Al Quaida au Maghreb islamique : Un échec pour ATT, l’incertitude du Mali de demain

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L’armée malienne est-elle à jamais condamnée à l’inertie pendant que notre territoire national est régulièrement violé par les hors-la-loi de tous horizons ? Il faut le craindre sérieusement, tant notre pays fait figure de ventre mou pour rebelles, preneurs d’otages et autres trafiquants de drogues et de cigarettes pour qui le Mali est désormais le refuge imparable-le meilleur, diraient certains- pour desperados en cavale. C’est le lieu de rappeler que, déjà en mai 2008, des centaines de jeunes soldats maliens, tous âgés de 18 à 25 ans seulement, ont été fauchés à Abeïbara par des balles perfides des rebelles qui, sans foi ni loi, ont été d’une cruauté inouïe.

Les jeunes gens, avec leurs sous-officiers et quelques officiers, ont été ainsi livrés à une mort atroce par une de ces boucheries inimaginables parce que, simplement, il leur a été interdit de se défendre : ils étaient condamnés à rester l’arme au pied. Grand coupable de ce massacre collectif, le Général Amadou Toumani Touré, président de la République et chef suprême des armées, a ce commentaire hypocrite le 8 juin 2008, à l’occasion de l’anniversaire traditionnel de son investiture à la tête de l’Etat : « L’armée malienne ne pardonnera jamais Abeïbara ».

Pourtant, l’homme sera régulièrement pris à défaut de décision au point qu’on en est à se demander si réellement il est un chef apte à diriger, s’il n’est pas d’ailleurs dans un complot inavouable contre les intérêts de la République en protégeant des intérêts propres à lui. Il est clair aujourd’hui que toute la mauvaise situation sécuritaire au nord Mali n’est que le résultat de l’incurie du seul Amadou Toumani Touré. En effet, ATT est le seul à gérer le dossier et n’en fait qu’à sa tête. Il n’écoute pas les chefs militaires. Des avis des spécialistes reconnus, il s’en fout comme de l’an 40. Et voilà : après les rebellions successives touaregs, arabes et quoi d’autres, c’est Aqmi qui dispute aujourd’hui à l’Etat du Mali l’intégrité de son territoire national, avec les conséquences que l’on sait mais dont on ne peut à présent cerner toutes les conséquences futures. ATT, s’il n’est pas l’allié inconscient des malfrats organisés, apparaît pour le moins comme un Général défaitiste. Mais nombre de chefs militaires sont convaincus que le business  finira bien par découvrir ses dessous. Triste réputation en perspective pour un militaire qui croit pourtant incarner le patriotisme le plus intransigeant.    

Pointage macabre qui en dit long sur la violation répétée et régulière de notre territoire national. Marché de Bouna, 8 mai 2011 : des rebelles, à bord de 40 4×4, se sont approvisionnés tranquillement. Le 20 mai, des éléments d’Aqmi ont campé à Agouni, à 35 km de Tombouctou. Dix-sept de leurs 4×4 avaient des armes lourdes. Ils prétendent avoir en leur sein des éléments de tous les groupes ethniques du Mali, accréditant la thèse avancée par André Bourge, grand spécialiste du Sahel, qui soutient la territorialisation et l’ethnisation du conflit. Samedi, 21 mai, Aqmi se paie à nouveau le luxe de camper à 15 km de Tombouctou avec, selon les témoins, une soixantaine de 4×4. Le même jour, leur présence est signalée à Léré. Jeudi dernier, deux groupes de trafiquants de drogue se sont affrontés à la frontière entre  l’Algérie, la Mauritanie et le Mali. Bilan trois morts. Il y a quelques semaines, c’est la bourgade d’Anéfis, à 100 km de Kidal, qui fut  le théâtre d’affrontements entre des rebelles et les forces de sécurité maliennes autour de véhicules 4X4 que les bandits emportaient dans le désert.  Plus grave, du 18 au 21 mai 2011, c’est toute une colonne de combattants d’Al Qaïda,  forte de 40 à 60 véhicules tout terrain, qui a librement patrouillé dans les zones de Tombouctou, Léré, Ber… sans rencontrer la moindre résistance de la part de l’armée malienne. Et pour cause : l’armée a été soit retirée du front ou n’a eu aucune consigne de combat. Le 25 mars dernier, c’est encore Tinafiwa, un village à quelques dizaines de kilomètres de Tombouctou, qui faisait l’objet d’un raid d’éléments maures qui, en revendiquant  la chefferie du village, s’en étaient pris aux paisibles populations, faisant parmi celles-ci deux morts et plusieurs blessés graves.

