AL-QAïda au Magrheb Islamique : La guerre continue

0

Les opérations militaires se poursuivent au nord du Mali. Les forces mauritaniennes engagées sur le terrain continuent de ratisser la zone. Contrairement à ce qui a distillé par certains organes de presse prenant comme source la presse algérienne, les premiers accrochages ont abouti à la déroute des saraya (unités constituant la katiba) d’AQMI. Sur place, les Mauritaniens ont pu identifier les circuits de la nébuleuse terroriste, certaines caches ont même été découvertes. C’est pourquoi, les troupes resteront en place en attendant un engagement plus ferme des autres pays de la zone. C’est ce que vise la réunion de dimanche des Chefs d’Etats Majors à Tamanrasset en Algérie. Pays concernés : Algérie, Mauritanie, Mali et Niger.

Selon un communiqué du ministère algérien de la défense, cette réunion entre dans le cadre de l’évaluation de la situation sécuritaire prévalant dans la sous-région et dans le sillage des dispositions prises pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, au sein du Comité d’état-major opérationnel conjoint issu de la réunion des chefs d’état-major des pays concernés, tenue à Tamanrasset les 12 et 13 août 2009. “Les chefs d’état-major procéderont, à cette occasion, à un échange d’informations et d’analyses à même d’établir un bilan exhaustif des activités et actions effectuées pour la concrétisation d’une stratégie commune de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée”, ajoute le communiqué. Sera-ce l’occasion pour les Mauritaniens d’entraîner avec eux les autres pays ? Très probablement quand on sait que le Niger, le Mali sont au même degré de préjudices causés par AQMI. Mais qu’en sera-t-il de l’Algérie qui semble hésiter à se lancer dans la bataille, on ne sait toujours pas pourquoi ?

Algérie, seul pays qui a les moyens…

En effet comment expliquer les hésitations de l’Algérie qui subit depuis trop longtemps les affres de la guerre menée par les groupes terroristes? L’Algérie est le seul pays de la région qui a suffisamment de moyens pour arriver à bout de la menace qui pèse désormais sur toute la région. L’Armée algérienne est sans aucun doute la plus puissante et la mieux équipée de la région. Elle est aussi la plus meurtrie par les actions d’AQMI. Alors ? Il faudra attendre de voir quelle sera la suite à donner par ce pays aux événements actuels pour en conclure clairement à un déni ou non.

En attendant, la traque continue en Mauritanie. Dernièrement, les forces de police ont procédé à l’arrestation du dénommé El Hacen Ould Maatalla qui a participé à Ghallawiya et Tourine. Il donne d’ailleurs des détails morbides sur l’assassinat par décapitation des douze mauritaniens le 15 septembre 2008. Les révélations de Ould Maatalla pourraient servir à appréhender d’autres éléments de cellules dormantes envoyées en Mauritanie en vue d’actions de représailles.

Si la réticence du Mali à combattre les unités d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord de son territoire est, selon une dépêche de l’AFP, en partie liée à sa crainte de voir resurgir la rébellion touareg dans cette même région.

Le Président ATT accusé de laxisme dans la lutte contre AQMI

Le Président Amadou Toumani Touré a été accusé de “laxisme” dans la lutte anti-Aqmi par l’Algérie et la Mauritanie. Cité par l’AFP, Alain Antil, chercheur de l’Institut français de relations internationales (Ifri), pense qu’en réalité “la politique d’ATT remonte à la rébellion touareg”. “Depuis, il essaye de ne pas braquer les gens du nord contre lui et donc son armée ne s’aventure pas trop dans cette zone”. Comptant environ 1,5 million de personnes réparties entre Niger, Mali, Algérie, Libye et Burkina Faso, les Touaregs ont posé ces dernières années de sérieux défis sécuritaires, surtout à Bamako et Niamey.

Le Mali a été confronté dans les années 90 et 2000 à des rébellions touaregs qui ont pris fin en 2009. Mais la paix reste fragile et une reprise de la rébellion “est un grand risque” pour ATT, souligne Alain Antil.

Une paix obtenue en échange d’une démilitarisation partielle du nord du Mali, mais malgré cela, la rébellion “est en veilleuse”, souligne également Moussa Samba Sy, politologue mauritanien, directeur du Quotidien de Nouakchott, cité lui aussi par la dépêche de l’AFP. Par crainte de la raviver, “le Mali ne souhaite pas être impliqué de manière trop directe dans la lutte contre Aqmi”, ajoute-t-il. Si les actions d’Aqmi y sont moins nombreuses qu’en Mauritanie ou en Algérie, le Mali n’est cependant pas totalement épargné.

