée “personnalité de l’année” du magazine Time.

 

“Angela Merkel fait un travail fantastique en tant que chancelière allemande. Le chômage des jeunes est au plus bas et elle a un excédent budgétaire”

 

“Je vous avais bien dit que le Time ne me désignerait jamais ‘personnalité de l’année’, malgré le fait que je sois le grand favori. Ils ont préféré la personne qui a ruiné l’Allemagne.”

Sur le fond ensuite, elle est une atlantiste libre-échangiste convaincue, quand lui prône “L’Amérique d’abord” avec de forts accents protectionnistes. Sur ce point-là, la chancelière devrait tenter d’arrondir les angles. Selon le magazine Der Spiegel, Angela Merkel sera accompagnée à Washington par des patrons des géants Siemens et BMW pour “aider à créer une bonne atmosphère de discussions” et “mettre en avant combien d’emplois (américains) ont été créés” grâce à des investissements allemands.

Une manière aussi de répondre aux avertissements de Donald Trump, qui avait menacé des entreprises, BMW en tête, de lourdes sanctions douanières sur leur production fabriquée au Mexique et vendue aux États-Unis. “Si jamais le gouvernement américain est sérieux avec sa nouvelle taxe, la chancellerie a d’ores et déjà préparé une série de mesures de rétorsion”, croit savoir le Spiegel.

Merkel, représentante de l’Europe

Juste avant sa prise de fonction, Donald Trump avait aussi lancé une violente charge contre Angela Merkel et son “erreur catastrophique” de 2015 d’ouvrir son pays à des centaines de milliers de réfugiés. Elle avait eu l’occasion de lui répondre lors de leur unique coup de fil en janvier. La chancelière avait alors rappelé au président ses obligations sur l’accueil des réfugiés, au lendemain de la signature du décret anti-immigration américain.

Germany is going through massive attacks to its people by the migrants allowed to enter the country. New Years Eve was a disaster. THINK!

“L’Allemagne voit son peuple ciblé par des attaques de masse menées par des migrants, autorisés à entrer dans le pays. Le Nouvel an a été un désastre. RÉFLÉCHISSEZ!”

En marge du sommet de l’UE à Bruxelles, Angela Merkel a admis il y a quelques jours qu’elle se rendait aussi à Washington en tant que représente de l’Union européenne. Une tâche difficile, puisque Donald Trump a par le passé dénigré l’Europe, et souhaité que le Brexit fasse des émules.

Fin janvier, la Première ministre britannique Theresa May avait été la première dirigeante étrangère reçue par le président américain. Les deux avaient décidé des “pourparlers à haut niveau” en vue d’un accord commercial devant préserver les acquis actuels lorsque Londres aura quitté l’Union européenne.

Face à May, chargée de mettre en place le divorce entre le Royaume-Uni et l’Europe, le nouveau locataire de la Maison Blanche avait qualifié l’Otan d'”obsolète” et s’était félicité du “merveilleux” Brexit. Les deux dirigeants étaient ressortis main dans la main de la Maison Blanche.

 

Christopher Furlong via Getty Images  Theresa May et Donald Trump autour de la Maison Blanche le 27 janvier.
Christopher Furlong via Getty Images Theresa May et Donald Trump autour de la Maison Blanche le 27 janvier.


“Je vais bien sûr souligner que notre pays et son adhésion à l’Union européenne sont les deux faces d’une même médaille”, a prévenu Angela Merkel, interrogée sur sa visite à Washington.

La rencontre Trump-Merkel est d’autant plus attendue que l’Europe se demande toujours si Donald Trump compte se tenir au message rassurant porté en février par le vice-président Mike Pence sur le caractère inébranlable de la relation transatlantique.

Des dissensions à l’international

Adepte du multilatéralisme et proche de Barack Obama lorsqu’il était président, la chancelière devrait aussi présenter au président américain les priorités de sa présidence du G20 en vue du sommet de Hambourg en juillet. La chancelière veut mettre l’accent sur la coopération internationale et l’aide au développement, des thèmes loin d’être prioritaires pour Donald Trump.

Le président américain a expliqué qu’il insisterait plutôt sur la nécessité d’une hausse des dépenses militaires de ses partenaires au sein de l’Otan. Selon un responsable américain, le milliardaire veut aussi sonder la chancelière sur son “expérience” avec le président russe Vladimir Poutine, alors que les intentions américaines vis-à-vis de Moscou restent floues.

Ardente avocate de la protection de l’environnement, préoccupée par le réchauffement climatique, la chancelière pourrait escamoter le sujet pour cette fois. “Les dirigeants préfère pour l’instant rester prudents et choisir leurs combats, explique une source européenne au site Politico. Merkel en parlera-t-elle? Je ne sais pas, mais je ne serai pas surpris si ce n’est pas le cas.” Donald Trump, comme son administration, met régulièrement en doute le consensus des scientifiques en matière de changement climatique.

Sera-t-il aussi question du respect des valeurs démocratiques? La porte-parole d’Angela Merkel a refusé de se prononcer, alors que la chancelière avait rappelé à Donald Trump, dès le lendemain de son élection, l’importance de “la démocratie” et “de la dignité de l’homme indépendamment de sa couleur de peau, de sa religion, de son sexe, de son orientation sexuelle ou de ses convictions politiques”.

Malgré les inconnues, Angela Merkel s’est montrée optimiste. “Il vaut mieux parler l’un avec l’autre plutôt que parler l’un à propos de l’autre, a-t-elle confié lundi en marge d’un déplacement à Munich. Ce sera ma devise durant cette visite, que j’attends avec impatience”.

Par huffingtonpost.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. 1- “Angela Merkel et Donald Trump, la rencontre entre deux grands que tout oppose”…

    2- Ou aussi les retrouvailles entre phénomènes Germains et Anglo-Saxons! Aux souffreteux de faire donc attention…

  2. “Angela Merkel et Donald Trump, la rencontre entre deux grands que tout oppose”

    1- M Merkel à Washington, mi-mars 2017

    2- Avant, début février 2017 son Vice, Sigmar Gabriel, était aller briser la glace en rencontrant Pence et Tillerson…

    3- Peu de temps après ce même Gabriel est à MOSCOU, 09mars 2017

    4- Le même scénario avec les Banquiers et hommes d´affaires allemands de GAZPROM qui rencontrèrent Poutin en 2014 au même moment où justement les sanctions économiques furent prises et prolongées…

    5- Après l’accord sur le nucléaire, la visite le vice-chancelier allemand à Téhéran en 2015, le marché Iranien dans les domaines de l’électricité, de l’eau, Energie où les banques allemandes investissent depuis…

    Voilà ce que l´on appelle avoir une vision politique au delà des clivages, comme quoi le cerveau doit toujours primer sur la testotérone du genre Barkhane, Sangaris,Licorne, Minusma…Cela s´appelle de la diplomatie FRAU MERKEL!

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