Soumeylou Boubèye Maïga : la détermination du vrai patriote malien

 Les affrontements de jeudi dernier ont eu lieu à peu près au même moment où  M. Soumeylou Boubèye Maïga, le chef de la diplomatie malienne, forçait un peu la main au représentant de l’Union européenne, l’ambassadeur du Danemark au Mali accompagné de celui de la France, des représentants d’ONG comme M. Manuel Lopez Blanco… pour faire une tournée dans les régions nord, histoire de rassurer les touristes et autres bailleurs de fonds sur la sécurité au Mali. On ne saluera jamais assez la détermination de Soumeylou qui, la frustration contenue, continue de croire qu’il faille résoudre ici et maintenant la situation de sécurité au nord de notre pays. Il peut compter sur ce point sur nous : son attitude est tout simplement malienne. Le drame est que ATT, lui, pense tout autre chose. En effet, contre l’avis de ses chefs militaires, contre l’avis de tous les habitants (touaregs, maures, songhaïs… animés d’un sentiment d’amour de leur patrie), contre l’avis de tous les Maliens… ATT a décidé de ne rien faire contre les bandits qui perturbent et déstabilisent les régions nord du Mali. Pire, notre président de la République a décidé de permettre à Al Qaïda d’en faire leur base- arrière pour attaquer et déstabiliser toute la sous région. Dans un documentaire de TV5 sur la zone Sahélo- saharienne  qui est passé il y a un peu plus de deux mois, tout le monde a pu se rendre compte que de Gao aux frontières Mali- Algérie et  Mali- Mauritanie, il n’y avait nulle part, côté malien, des patrouilles militaires (contrairement au Niger et en Mauritanie); il n’y avait que quelques gendarmes aux postes frontières sans équipements et qui, aux dires du reporter français, préfèrent, en cas de pépins, sagement collaborer ou ignorer les activités criminelles des bandits. On a peine à croire que c’est là l’attitude d’un militaire, encore moins d’un général qui préside aux destinées de la nation, en tant que garant de la sécurité collective et individuelle ainsi que de l’intégrité du territoire national.

ATT : toute la faute, c’est lui et lui seul

Les diplomates européens ont d’ailleurs, au terme de leur visite, dit qu’ils aviseront, mais ont quand même ajouté qu’il fallait la sécurité au nord du Mali. Un langage qui ne trompe pas. Les Européens ne se font pas du mauvais sang pour rien. C’est quand même au Mali qu’a été assassiné Pierre Qamat. C’est encore au Mali que sont détenus, jusqu’ici, les otages occidentaux et malgaches.
Tout en saluant les nouvelles initiatives de coopération avec les pays de la zone sahélo- saharienne tendant à créer un commandement commun, tout en reconnaissant la touche du nouveau ministre des Affaires étrangères, force est de constater que, jusqu’ici, tout ce qui a été entrepris pour ramener la paix au nord a échoué à cause du président de la République, ATT.

Les arguments genre «la zone est trop vaste, elle couvre environ 8 millions de km2… » sont de mauvaises excuses, car il faudra un jour ou l’autre cesser les fuites en avant, sécuriser et contrôler notre territoire national en comptant avant tout sur nos propres forces et non sur celles des autres. C’est toute la raison d’être d’un Etat. Cette tâche ne peut être confiée à personne d’autre.
Au total, qu’on aime ATT ou qu’on ne  l’aime pas, que l’on soit son défenseur inconditionnel ou son pourfendeur impénitent, l’incurie au nord de notre pays, c’est lui et personne d’autre. C’est son échec à lui et celui de personne d’autre car, on se rappelle que, quand IBK avait décidé, de guerre lasse,  de mettre fin à la chienlit, il l’avait fait à la satisfaction de tous. On ne peut donc pas comprendre que le général ATT ait échoué là où IBK, le civil, ait bâti tout son capital de sympathie.
Housseyni Barry & Assif Tabalaba

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