L’armée malienne, en dépit d’effectifs moins élevés que celle de la Mauritanie (environ 7.000 hommes contre quelques 20.000), “a porté de gros coups à Aqmi”, reconnait M. Samba Sy.

Le 17 juin 2009, deux mois après l’exécution de l’otage britannique Edwin Dyer, elle avait pour la première fois attaquée une base d’Al-Qaïda sur son territoire, à Garn-Akassa, près de la frontière algérienne: bilan, 26 “combattants islamistes” tués, selon elle. Trois semaines plus tard, de violents combats l’opposaient à Aqmi dans le nord malien, faisant des dizaines de morts dans les deux camps, selon l’armée, 28 soldats maliens tués, selon Aqmi. Plus récemment, fin août, Aqmi revendiquait l’exécution d’un douanier malien capturé quelques jours auparavant. La volonté de ne pas ranimer la rébellion touareg au risque d’apparaître moins engagé contre Aqmi que d’autres “est un scénario bancal”, estime cependant Alain Antil et le président ATT en est conscient.

ATT autorise l’Armée mauritanienne à venir au Mali…

Face à la multiplication des actions d’Aqmi – la dernière étant l’enlèvement de sept otages dont cinq Français au Niger transférés depuis au Mali – “il doit faire la preuve qu’il collabore”, d’où les autorisations données à la Mauritanie pour intervenir sur son territoire, souligne-t-il.

“On a cru percevoir une espèce de modus vivendi” entre Aqmi et le Mali, “mais il existe dans ce pays une nouvelle volonté de combattre Aqmi’, souligne également Moussa Samba Sy.

Preuve de cette “nouvelle volonté”, une source militaire malienne affirme que son pays entend remilitariser à court terme le nord de son territoire, volontairement dégarni en échange de la paix avec les Touaregs. Mais le Mali n’entend pas agir seul, et souhaite une riposte de toutes les armées concernées dans la région.

Pour la Mauritanie, l’enjeu est autrement plus grand. L’évolution dans l’approche l’est tout aussi. Le 5 juin 2005, la garnison de Lemghayti est attaqué par un groupe de terroristes dont des mauritaniens. Le carnage est évident : 15 mauritaniens dont la plupart froidement exécutés par les assaillants. Première force en contact avec la garnison, le lendemain de l’attaque. La lourdeur et l’éloignement expliquent en partie ce retard. Folie guerrière chez le Président de l’époque qui ne peut se résoudre à accepter que l’Armée du pays a été sacrifiée comme tout le reste. Mal équipée, sous-payée, elle se retrouve en quinze de mal gouvernance volontairement destructrice, à la limite de la clochardisation. Qu’à cela ne tienne. Le Président Ould Taya ordonne la mobilisation d’un millier d’hommes pour aller traquer les terroristes jusqu’aux confins du Niger. Avec des équipements fraichement payés par les groupes d’affaires de Mauritanie. Voitures, gasoil, armes, munitions, nourriture… chaque grand groupe d’affaires à l’époque avait pris en charge un aspect.

Restructuration de l’armée mauritanienne

Aujourd’hui, l’Armée mauritanienne a subi une restructuration complète dans la perspective d’abord de la reprise en main et du contrôle du territoire national. Ensuite de la prévention d’éventuelles attaques de l’ennemi du moment qui n’est autre que l’organisation AQMI.

Pour ce faire, l’Armée a investi le poste de Ain Bentili qu’elle n’a pas investi depuis février 1976 quand le Polisario l’avait attaqué tuant l’un des plus brillants officiers de l’époque, le commandant Sweidat Ould Wedad. Les bases de Chegatt, Ghallawiya, Bassiknou… ont été renforcées depuis 2008. En même temps, quatre GSI (groupe spécial d’intervention) ont été mis sur pieds. Unités mobiles, légères, très bien équipées, elles sont dédiées à la lutte contre le terrorisme. C’est bien cette préparation qui permet aujourd’hui à la Mauritanie de bien envisager l’avenir. Dans la perspective d’un apaisement au moins pour la Mauritanie.

Comme toute guerre, cette guerre occasionne des dommages collatéraux. L’insertion sociale réussie d’AQMI dans les tribus du nord entraine une confusion totale qui peut occasionner des bavures. Surtout que les deux civils tués à l’occasion des bombardements mauritaniens appartenaient à la tribu qui donnait refuge à Belawar et à Abu El Hammam.

Deuxième «dommage collatéral», celui de l’intérieur. La position de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) a remis en cause toutes les ouvertures politiques. Seul le Rassemblement des Forces démocratiques de Ould Daddah semble avoir trouvé ses marques. En tant que chef de file de l’Opposition n’ayant aucune velléité de participation au gouvernement, Ahmed Ould Daddah n’a pas hésité une seconde à apporter son soutien à l’Armée nationale. Très vite le RFD a publié son communiqué, anticipant sur celui de la COD pour ne pas à avoir à le bénir.

Ce ne fut pas le cas de Adil qui n’a pas, jusqu’à présent, exprimé ses nuances. Alors qu’il était en négociations avancées avec le pouvoir d’Ould Abdel Aziz. Il y a quelques semaines, il avait même présenté une plate-forme de dialogue au Président de la République. La position de la COD remettra tout en cause. On voit mal comment le Président Ould Abdel Aziz va engager un processus d’implication d’un parti qui a dénoncé son choix de porter la guerre hors du territoire mauritanien.

Que dit avec exactitude la COD ? Elle a qualifié les accrochages entre l’armée mauritanienne et des combattants d’AQMI de «guerre par procuration ne se fondant sur aucune base légale ou consensus national». La COD s’étonne, dans son communiqué que la Mauritanie soit «engagée dans cette guerre sans la participation des autres Etats de la région qui pourtant se trouvent exposés aux mêmes dangers». Suivent encore d’autres questions par lesquelles la COD tente de fixer une position qui sème le doute dans les esprits : «pourquoi nos forces armées nationales la mènent-elles en dehors de notre territoire national ? Pourquoi privilégier la coordination avec une puissance étrangère au détriment de la coordination et de la coopération avec les pays de la sous-région concernés ? Devons-nous ou pouvons-nous remplir seuls le rôle de gendarme responsable de la sécurité de la région ?» Et de poursuivre : «Toutes ces questions et interrogations auxquelles le peuple mauritanien est en droit d’avoir des réponses claires, demeurent posées au régime et à lui seul, qui a décidé, de manière unilatérale d’engager notre pays dans une guerre dont les conséquences n’ont pas été suffisamment évaluées alors même que leurs incidences  peuvent porter atteinte,  à la sécurité de nos citoyens et même à l’existence du pays.» La COD déplore les «maigres informations contenues dans ce communiqué (du ministère de la défense) tant sur les causes que sur les résultats de cette opération.» Elle n’omet pas d’émettre au passage des doutes sur le bilan que la Mauritanie a fourni de ces accrochages, soulignant l’existence «d’informations contradictoires provenant d’autres sources».

On comprend alors que la rédaction du communiqué a occasionné tant de débats à l’intérieur de ce regroupement de partis. C’est finalement l’aile dure qui l’a emporté. Cela aura certainement des conséquences sur la cohésion même de ce regroupement qui rassemblement une partie de l’opposition «traditionnelle», celle du temps de Ould Taya, et les plus fervents soutiens de ce régime qui a sévit pendant deux décennies. On entend ici instrumentaliser ce qu’on juge être un moment de faiblesse du pouvoir, pour tantôt invoquer le «mécontentement au sein de l’Armée», tantôt exacerber les rumeurs sur le bilan, les conditions dans lesquelles se trouvent les forces engagées, l’état d’esprit des maliens (populations et officiels)…

Mohamed Fall Ould Oumère, journal la Tribune de Nouakchott

 

Encadré :

 

Abou Zeid, le leader jusqu’au-boutiste d’Al-Qaïda au Mali

C’est lui a conduit l’opération de l’enlèvement des cinq Français au Niger…

Jusqu’au-boutiste et radical. C’est la réputation de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid, dont la katiba serait à l’origine du rapt des employés d’Areva et de Vinci. Implanté dans l’est du Sahel, il est considéré comme le chef d’Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) au Mali.

Cet Algérien de 44 ans serait à l’origine des exécutions du Britannique Edwin Dyer et du Français Michel Germaneau, dont on n’a jamais retrouvé le corps.

 «C’est le plus redoutable»

 «Depuis deux ans, Abou Zeid a étendu de manière spectaculaire son terrain d’action, avec une grande mobilité, kidnappant des touristes dans le sud de la Tunisie, ouvrant le front du Niger qui n’existait pas avant lui», explique dans La Voix du Nord le chercheur français Jean-Pierre Filiu, auteur des Neuf vies d’Al Qaida.

L’homme est sorti de l’ombre en 2003, lors de l’enlèvement de 32 touristes européens dans le sud algérien par Abderrazak, dit «le para», l’un des «émirs» de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Abou Zeid, son adjoint, est décrit par les otages comme quelqu’un de petit, maigre, portant la barbichette et sans charisme particulier. Certains le disent même illettré. Mais l’homme est dur en négociations. Le Français Pierre Camatte, retenu en otage pendant trois mois dans le nord du Mali et libéré en février 2010, raconte qu’Abou Zeid lui a posé des questions «qui [allaient] droit au but », en arabe. «Ton nom? Ta profession? Ta formation (université? quel niveau? licence?)? Des enfants?»

Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes à L’Ehess, confirme à 20minutes.fr: «Abou Zeid est plutôt doctrinal et intransigeant. Il a des avis assez tranchés, plus proche de la direction d’Aqmi.» «C’est le plus redoutable. Son prédécesseur – Abderrazak – était un gangster, mais il n’avait jamais tué. Abou Zeid qui est là depuis deux ans, lui est très violent», renchérit Antoine Basbous, fondateur de l’Observatoire des Pays arabes.

 Opposé à «Mister Marlboro»

 Né à Toggourt, au sud d’Alger, Abou Zeid est un pur produit de la guerre civile algérienne, indique Le Parisien. Jeune, il devient membre du Front islamique du salut puis rejoint les rangs du GSPC, l’ex-GIA qui deviendra l’Aqmi.

Plus présente à l’ouest du Sahel, la katiba de Mokhtar Belmokhtar, surnommé «Mister Marlboro», du fait de son goût pour la contrebande, serait plus prompte à négocier. Ainsi, le groupe aurait obtenu 7 millions d’euros en échange des deux otages espagnols libérés à la fin août. Les deux katibas, opposées, obéissent aux ordres de l’Algérien Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC. Abou Zeid lui est fidèle. Quelles seront les directives pour les sept otages retenus au Niger? Pour l’instant, les revendications précises du groupe ne sont pas encore parvenues aux autorités.

 Catherine Fournier – 20minutes.fr

(source : internet)

 

Encadré 2 :

La route vers les cimetières du «Désert de l’Islam»

Leurs amis combattants de l’AQMI les qualifient de «martyrs choyés par Dieu pour s’être sacrifiés pour lui», les gouvernements de la sous-région et leurs ennemis les qualifient de «terroristes qui n’ont eu que ce qu’ils méritent après avoir choisi la voie du terrorisme et du banditisme». D’autres parmi leurs adversaires estiment qu’ils sont des jeunes qui ont cru en leur Dieu et ont été emportés par le feu de la passion en réaction à l’injustice à laquelle font face les musulmans à travers le monde. Ils sont alors partis de bonne foi, pour redresser le tort avant de se transformer en débris anonymes dispersés dans le grand Sahara, dont les restes de peu d’entre eux ont été remis à leurs parents pour les enterrer.

Il s’agit de jeunes mauritaniens qui ont rejoint Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et auparavant le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), avant de mourir là-bas, loin de l’épouse et des enfants, des amis et des parents, dans le maquis entre les plaines et les plateaux d’un désert où l’ont entre pour aller vers l’inconnu et dont l’on sort comme pour rentrer une nouvelle fois dans la vie.

Une mort qui sera pour certains d’entre eux dans une caserne dont on n’a pas rêvé et à laquelle on ne s’attendait pas et pour d’autres, un rendez-vous vers lequel ils sont allés armer de ceintures explosives ou de voitures piégées distribuant la mort en se suicidant ou en fauchant des vies innocentes, laissant derrière eux sonner, dans un quartier de Nouakchott ou dans une ville de l’intérieur, un téléphone pour annoncer la triste nouvelle : «votre fils s’est sacrifié, qu’Allah accepte son martyr». La douleur envahit le foyer, le doute et la méfiance s’installent autour de la maison, la mère et l’épouse sont endeuillées, quelques rares personnes se glissent pour présenter leurs condoléances discrètement. Les jours passent puis un autre téléphone sonne chez une autre famille pour annoncer la mort d’un fils comme celui qui l’a précédé dans un scénario qui se répète et s’impose comme le départ de cette jeunesse vers les camps du grand désert. Ils sont aujourd’hui au nombre de 21 jeunes mauritaniens dans la fleur de l’âge, tués au nom et pour le compte de l’AQMI, leurs amis prétextant les avoir convolé «dans le Paradis éternel où ils auront des houris (femmes du Paradis), des houris aux yeux grands et beaux». «Ils se sont ôtés la vie et ont plongé dans l’enfer» disent leurs ennemis.

Quoiqu’il en soit, ces jeunes mauritaniens se sont donnés la mort ou sont allés se faire tuer qui en Algérie, qui en Mauritanie, qui au Mali, qui au Niger et qui en Tunisie. Une répartition qui met en tête de palmarès l’Algérie (8) ex-aequo avec la Mauritanie (8), suivi du Mali (2), du Niger (2) et de la Tunisie (1).

Parmi ces 21 figurent 4 kamikazes, dont deux se sont fait exploser en Mauritanie : – Moussa Ould Zeidane, alias Abou Oubeida Al-Bassri, auteur de l’attentat- suicide contre l’ambassade de France à Nouakchott en août 2009 et – Idriss Ould Mohamed Lemine alias Abou Ishagh Al-Chinguitty, kamikaze de l’opération suicide déjouée contre la caserne de Néma dans l’Est mauritanien du 25 août 2010 ; – Ibrahim Al Khalil Ould Haboye alias Nacer, auteur de l’attaque suicide contre une caserne de l’armée nigérienne en mars 2010 et – Sidina Ould Khattary alias Abou Zeineb Al-Mouritani, auteur d’un attentat suicide contre un bus de transport en commun dans la ville algérienne de Bouira en 2008.

Autres morts : 1- Ahmed Bamba Ould Baba alias Abou Mohamed Al Jakani : il était le premier mauritanien tué dans les rangs du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC). C’est un ressortissant de la moughataa de R’Kiz, ingénieur mécanicien sortant des universités jordaniennes où il a acquis la pensée salafiste jihadiste, s’imprégnant de leaders comme Abou Enass El Chami. De retour en Mauritanie, il a travaillé comme ingénieur à la SNIM mais, sans tarder, il a rejoint les camps du GSPC. C’est l’un des cinq mauritaniens à avoir participé dans la première attaque de cette organisation contre la Mauritanie le 4 juin 2005 à Lemghaïty, dans le Nord du pays, sous la conduite de l’émir du Sahara de l’époque et actuel dirigeant du «Bataillon des Enturbannés» (katibat al moulathamine), Khaled Aboul Abbass. La nébuleuse islamiste donnera comme nom à cette attaque, «Badr Chinguitt» (allusion à l’historique bataille de Badr el koubra). Le hasard fera que Ahmed Bamba Ould Baba alias Abou Mohamed Al Jakani sera le premier mauritanien du GSPC à tomber au champ, en territoire mauritanien et par des munitions mauritaniennes. En effet, il sera l’un des six hommes du GSPC abattu ce jour-là par l’armée mauritanienne à Lemghaïty où dix sept soldats mauritaniens dont un officier au grade de capitaine a trouvé la mort.

2- Ahmedou Ould Magham alias Abou Khaïthamata : c’est un ressortissant d’une localité du Trarza sise entre R’Kiz et Boutilimit qui poursuivait ses études supérieures au Maroc lorsqu’ a commencé la deuxième guerre du Golfe avec l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis d’Amérique en 2003. Il partit combattre en Irak aux côtés de l’émir Al Qaeda vi bilad el Ravidein (l’Irak), Abou Moussab Al Zarkaoui. Puis il reviendra en Mauritanie avant de regagner les camps d’Al Qaeda au Nord du Mali et au Sud de l’Algérie. Il sera tué lors des affrontements entre les forces de sécurité tunisiennes et des salafistes armés près de la capitale Tunis vers la fin de 2006. Il était un poète et un grand orateur célèbre pour un poème largement diffusé en sons et images sur le Net dans une vidéo intitulé «L’enfer des renégats».

3- Limam Ould Ahah alias Oumeire Abou Asmaa : c’est un ressortissant de Ouad Naga (Trarza) qui sera tué en Algérie en 2007.

4- Isselmou Ould Abdallahi Ould Oubeid alias Abou Al Batoul : c’est un ressortissant de Ouad Naga (Trarza) qui ira regagner les camps d’Al Qaïda en 2004. Il sera tué dans la région de Sidi Bou Aqba en Algérie janvier en 2009 lors d’un affrontement entre l’armée algérienne et des éléments d’Al Qaïda.

5- Sidna Ould Khattary alias Abou Zeinabou Al Mouritani. c’est un ressortissant de Boutilimit (Trarza) qui a rejoint les camps du GSPC en 2005 en compagnie d’Ahmed Ould Radhy et Idriss Ould Mohamed Lemine. Sidna Ould Khattary sera auteur d’un attentat suicide dans la ville algérienne de Bouira en 2008 faisant 12 victimes.

6- Moussa Ould Mohamed Ndeya alias Oussama Abou Nacer: c’est un ressortissant de Boutilimit (Trarza), proche parent de Sidna Ould Khattary. Il a participé en février 2008 à l’attaque contre l’ambassade d’Israël à Nouakchott, avant d’être tué dans l’affrontement qui a opposé à Tevragh Zeina (Nouakchott) les forces de sécurité mauritaniennes à des éléments du groupe «Ansarou Allah Al Mourabitoune Vi Bilad Chinguitt». C’est la bataille à laquelle la nébuleuse islamiste donnera le nom de «Badr Nouakchott» (allusion à l’historique bataille de Badr el koubra) et au cours de laquelle seront arrêtés la plupart des dirigeants et éléments de ce groupe.

7- Ahmed Ould Radhy alias Abou Mouaz : c’est un ressortissant de Tidjikja (Tagant) qui a étudié au lycée technique de Nouakchott, avant de devenir un expert en explosifs qui s’est formé dans les camps d’Al Qaïda. Il a été tué avec son compagnon Moussa Ould Ndeya après avoir été blessé à la tête par balle lors des affrontements de Tevragh Zeina (Nouakchott) entre les forces de sécurité mauritaniennes et des éléments d’Al Qaïda en avril 2008. A l’issue de sa blessure, Ahmed Ould Radhy avait été transporté à l’hôpital militaire de Nouakchott où il a rendu l’âme.

8- Yahya Ould Mahfoudh, alias «Abou Ayman Echarghi»: c’est un ressortissant du Trarza qui était un orateur à la voix forte comme le décrivent ses compagnons. Il a été tué dans la wilaya de Ouargla en Algérie lors d’un accrochage avec l’armée algérienne, en début 2008 où périrons d’autres éléments d’Al Qaida dont entre autres, «Salman l’algérien» et Noumane Essahraoui» et «Dadallah Tounoussi».

9- Ely Cheikh Ould Meine Ould Mohamed Ould Ahmed, alias «Abdessamad»: c’est un ressortissant de l’Inchiri qui vivait dans le quartier Carrefour de Nouakchott. Né dans les années 1980, il a été tué par l’armée algérienne en mai 2008.

10- Ikhalihenna Ould Cheikh, alias «Abou Dhar Al Ghallaoui»: Il a participé au recrutement d’un grand nombre de jeunes Mauritaniens qui ont rejoint al-Qaïda. Il a été tué lors de l’attaque menée par Al Qaida contre une unité de l’armée mauritanienne à Tourine (nord de la Mauritanie) le 14 Septembre 2008. Il fut le seul combattant tué dans les rangs de l’AQMI. Il avait laissé derrière lui un enregistrement vidéo dans lequel il exprimait ses dernières volontés.

11- Mohamed Salem Ould El Kory, alias «Al Noumane»: C’était un résident du quartier de Zaatar, non loin de Tensoueilem à Nouakchott qui travaillait dans le secteur des bâtiments avant de rejoindre les camps d’Al Qaida. Il a été tué en Juillet 2009 lors d’un affrontement entre l’armée malienne, dans une bataille à laquelle l’organisation islamiste avait donné le nom de la «Bataille d’Al Wisry».

12- Sidi Ould Yehdhih, alias «Abdel Hakim Abou Al Yawaqit»: Il est originaire de la moughataa de Wad Nagha et a été arrêté par l’armée malienne à la fin du mois d’août 2008 avec Tayeb Ould Sidi Aly ainsi que d’autres éléments d’AQMI.Après des mois de détention dans la ville de «Gao» dans le nord du Mali, les autorités maliennes ont décidé de le transférer vers une prison de la capitale, Bamako. Mais le véhicule qui les transportait fera un accident qui coûtera la vie à quatre éléments de la sécurité malienne. Sidi Ould Yehdhih sera grièvement blessé à la tête avant de décéder quatre jours plus tard suite à ces blessures alors que son ami Tayeb Ould Sidi Aly aura la vie sauve.

13- Moussa Ould Zeidane, alias «Abou Oubeida Al Basri»: originaire de la wilaya du Brakna, il est l’auteur de l’attentat-suicide de l’ambassade de France à Nouakchott, le 8 août 2009. Il a échoué au Baccalauréat et n’a pas réussi son test de passage pour entrer dans l’école de la gendarmerie nationale. Après avoir essayé plusieurs petits métiers sans grand rendement, il a rejoint les camps de l’AQMI en 2007. De retour à Nouakchott, il s’est fait exploser dans son attentat suicide alors qu’il n’avait pas encore consommé ses vingt-quatre ans.

14- El Hadj Ould Maata, alias «Abou Mohamed Al Mouritani»: C’est un ressortissant de la ville d’Atar (Adrar) qui a été tué par l’armée nigérienne, en 2010 dans une opération menée contre les combattants d’Al Qaida près de la ville de «Téloua» et au cours de laquelle seront tués plusieurs autres éléments de l’organisation islamiste dont «Said Ebi Sariya Al Jezairi» ainsi que des Libyens qui se trouvaient avec lui.

15- Ibrahim Al Khalil Haby alias «Nasser»: C’est un ressortissant du Brakna, qui a mené une attaque suicide contre l’armée du Niger, en Mars 2010. L’opération qui fut baptisée par Al Qaida la «Bataille du martyr Saad Ebi Sariya» venait en représailles contre l’armée nigérienne qui avait tué un certain nombre d’éléments de la nébuleuse islamiste au début de l’année dont «Abou Mohamed Al Mouritani» lequel laissé derrière lui un enregistrement vidéo de ses dernières volontés.

16- Sid’Ahmed Ould El Weli, alias «Abu Oubeid le PK (allusion faite à son inséparable arme PK, selon les déclarations de ses compagnons): Il a été tué en 2010 dans une embuscade tendue par des éléments de l’organisation, à une patrouille de la gendarmerie algérienne près de Tenzaouten dans le Sud de l’Algérie. Un Touareg parmi les combattants de l’AQMI et11 éléments de la gendarmerie algérienne, trouveront la mort dans ces affrontements.

17- Aboubakr Sediq Ould yahya Ould Abdi alias «Abou Al Khattar»: Né en 1976, marié, père d’une enfant, cet originaire d’Aleg (Brakna), il a rejoint les camps de l’AQMI en Janvier 2010 avant d’être tué dans le raid mauritanien contre un camp de l’AQMI, le 22 juillet 2010 dans le nord du Mali.

18- Abdelkader Ould Ahmednah, alias «Ibrahim Abou Merdass»: Originaire de la ville d’Atar (Adrar), âgé de 24 ans seulement, il a rejoint Al Qaida à la mi-2006, et a été tué dans le raid franco-mauritanien contre un camp de l’AQMI, le 22 juillet 2010 dans le nord du Mali. Il a un frère détenu actuellement à la prison centrale de Nouakchott, répondant au nom de Taleb Ould Ahmednah qui a été arrêté par les autorités sénégalaises, et remis aux autorités mauritaniennes en Novembre 2009.

19- Ahmed Vall (Baba), alias «Abdel Razagh Abou Damam» : C’est un ressortissant de la ville de Tembédra qui a vécu à Nouadhibou avant d’être tué dans le centre Algérien en Janvier 2010, lors de sa participation dans le transport d’une cargaison d’armes en provenance du Grand Sahara à destination des camps d’AQMI du centre de l’Algérie, selon des sources de l’armée algérienne.

20- Idriss Ould Mohamed Lemine, alias «Ishaq Al Afghani» : Il est originaire de la ville de Kiffa et a rejoint l’AQMI en 2005, avant d’être été arrêté par les autorités maliennes le 30 Février 2009. Il a été libéré quelques mois plus tard dans une opération d’échange de prisonniers. Il est l’auteur de l’attentat-suicide à la voiture piégée contre la garnison militaire de Néma (Est de la Mauritanie), à l’aube du 25 août 2010.

21- «Osama» : C’est l’un des premiers jeunes mauritaniens qui ont rejoint l’organisation islamiste, avant d’être blessés au niveau de la tête dans les montagnes du sud-est du Tassili Algérien. Il sera tué dans l’explosion d’une mine en Algérie en 2009.

 

Par Mohamed Mahmoud Aboul Maaly

Traduit de l’Arabe par Mohamed Ould Khattatt

(source : ANI)

 

Encadré 3 :

La «petite» muette parle

Dans un communiqué qu’elle a rendu public cette semaine, la Haute Autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA), a critiqué ce qu’elle appelle «la diffusion par certains médias d’informations inexactes basées sur des rumeurs lors de leur traitement des affrontements d’il y a quelques jours entre l’armée mauritanienne et AQMI.»

La HAPA a souligné la nécessité pour tous les médias en Mauritanie d’être guidés par un souci de responsabilité et de professionnalisme, particulièrement lorsque le sujet en question est «lié à des questions nationales où l’armée défend la souveraineté du pays».

La Haute Autorité de la presse et de l’audiovisuel a toutefois noté sa compréhension des conditions de recherche et de collecte de l’information, appelant à l’ouverture des sources d’informations afin que les médias soient correctement informés et en temps opportun. La HAPA a renouvelé sa détermination à soutenir la presse nationale pour qu’elle joue pleinement son rôle.

Le communiqué a été superbement ignoré par les médias publics. Il ne figure pas non plus sur le site www.hapa.mr. Du moins au 26 septembre à 13h13.

 La Libye met en garde contre toute collision avec AQMI

Le guide libyen Mouammar Kadhafi a mis en garde les chefs des tribus du nord Mali contre les dangers que constituent pour elle l’asile offert à Al Qaeda et aux groupes de trafiquants de drogue et autres hors-la-loi. Le guide libyen qui s’exprimait au moment où il recevait des délégations de tribus du Nord Mali a déclaré que « si la rébellion et les opérations non acceptables, comme celles qui ont court actuellement, continuent, les USA peuvent bien envisager de venir dans la zone, tout comme la France et même Israël peuvent envisager une telle possibilité, au nom de la protection de la paix et de la vie des ressortissants étrangers », ajoutant qu’ils « ont des sociétés, des ambassades et des intérêts à protéger. Et le Kadhafi de s’interroger : « pourquoi leur donner un prétexte pour venir occuper nos territoires et je pense que cela est clair pour vous ? »

Le guide libyen a poursuivi son propos en disant que, « en ce qui concerne le commerce des humains, le trafic d’armes et la contrebande, n’ont que le choix du crime qui les pousse à sillonner le Sahara et à s’adonner au grand banditisme ».

Kadhafi à par la suite assurer les chefs de tribus que le travail qu’ils mènent pour aider à l’instauration de la paix et de la sécurité dans la zone recevra l’appui du pouvoir libyen à travers l’appui à des programmes de développement dans le nord Mali, de nature à assurer la stabilité même à Bamako et partout ailleurs.

Il leur a lancé : « vous ne regrettez point ce que vous avez fait, quand vous avez accepté de jeter les armes et d’entrer dans le processus de paix ».

Kadhafi continue son discours en disant aux chefs de tribus : « vous savez que Moussa (un responsable libyen) a été nommé par nous comme consul à Kidal mais que nos frères algériens s’en sont sentis vexés. A notre étonnement, ils répondent que la présence que ma présence près de leur frontière constitue un étouffement pour l’Algérie ».

Pourquoi faire, s’interroge-t-il ? Et il répond : « j’ai dit aux Algériens de venir eux-mêmes faire le travail que la Libye accompli dans le nord Mali ».

J’ai été contraint d’évoquer le problème avec le président algérien Abdel Aziz Boutefligha qui m’a dit : tes frères algériens t’aiment bien et te respectent, mais ils te craignent aussi ». A la question pourquoi ?, il répondit : parce que tu as une influence sur les Touaregs, les « Barabiches » et les Songay. » Kaddafi dit avoir assuré le président algérien qu’il ne quand même pas armer ces tribus contre lui et qu’il veut tout simplement les aider à vivre en paix en leur construisant des écoles et des dispensaires et en leur creusant des puits. « Viens et fais-le toi-même, si tu le peux », dit Kadhafi avoir lancé à Boutefligha.

Et le guide libyen de poursuivre : « juste après l’installation de Moussa à Kidal comme consul, et après la prière que j’ai dirigé à Tombouctou, notre frère « Hassan Vaghaga » a attaqué Kidal. Nous avons pensé alors que quelqu’un l’a poussé à agir contre la paix. J’ai alors dit à Moussa de rentrer en Libye parce que nos frères algériens sont exacerbés par la présence d’un consulat libyen à Kidal. En attaquant l’armée malienne, notre frère Faghaga qui est de la même région, cherche sans doute à signifier qu’il ne veut pas de cette présence. »  Pour Kadhafi, si « Moussa doit revenir, il faut bien que les populations du nord Mali convainquent Algériens que la Libye de joue pas de rivalité contre eux.

Et Kadhafi de rappeler l’aide qu’ils ont apporté à l’Algérie dans sa lutte pour la libération. Il dira que le président Boutefligha est un homme bien mais qu’il est « victime des informations que lui livrent ses services de renseignements »

C’est la première fois que le guide libyen livre, de manière si directe, les divergences qui opposent Libyens et Algériens dans ce nord Mali devenu un nid pour Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et les trafiquants de tout acabit

Saharamedia

 

Commentaires via Facebook :